Ce livre attire particulièrement mon attention en ce début de commémoration du centenaire de la Grande Guerre.

 

Mon commentaire :

 

“Maurice Genevoix dans ce livre donne la chance à chaque mot, en les choisissant de telle sorte qu’ils puissent exprimer là où il les avait placé, leur sens plein, charnel, il rend invisible l’art d’écrire et fait voir les choses derrière les phrases.

C’est pour lui, le cauchemar d’une vie…

Pour le jeune homme Genevoix, ce n’est pas à la guerre qu’il a montré le plus de courage, c’est le jour où il a dit la vérité contre lui-même, non pour y trouver un impossible apaisement, mais parce qu’elle était la vérité et qu’il avait été formé à la dire.

Pour Maurice Genevoix, cette fidélité à son passé, cette obstination à témoigner pour les anciens combattants dans une société qui ne leur prêtait plus qu’une attention ennuyé est l’expression d’une tendresse douloureuse. Il nous dit, avec ses mots, quà l’école des années 50 à 60, les manuels scolaires rendaient encore un hommage “charmant” à leur mémoire. Aujourd’hui, les gloires officielles ouvre le chemin de l’oubli par un accueillant silence d’une quasi ignorance.

Jean Norton Cru un américain qui s’était engagé pour la durée de la guerre s’interrogeait et prédisait à la fin des années 1920: “Qu’est-ce que l’avenir pensera de cette prodigieuse pentalogie de la guerre 14-18 que notre époque ignore ou feint d’ignorer?... L’avenir se demandera par quelle aberration la génération qui a vu la guerre de 1914 n’a pas su distinguer dans son sein le plus grand peintre de cette guerre”.

L’avenir c’est nous, dit encore, Jean Norton Cru.

Le centenaire de la Grande Guerre, en poussant les feux de la mémoire, accomplira t-il sa prédiction ?

Pour Maurice Genevoix, il ne faut pas se laisser emporter et surprendre par une puissance d’évocation hors du commun, une prodigieuse capacité à rendre les paysages et les saisons, à montrer les hommes tels qu’ils furent, à faire passer sur leurs visages la joie, l’angoisse et la nostalgie, a faire entendre leurs disputes, leurs discussions, leurs plaisanteries et leurs appels déchirants d’enfants meurtris. Il lui faut présenter les situations inconfortables des combattants, le regard que tournent les chevaux blessés vers les soldats et, la nuit venue, la manière don’t les bêtes et les hommes mêlent leurs plaintes. Pour l’auteur, la réalité reste avant tout une affaire humaine qui doit nous conduire à un surcroît d’admiration et de reconnaissance et surtout, que le néant ne les emporte, c’était assez de la mort !

Remuer les cendres cent ans après, de l’écatombe française, de l’énorme catastrophe d’une civilisation.

L’horreur de la guerre et la valeur des hommes, dire et conserver un peu de leur vie et un moment du monde.

“Les gros souliers cloutés font lever, dans la lumière la poussière blanche de la route. Et que leur souvenir, par la force de la langue, entre en nous.”

 

En conclusion:

 

Maurice Genevoix c’est le grand style, la pureté de la langue française. Quand un tel style est mis au service du témoignage, cela donne une grande oeuvre. Maurice Genevoix parle de la guerre avec des mots, mais c’est sa chair qui lui dicte les phrases. Il a connu la boue des tranchées, la promiscuité, la montée en ligne, l’horreur des combats. Une livre à lire et à conserver.

Christian Morisot - Communication FSALE