J’ai toujours souhaité m’entourer d’une belle bibliothèque de livres “Légion” à l’identique de l’adjudant-chef en retraite Clément Ragot qui est parvenu à rassembler une collection de livre traitant de tout ce qui est légionnaire parmi les plus importantes à ce jour.

 La lecture est un moyen de s’enrichir, de se cultiver. Elle permet de s’offrir un espace de liberté en imaginant des personnages, des situations, des lieux... La lecture nous relaxe et nous fait entrer dans un monde imaginaire, fantastique au besoin, merveilleux, avec la découverte de choses qu’on ignorait.

Actuellement internet change nos loisirs, les jeunes gens sont absorbés par leurs portables, ils n’ont plus de place à accorder à un moment pour lire.

Stendhal disait dans une lettre adressée à sa soeur Pauline: “je me félicite toujours du hasard qui nous a porté à aimer la lecture. C’est un magasin de bonheur toujours sûr que les hommes ne peuvent nous ravir”. Victor Hugo lui, affirme: “la lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand, laissez-le rayonner, laissez-le faire. Qui que vous soyez qui voulez vous cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout”.

Il m’est souvent arrivé quand, j’étais encore parisien d’adoption après mon service légionnaire, d’abandonner un livre sur un banc quelque part, n’importe où, guidé par le hasard.  Le livre disparaissait. Toujours. J’ai continué cette “générosité active” dans la petite ville de Haute Loire qui abrite mon existence de retraité. Une semaine ou plus, il est resté sur le banc… Dépité, j’ai récupéré mon livre sans en tirer une quelconque conclusion qui semblait, pourtant évidente. Cependant, pas de conclusion rapide, j’étais persuadé que  les parisiens ne lisent pas plus que les gens de la campagne, ici, un vélo abandonné n’est pas obligatoirement laissé contre un mur avec une multitude d’anti-vol.

Daech (Etat islamique) a détruit, au sein de la bibliothèque de la ville irakienne de Moussoul, plus de 2 000 livres par le feu. Cet autodafé n’est malheureusement pas le premier. L’histoire de l’humanité est jalonnée par la destruction de livres. “Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes” disait l’écrivain et poète Heinrich Heine. Car, les livres, comme d’autres biens culturels, sont  plus que  des symboles, ils représentent l’ouverture au monde, la diversité des cultures et des civilisations, des savoirs, les connaissances et les doutes. Tout le contraire d’une idéologie bornée qui veut imposer son point de vue unique.

Aujourd’hui, ces autodafés sont passé de mode. Il est des moyens beaucoup plus subtils de nier l’existence des livres. Au moment de la sortie d’une multitude de prix littéraires et centaines de livres, seuls quelques “best-sellers” trouvent voix au chapitre, l’âge d’or de la lecture est-il révolu ? L’amateur de littérature serait devenu une espèce menacée, tous les signes sont au rouge vif, à Paris, en 3 ans, 83 librairies ont disparu !

Peut-être que nous assistons en direct à un changement de civilisation, notre rapport au livre change, la littérature se déradicalise, une histoire s’achève devant nous…

La multiplication des écrivains est un autre effet mécanique de la surproduction jetée dans l’arène de chaque rentrée littéraire. Cette année, 589 romans sont confrontés à l’indifférence quasi-générale, les écrivains font grise mine. Auteur d’une bande dessinée, autre forme de littérature, je me souviens des scéances de dédicaces où le jeu consistait à attendre des heures, derrière une pile d’albums, d’improbables lecteurs fantômes. Désarroi, humiliation, découragement, mais aussi, selon les endroits, enthousiasme, encouragement. En fait, le problème est moins l’information que le support. Sans l’action des chaînes de distributions et de diffusions, l’enterrement de votre livre est incontournable…

Il est à craindre que dans un monde où le livre disparait en même temps que la belle écriture manuscrite, la documentation, les pubs dites “poubelle” augmentent de manière vertigineuse l’industrie du papier. Le temps est peut-être venu où le public aura la même aversion pour le papier qu’il  en a pour l’arsenic, les OGM, le gaz carbonique, le tabac, l’alcool, les drogues, quoique…

Autre combat, alors qu’elle était considérée comme l’un des genres artistiques les plus appréciés et les plus pratiqués par le passé, la calligraphie  a perdu sa notoriété. Ainsi l’écriture manuscrite n’est plus obligatoire aux Etats Unis ni en Finlande, la majorité des jeunes dans ces pays n’apprennent plus à écrire à la main. Et, comme tout ce qui se fait aux USA, arrive peu de temps après chez-nous… Il est à craindre le pire quant à recevoir encore de nos jours une lettre soigneusement calligraphiée…

Vous avez dit: “Réchauffement climatique et changement de société ?”    

CM