PREAMBULE :

BEHANZIN est le Fils de DA-DA-GRELE-KINI-KINI, 11ème roi du Dahomey, né en 1845, mort le 30-12-1889.. Roi du Dahomey en 1890, BEHANZIN se battit contre l’invasion des troupes françaises, paradoxalement commandées par le général DODDS, franco- africain, auquel il dut se rendre en 1894. Auparavant, les troupes françaises durent affronter les Mino, régiment féminin traditionnel des amazones du Dahomey, qui défendirent leur territoire à la baïonnette.

                                                     Déporté au fort Tartenson, en Martinique, puis en résidence surveillée à Fort de France, en exil avec sa famille, dont un fils OUALINO, il fut enfin libéré en 1906, et assigné à résidence en Algérie, où il meurt le 10 décembre 1906 à Blida.

ENFANT CONNU :

OUALINO : né en 1886 à Abomey.

Il va effectuer des études brillantes à Fort de –France. De retour d’exil avec son père, il reste en Algérie un an, puis part pour la France. En 1907, li fait acte de candidature pour Saint-Cyr, mais elle est refusée. Poursuivant ses études, il obtient un brevet d’ingénieur agronome, puis se tourne vers le droit. Il s’engage ensuite dans l’Armée française en 1914, où il devint officier d’artillerie. Naturalisé français, il s’installe à Bordeaux. Puis il part à Paris, où il est nommé avocat à la cour de Paris. Devant les difficultés rencontrées, premier avocat noir, il démissionne et revient à Bordeaux. En mars 1928, il obtint l’autorisation du rapatriement des cendres de son père au Dahomey. Pendant le chemin de retour en France, il meurt au cours d’une escale à Dakar en mai 1928, à 43 ans. Il sera rapatrié et inhumé au cimetière nord de Bordeaux le 3-10-1928. Il sera exhumé le 25-02-2006 et rapatrié au Bénin.

 

Extrait du registre de l’hôpital 202 de Neufchâteau, et fiche « SGA mémoire des hommes ».

Son frère KOULERY OUIBERO, prince de Klémé :

Frère du roi BEHANZIN, il est né en 1875 à Abomey. Il s’engage en juillet 1892 dans l’Armée française, avec laquelle il se battit contre les troupes de son frère. Caporal, sergent, il sera licencié avec le grade d’adjudant pour ivresse répétée. Il s’engage ensuite en 1901 dans la Légion étrangère au 2ème Régiment Etranger. Il a participé au combat d’El Moungar le 02-09-1903 (22ème compagnie). Une photo le montre en uniforme du 2 RE. Caporal, 3 blessures, authentifiées par un médecin à Taghit le 04-09-1903, 16 campagnes et a pris part à 46 combats.

En 1910, âgé de 35 ans, il demande la liquidation de sa retraite après 17 ans de service. Après des années difficiles à Paris, obligé de vivre de petits boulots, on le retrouve sous-lieutenant au 351ème RI. Il décèdera le 13-11-1915, à l’hôpital 202 de Neufchâteau (88). Il est inhumé à la Nécropole Nationales de Neufchâteau, tombe 447.

A été décoré de la Médaille Militaire par décret du 30-12-1909.

 

4) COUPURES DE PRESSE:

De l’Illustration algérienne du 29-12-1906:

Le mercredi 19 décembre dernier, un nègre magnifique, caporal au 2RE, se présentait à la grille de la villa habitée par la famille de l’ancien roi du Dahomey .Il dit au serviteur qui le reçut : de Saïda où je suis en garnison, j’ai appris la mort de mon frère Behanzin. Je suis venu assister à ses obsèques. Il fut introduit, et quelques instants plus tard, la porte se rouvrit : Oualino, fils du défunt déclara : « cet individu se dit le frère du roi, il ment ; chassez-le de ma personne. »

Du progrès de Mascara le 22-12-1906:

L’Echo, du 18 courant, publiait la correspondance suivante, datée de Saïda :

Un frère de Behanzin, Koulery OuIbero, est actuellement caporal à la 6éme compagnie du2RE à Saïda. Il a demandé et obtenu une permission de 4 jours pour aller à Blida voir sa famille. Les pièces officielles qu’il possède ne laissent aucun doute sur sa parenté avec l’ancien roi du Dahomey, qu’il combattit, d’ailleurs, sous notre drapeau. Né en 1875, à Abomey, engagé volontaire dans les tirailleurs Haoussas à Porto-Novo, en 1892, il servait dans la milice du protectorat de la Côte française des Somalis, jusqu’au 14-02-1901, date à laquelle il était licencié avec le grade d’adjudant.

Il venait ensuite s’engager dans les rangs de la Légion étrangère, où il a regagné les galons de caporal. Koudery Ouibero a pris part aux expéditions du Dahomey, 1892/1896. A Madagascar de 1896 à 1899 et de la région saharienne en 1901. Il faisait partie de la colonne « Béchar » et il prit part au sanglant combat d’El Moungar où il reçut trois blessures.

 

Du Stéphanois, quotidien républicain indépendant  le jeudi 20-12-1906:

« …Il n’a d’autres ambitions que d’obtenir la Médaille Militaire, qu’en dépit de superbes états de service, il n’a pas encore. Une fois fixée sur le sort de sa famille, à l’expiration de sa permission, il compte rejoindre Saïda et continuer à servir noblement la France, qu’il déclarait aimer par-dessus tout. »

 

De la France illustrée, N° 1861,du 30-07-1910:

L’autre semaine, un nègre superbe, revêtu du costume de caporal de la Légion, et la poitrine constellée de décorations militaires et coloniales, se promenait paisiblement sur le boulevard d’Italie. Survient un apache qui rendu furieux à la vue de ces « oripeaux militaires » sur une peau noire, se met à injurier copieusement le nègre et le soldat :

« A bas l’Armée, vas donc te faire blanchir », lui cria un individu à la mine suspecte, et il tenta de l’agresser. Le caporal saisit l’individu, et l’a maintenu jusqu’à l’arrivée des gardiens de la paix. Le commissaire, Mr.LAMPUE, demande au caporal de bien vouloir décliner ses titres et qualités. Et le caporal de répondre fièrement : « Prince Koulery Ouibero, fils de Glélé Behanzin, roi du Dahomey. » Ce caporal était en effet le fils du roi Behanzin, renié par son père, car il avait porté l’uniforme français.

La scène s’est passée sur la place d’Italie. Ce caporal du 2éme régiment de la Légion étrangère était en subsistance au bastion 84, boulevard Kellermann, en attente de la liquidation de sa retraite.

 

Du journal du dimanche, N° 1902:

La France a une singulière façon de récompenser ceux qui l’ont bien servie. Tel est le cas navrant de Koulery Ouibero, ce nègre qu’on peut voir le soir, devant un établissement de Montmartre, où il exerce la très modeste profession d’ouvreur de voiture. Koulery mérite mieux que cela, assurément, il est le fils d’un roi authentique Behanzin.                    

En quittant l’armée, ce brave a demandé au Gouvernement, en même temps que sa naturalisation, un emploi qui lui permit de vivre. Il attend toujours.

 

De l’Aurore, du 26 juillet 1910:

L’ex-caporal, prince Koulery Ouibero, du 2éme Régiment étranger, fils de Behanzin, ex-roi du Dahomey, vient d’adresser au président de la République une pétition où il déclare que malgré le mauvais vouloir de sa famille qui le repousse pour avoir servi la France, qu’il est prêt à prouver qu’il est bien le fils héritier du roi Behanzin. Il est actuellement manœuvre dans une raffinerie du boulevard de la gare et il désire être naturalisé français.

 

RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES :

Madame veuve BEHANZIN KOULERY demeurait 59, rue des épinettes à Paris. Son beau-frère, JOAZIL Joachim, né le 9 février 1883 à Haïti, légionnaire de 1ère classe au RMLE, est mort au combat le 2 septembre 1918 à Juvigny (02).Il est inhumé à la Nécropole Nationale d’Ambleny ( le bois Roger)             

 

SOURCES :

                  -Journaux d’époque consultés à la Bibliothèque Nationale de France.

                  -Site « SGA mémoire des hommes » et archives du BAVCC de Caen.

                  -Site Wikipédia et Gallica.

            

major (er) Hubert Midy, chargé de la mémoire/FSALE