VIGOUREUX PLAIDOYE POUR LA LEGION

 

PREAMBULE :

            Voilà 2 jours que la France vit à l’heure Russe. Le Tsar NICOLAS II et sa jeune épouse Alexandra FEDOROVNA ont accosté le 5 octobre à Cherbourg, accueilli par une revue navale. Le lendemain, Paris a pavoisé à son tour. Arrivé gare de Ranelagh (Passy aujourd’hui), il a descendu les Champs-Elysées. Un diner de gala dans la plus grande tradition l’attendait à l’Elysée avant une soirée à l’Opéra.

            La pose de la première pierre du pont Alexandre III, qui relie les Champs-Elysées aux Invalides, constitue le clou de la visite. Le Tsar est équipé d’un outillage d’or, et les Armes de la France et de la Russie impériale figureront, et figurent encore, sur les lampadaires du pont, de style Saint-Pétersbourgeois.

             

            Le 9 octobre, le Tsar, entouré de chefs arabes, assiste au camp de Chalons, à un défilé de l’Armée d’Afrique de Zouaves, de Tirailleurs et de Spahis. ET LA LEGION ?

 

   EXTRAITS DU QUOTIDIEN :

« L’ECHO DU SUD »

-JOURNAL DE SAÏDA ET DES HAUTS-PLATEAUX-

     -N° 10, le vendredi 9 octobre 1896-

« …Est-il bien sûr que nos hôtes étrangers aient ressenti, au passage des bataillons venus d’Afrique, l’impression profonde que donne un Corps d’élite, dont sous la fière et calme tenue de parade, on devine le formidable élan le jour du combat ?

Eh bien, cette impression, cette évocation du passé, deux compagnies de la Légion les auraient surement données ! Le « père » des Russes eut alors compris ce qu’est le soldat français, formé non pour la caserne, mais pour la guerre. Il eut eu la vision nette de ce qu’était l’Armée d’Afrique de BUGEAUD, dont l’esprit s’est retiré des Zouaves, recrutés maintenant au hasard de la conscription, mais qui est resté intact aux Légionnaires, aujourd’hui comme autrefois les vétérans, véritables soldats de carrière.

Ces Légionnaires ont les eut vu à Chalons tels qu’ils étaient à Constantine et à Zaatcha, à Saint-Martin et Barbastro, à l’Alma et Sébastopol, à Icheriden, à Magenta, à Solférino et à Camerone, au Tonkin, au Siam, en Chine , au Soudan, au Dahomey et Madagascar. Ont eu présenté au Tsar les combattants mêmes de Tuyen-Quan, d’Abomey et de Tananarive. On lui eut montré les drapeaux, les officiers et les soldats de deux régiments, qui se sont trouvés depuis 1871, à plus de cinquante combats, et ont été victorieux toujours et partout.

Sait-on en Russie, et même en France, que le 2éme Régiment de la Légion étrangère compte dans ses rangs :

  • 5 officiers de la Légion d’Honneur-
  • 52 chevaliers de la Légion d’Honneur-
  • 320 Médaillés militaires-
  • 4060 médailles commémoratives-
  • 1120 décorations étrangères-

Quel régiment russe ou français, excepté le 1er régiment étranger, peut présenter d’aussi brillantes poitrines ?

Qu’on n’objecte pas que la Légion est en principe composée d’étrangers, et que sa participation à une revue en présence d’un souverain étranger, aurait pu éveiller des susceptibilités.

D’abord, tant que notre drapeau les abrite, tous les légionnaires sont français.

Contre cet oubli, nous protestons de toutes nos forces !

S’agit-il d’une revue d’honneur, d’une grande cérémonie militaire, on laisse les légionnaires dans les casernes. Faut-il se battre pour la France dans tous les pays du monde, alors on pense à eux, et ils en sont fiers. Et puisqu’ils sont toujours à la peine, qu’ils soient quelquefois à l’honneur ! » 

       

 

                                                          -Major (er) Hubert MIDY-FSALE - En charge de la mémoire-