Histoire: 1939 à 1954: La Légion étrangère à Sidi Bel Abbès

 

 1939 : une photo montre une scène typique de quartier libre dans le berceau historique des légionnaires où deux d’entre-eux profitent d’un moment de libre pour ‘’goûter à l’anisette’’. Lieu de passage obligé dans la carrière de l’engagé, le quartier Viénot regroupe les dépôts communs et le 1er Régiment Etranger. Dans l’inconscient légionnaire, une affectation ou une visite sur place est un moment important de la carrière.

Au sud-est de la ville, un vaste bâtiment resté inachevé depuis 1939 est repris par la Légion.

14 juillet 1939 : à Paris, le défilé du bataillon d’honneur du 1er Etranger est à la fois une démonstration et une apothéose. Jamais la Légion ne fut accueillie dans la capitale avec des acclamations aussi grandes. Ce défilé marque aussi l’adoption officielle du Képi blanc. C’est la première fois que les légionnaires arborent, de manière réglementaire, leur coiffure immaculée.

 ·      Cinq bataillons sont implantés à Sidi-Bel-Abbès, à Tlemcen, dans le Territoire des Oasis et en Tunisie. Ces bataillons se préparent à défendre l’Afrique du Nord

 

Deuxième guerre mondiale

1er septembre 1939 : la Légion Etrangère compte cinq régiments d’infanterie et deux régiments de cavalerie. A Sidi-Bel-Abbès, le 1er Etranger d’infanterie (avec trois bataillons en Syrie) est devenu le Dépôt Commun des Régiments Etrangers inépuisable dans lequel les régiments de Légion puisent leurs effectifs. Les 2e (à Meknès et un bataillon à Homs en Syrie), 3e (à Fez) et 4e R.E.I. (réparti sur tout le territoire marocain) sont implantés au Maroc. Le 5e représente la Légion au Tonkin (à Vietri, Tong et d’autres postes de moindre importance sur l’ensemble du territoire). Les deux régiments étrangers de cavalerie, le 1er R.E.C. à Sousse en Tunisie, et le 2e R.E.C. à Midelt en Tunisie, sont partagés en fait entre le Maroc et la Tunisie.

Comme leurs pères en 1914, les étrangers habitant en France, rejoignent les rangs de ‘armée française dès le début des hostilités. Ils constituent trois régiments : le 21e, 22e et 23e Régiments de Marche de Volontaires Etrangers, R.M.V.E. Le camp de Barcarès est utilisé pour former ces trois régiments ainsi qu’un bataillon destiné à la Syrie, mais il n’aura qu’une existence éphémère devant la gravité de la situation en mai 1940.

Rappelant ses réservistes, encadrés par des officiers et sous-officiers d’active, la Légion met sur pied deux régiments étrangers, les 11e et 12e Etrangers, ainsi que le Groupe de Reconnaissance divisionnaire 97, à base de cavaliers. Les camps de la région lyonnaise, la Valbonne près Sathonay, le fort de Vancia, Dagneux, Montluel, Miribel, tous ces villages qui bordent le Rhône, accueillent les réservistes et les renforts d’Afrique du Nord.

Les 3e et 4e R.E.I. fournissent la plus grande partie de l’ossature des 11e et 12e Régiments Etrangers qui sont engagés en France puis de la 13e D.B.M.L.E.

Un détachement de la valeur d’une compagnie est envoyé en Syrie au 6e R.E.I.

Les relèves au 5e R.E.I. au Tonkin sont assurées comme par le passé.

Comme leurs pères en 1914, les étrangers habitant en France, rejoignent les rangs de ‘armée française dès le début des hostilités. Ils constituent trois régiments : les 21e, 22e et 23e Régiments de Marche de Volontaires Etrangers, R.M.V.E. Les camps de la région lyonnaise, la Valbonne près Sathonay, le fort de Vancia, Dagneux, Montluel, Miribel, tous ces villages qui bordent le Rhône, accueillent les réservistes et les renforts d’Afrique du Nord.

Rappelant ses réservistes, encadrés par des officiers et sous-officiers d’active, la Légion met sur pied deux régiments étrangers, les 11e et 12e Etrangers, ainsi que le Groupe de Reconnaissance divisionnaire 97, à base de cavaliers.

 

1er novembre 1939 : le 11e R.E.I. est créé à La Valbonne sous le commandement du colonel Maire, figure légendaire de la Légion Etrangère, rappelé au service par la guerre, avec des légionnaires venus d’Afrique, des réservistes et des volontaires étrangers.

Le colonel mène tambour battant ses 79 officiers, 184 sous-officiers, 2 390 caporaux et légionnaires, imposant une discipline dans le droit fil de Sidi-Bel-Abbès

15 janvier 1940 : le Groupement prend le numéro 80 puis 180 ; il est envoyé au Pont-du-Fahs avant d’être stationné pour une courte période à Bizerte.

Formé des personnels des deux R.E.C. et du dépôt commun de Sidi-Bel-Abbès, le G.R.D. Légion comprend fort peu de réservistes dans ses cadres et aucun E.V.D.G.

 1er juillet 1941 : le sous-lieutenant Chenel de la Légion Etrangère, quitte Sidi-Bel-Abbès avec un détachement de légionnaires menacés vers le Tonkin ; il s’engage dans une aventure de six ans. C’est le dernier détachement à atteindre le Tonkin.

 1er avril 1942 : la Légion Etrangère vit à l’heure des restructurations. Les 4e et 6e R.E.I. ont été dissous. Le 5e R.E.I. et la 13e D.B.L.E. sont coupés de Sidi-Bel-Abbès. Une 4e D.B.L.E. a recueilli des légionnaires de ces unités. La maison-mère est réorganisée. Désormais, le dépôt commun des régiments étrangers est placé sous les ordres du colonel Barré, le plus ancien des chefs de corps de la Légion. Il forme une entité distincte du 1er R.E.I. commandé par le colonel Vias. Le D.C.R.E. regroupe tous les organes administratifs et d’instruction de la Légion.

 Le 1er R.E.I. constitue une formation combattante répartie entre Sidi-Bel-Abbès, le Kreider et Aïn-Sefra.

 Fin mai 1943 : épuisées après une campagne courte mais meurtrière, les unités de la Légion Etrangère engagées en Tunisie regagnent leurs garnisons respectives. Les bataillons du 1er R.E.I.M. et les éléments du 3e R.E.I.M. sont rassemblés à Sidi-Bel-Abbès. Les pertes subies en Tunisie par les deux régiments vont rendre leur dissolution inévitable. Leurs éléments, renforcés par ceux du 1er R.E.I. dissous lui aussi, vont former le prestigieux régiment du R.M.L.E.

Mêlés à leurs frères d’armes, les anciens du 4e R.E.I., de la 4e D.B.L.E. et du 1er R.E.I.M. vont se forcer un passage à travers la France et l’Allemagne.

1er juillet 1943 : le R.M.L.E. est créé à Sidi-Bel-Abbès avec les éléments du 1er et 3e R.E.I.M. qui fusionnent. Le Dépôt Commun lui envoie des officiers, des sous-officiers et légionnaires des régiments dissous : les 1er, 2e, 4e et 6e R.E.I. Il y a parmi eux des rescapés des 11e et 12e R.E.I. qui se sont désespérément battus aux heures tragiques de 1940 sur l’Aisne, la Marne et la Loire. Le 3e R.E.I transmet au nouveau régiment son glorieux drapeau, hérité de sin aîné de 1914-1918, enrichi d’une nouvelle palme gagnée en Tunisie.

 18 décembre 1943 : à Sidi-Bel-Abbès, une unité de dépôt et d’instruction est créée sous les ordres du capitaine Wagner ; cette unité prend le nom de 3e bataillon de la 13e D.B.L.E., connue aussi sous la dénomination de bataillon de tradition. Ce bataillon renforce les liens de la 13e D.B.L.E. avec la Légion traditionnelle.

 30 avril 1944 : à Sidi-Bel-Abbès, la fête de Camerone est marquée par une somptueuse prise d’armes. Entièrement restructurés, le 1er R.E.C. et le R.M.L.E. défilent devant monsieur Diethelm, ministre de la Guerre, et le général de Lattre de Tassigny. L’armée de la revanche est en marche.

 1946. La Maison-Mère de Sidi-Bel-Abbès est submergée par l’afflux des engagés. Ces derniers, fort nombreux, sont affectés au 4e R.E.I. et à la 13e D.B.L.E. puis au 1er R.E.I.

 

 

La Guerre d’Indochine.

La Légion Etrangère recrute.

 

1946-1956 : pendant dix ans, le 1er R.E. est un gigantesque camp d’instruction d’où sortent les renforts destinés à l’Indochine.

Les pertes des unités de la Légion en Indochine vont être comblées à mesure. Sidi-Bel-Abbès va reprendre une intense activité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sources de recrutement se sont taries ; mais, ensuite, comme après chaque grande guerre ou convulsion politique, les volontaires affluent.

La Légion recrute ouvertement en Allemagne dans la zone française d’occupation, parmi les prisonniers allemands. Malgré les protestations des Britanniques et des Américains, qui protestaient parce que, selon eux, la Légion enrôlait des Nazis et même des S.S., grâce à la qualité du service du Renseignement légionnaire, la Légion n’a pas commis la sottise de recruter les S.S., aisément identifiables grâce à leurs tatouages.

La Légion a recruté aussi en Italie dès 1944, amalgamant sans effort quelques ex-fascistes aux Italiens antifascistes déjà dans ses rangs. Parmi eux, Giuseppe Bottaï, ancien ministre de l’Education nationale sous Mussolini.

C’est dans ce moule du D.C.R.E. que sont instruits tous les personnels destinés au corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient. 

En février 1946, la 13e D.B.L.E. part pour l’Indochine ; elle laisse en Afrique du Nord le glorieux drapeau qui lui fut remis en Syrie en 1941 par le général Catroux et qui a reçu successivement quatre citations à l’ordre de l’armée et la Croix de l’Ordre de la Libération. Il est remis à Sidi-Bel-Abbès, au musée du Souvenir, au cours d’une cérémonie d’une émouvante simplicité.

La Maison du légionnaire

 1947 : le magazine Képi Blanc, qui vient d’être créé, installe ses premiers bureaux au numéro 3 de la rue Faurax, rue qui porte le nom d’un officier de la Légion tué au Dahomey en 1892.

 1948 : Képi Blanc s’installe dans les murs du quartier Viénot ; le premier numéro du mensuel Képi Blanc sort en avril. Il répond à une demande du commandement qui souhaite que les légionnaires puissent s’informer, quel que soit leur lieu d’affectation. IL est réalisé à Sidi-Bel-Abbès. Son premier rédacteur en chef, le capitaine Gheysens, est tué au combat en Indochine le 09.03.1950.

 Printemps 1948 : une note de service venue de Sidi-Bel-Abbès arrive dans les unités de la Légion Etrangère en Algérie : ‘’Les gradés et légionnaires volontaires pour les parachutistes ont à se faire connaître et seront immédiatement mis en route sur Bel-Abbès’’. La note a du succès. La légende voudrait que ce soit le général Monclar, alors en tournée d’inspection à Sidi-Bel-Abbès, qui ait eu l’idée des bataillons étrangers de parachutistes en voyant tous les jeunes officiers brevetés au mess des officiers.

Le commandement de la Légion Etrangère est cependant réticent à l’idée d’une Légion Etrangère parachutiste qui lui paraît inconcevable dans sa tradition. Des cadres officiers et sous-officiers des parachutistes métropolitains, volontaires, participent à l’encadrement. Une grande partie de la troupe a déjà fait un séjour en Indochine.

 Entre 1948 et 1950, Au sud-est de la ville, un vaste bâtiment resté inachevé depuis 1939 est repris par la Légion. Les légionnaires pionniers le transforment en un immeuble moderne dans lequel sont aménagés des appartements destinés aux familles de légionnaires. Cette réalisation due à la débrouillardise des hommes fait partie d’un vaste plan d’action sociale mis en place par le colonel Gaultier, alors chef du Dépôt commun, afin de répondre à des besoins urgents en matière de logements et d’aide aux familles qui ne sont pas, à cette époque, financés par l’État.

 1er avril 1949 : le D.C.R.E. est dissous et devient à la même date le 1er R.E.I. Le régiment retrouve sa vieille garnison en même temps que la direction de la Maison-Mère. Le régiment dispose d’une quatrième compagnie de passage installée à Nouvion est destinée à préparer les renforts pour l’Indochine pendant toute la durée du conflit.

 1er septembre 1950 : le Groupement Autonome de la Légion Etrangère (G.A.L.E.) est créé à Sidi-Bel-Abbès ; il est responsable du moral de la valeur et du maintien des traditions.

Le dépôt commun de la Légion étrangère (D.C.L.E.) est créé à la même date ; il est chargé de la gestion des effectifs et coiffe les services administratifs et la compagnie de passage.

De son côté, le 1er R.E.I., régiment d’instruction essentiellement, est composé de sa musique, d’une compagnie de commandement et des services, de deux bataillons d’instruction et d’un groupement d’instruction mécanique (G.I.M.).

 Décembre 1950 : un bataillon de marche est constitué à Sidi-Bel-Abbès avec des libérables volontaires ; il débarque en Extrême-Orient pour remplacer le III/3e R.E.I disparu à Cao-Bang

 1er novembre 1954 : à Hué, où le 1er B.E.P. a été transféré le 26 juin, le chef de bataillon Pierre Jeanpierre en prend officiellement le commandement. Le bataillon aligne 584 gradés et légionnaires dont 73 autochtones. Sidi-Bel-Abbès devra encore envoyer des renforts.Défilé de la Légion étrangère à Sidi-bel-Abbès, aquarelle de Franck Will

 Après la guerre d’Indochine, la salle d’honneur est, à nouveau, agrandie et réaménagée afin de témoigner de la participation de la Légion à cette guerre qui vient de lui coûter les pertes les plus importantes de toute son histoire.

 

Jean Balazuc P.P.P.P.

 

Sources principales.

 

Sidi-Bel-Abbès, capitale légionnaire de Jean Michon, chef du centre de documentation de la Légion Etrangère, édité en 2010 dans la revue ‘’Guerres mondiales et Conflits contemporains’’ chez les Presses Universitaires de France.

Photos prélevées sur les sites de la Citadelle Montlaur et de la Mekerra.

 

Autres sources.

 Debout la Légion du commandant Charles Hora chez la Pensée moderne – 1971.

 Je ne regrette rien du capitaine Pierre Sergent chez Fayard – 1972.

 La Guerre d’Algérie du capitaine Pierre Montagnon chez les Editions Pygmalion -1984.

 La Légion Etrangère 150e anniversaire – Historia - N° spécial 414 bis – 1993.

 La Légion, Grandeur et Servitude – Historama – N° spécial 3 – 1967.

 Mémoire et vérité des combattants d’A.F.N. du Cercle pour la défense des A.C. d’A.F.N. – Livre Blanc – 2000.

 Histoire de l’Afrique du Nord du général Edmond Jouhaud – Editions des 2 Coqs – 1968.

 Site Mémoire des hommes du S.G.A.

 La Légion Etrangère – Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite de John Robert Young et Erwan Bergot chez les Editions Robert Laffont – 1984.

 Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production – 1986.

 La légende du 2e R.E.I. de Jean-Pierre Biot chez les Editions Lincoln – 1991.

 La 13e D.B.L.E. de Tibor Szecsko chez les Editions du Fer à marquer – 1989.

 Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon - Pygmalion – 1999.

 Histoire de la Légion Etrangère de Georges Blond – Plon – 1981.

 Français par le sang versé – Képi Blanc – E.C.P.A.D. – Editions du Coteau – 2011