Lors de mes recherches chez les bouquinistes, j’ai trouvé un petit livret d’un auteur inconnu qui signe “un Français” et qui explique aux écoliers de 1919 l’histoire de cette “Grande Guerre” qui venait d’être gagnée. Comme il convient pour un livre destiné aux très jeunes, cette  histoire était présentée avec beaucoup de simplicité. Le livret commence par le poème de Roger Gabaud: “Debout les Morts”:

Les “Poilus” faiblissaient; la tranchée était prise !

Hurlant des chants vainqueurs et des clameurs d’espoir,

Déjà les ennemis fonçaient dans le couloir,

Profitant de leur nombre et de notre surprise

 

Un blessé se levait devant la meute grise,

Son front ensanglanté ruisselait d’un sang noir;

Mais comme à l’exercice, et sans plus s’émouvoir,

Il commençait le feu, puis lançait dans la brise

 

Cet appel formidable: “A moi ! Debout, les morts !”

Les mourants, unissant leurs suprêmes efforts,

Epiques, répondaient à sa voix frémissante.

 

Et le cri surhumain, par un héros jeté,

Avait galvanisé la troupe agonisante.
Pour vaincre encore, les morts avaient ressuscité.

 

La guerre s’est faite dans l’air, sur mer et sous l’eau, mais aussi sous terre… Pendant quatre ans, l’armée franco-anglaise et l’armée allemande sont restées face à face, à quelques mètres l’une de l’autre, sur une ligne continue qui va de la mer du Nord jusqu’à Belfort. Elles étaient enfouies dans la terre; et si elles en sortaient pour une attaque, elles se hâtaient de rentrer dans les trous de départ ou dans d’autres, qu’elles trouvaient tout prêts ou qu’elles creusaient promptement.

Tous les soldats étaient devenus terrassiers et, pour beaucoup, la guerre a consisté à remuer de la terre… Les tranchées étaient d’abord très inconfortables, peu profondes, envahies par l’eau et par la boue. Par la suite, comme la nécessité rend ingénieux, les soldats creusèrent des tranchées plus profondes, les abritèrent parfois contre la pluie, y établirent des canaux pour l’écoulement des eaux, les relièrent par des boyaux de communication. Ils creusèrent des abris et des chambres souterraines. Peu à peu, ils firent effort pour s’habituer à cette vie nouvelle qui menaçait de durer.

La vie dans la tranchée avait de nombreux ennemis: le froid qui gelait les pieds, la pluie qui transforme le sol en une boue gluante, les rats qui pillaient les provisions et empestaient les abris, les poux qui résistaient avec ténacité à tous les efforts faits pour les détruire, les obus de 420 et les torpilles qui nivelaient les tranchées et bouleversaient les abris les plus sûrs et par-dessus tout, le “cafard”, une sorte de maladie morale bien connue à la Légion et qui attaquait l’âme du soldat, la vidait de tout courage et de toute volonté.

Malgré tout, les poilus finissaient par s’attacher à leurs tranchées parce qu’elles étaient une sécurité. Mais, quand il fallait sortir pour attaquer, les plus braves avaient une minute d’hésitation avant de franchir le parapet et de s’avancer dans le terrain découvert balayé par les obus et par les balles. Ils savaient, d’ailleurs, qu’ils allaient trouver devant eux un lacis inextricable de fils de fer barbelés où ils s’empêtraient et où ils tombaient.

“Les tranchées ne sont qu’un épisode de cette Grande Guerre. La France a été piétinée et ensanglantée, elle a sacrifié 1 500 000 des siens. Ses villes ont été détruites, ses arbres arrachés, ses richesses gaspillées.

Jamais la France n’a été aussi belle que pendant cette guerre. C’est elle qui a soutenu le premier choc de la barbarie et a sauvé la civilisation sur la Marne et à Verdun. C’est elle qui a fait le plus grand effort militaire contre l’ennemi commun. C’est elle qui a sacrifié le plus grand nombre d’hommes. Elle a été, comme on l’a dit justement, la Jeanne d’Arc des nations, c’est-à-dire qu’à une heure trouble, elle a versé son sang pour défendre et pour sauver cette patrie commune qui est la civilisation.” Auteur inconnu…

En conclusion, la guerre finie, il a fallu réunir un congrès chargé de refaire la carte du monde et la charte de l’humanité civilisée. C’est à Paris que les délégués du monde entier se sont réunis. Pour présider ce congrès solennel, les délégués - à l’unanimité - ont choisi un Français: Georges Clemenceau. Pied de nez à l’Allemagne qui nous a humiliés en 1870, c’est à Versailles dans la galerie des Glaces que la grande paix a été signée. Le temps d’une génération d’hommes et tout recommençait. Comment pouvait-il être possible que l’Allemagne vaincue renaisse aussi vite de ses cendres et recommence, sans réels obstacles, son hégémonie, avec encore plus de barbarie, plus de haine, sans que les héritiers des délégués du monde entier ne s’en inquiètent outre mesure et laissent faire… Pourtant, ils s’animaient tous d’une volonté pareille: celle de clôturer la période historique des sacrifices humains et souhaitaient “faire la guerre à la guerre!”.

 

 

En fait, les vraies causes des deux guerres mondiales sont d’ordre économique. La guerre alors est une question de traités de commerce et de protection, de lois de protection, de débouchés, de grandes concurrences et d’enrichissements personnels. Bref, la guerre était une question d’argent.

 

 

Aujourd’hui s’y est incrustée la religion, une toute autre cause  et une toute autre guerre, beaucoup plus inquiétante, que nous aurons à subir, que nous subissons déjà avec l’angélisme qui nous caractérise. Jusqu’où et jusqu’à quand, seront nous assez naïfs pour ne pas réagir ? Savons-nous bien choisir ceux qui nous représenterons dans un futur immédiat, chefs de guerre malgré eux, « veilleurs de liberté » qui devront, en notre nom et j’espère avec nous, faire face à un conflit qui s’annonce long et sans concession puisqu’il s’agit tout simplement d’une élimination et d’un remplacement de société annoncés ? Aujourd’hui, l’article 7 du code d’honneur du légionnaire n’est plus acceptable à mon entendement puisque je ne sais « agir sans passion et sans haine » et que, de plus, je ne peux accepter « de respecter les ennemis » qui se présentent aujourd’hui enlaidis et engraissés par leur croyance envahissante et incorruptible au mauvais sens du mot.

Précision oblige: Il est entendu que cet article n'engage que la responsabilité de son auteur.

CM

 

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