Avril 1929 : un groupe mobile se forme pour endiguer le danger qui se manifeste dans la région de Gourrama, sous l’influence des puissantes tribus Aït-Haddidou et Aït-Yahia.

      • Les 5e et 6e compagnies du 3e R.E.I. sont appelées au sein de cette colonne du nord.

      • Le 26 avril, la colonne quitte Rich et progresse sans incident, bien que suivie de près par les tribus hostiles.

      • Le 29 avril, la colonne occupe Aït-Yakoub sans coup férir ; les habitants semblent dociles.

      • La 6e compagnie s’y installe ainsi que le III/7e R.T.A. et des éléments de supplétifs.

      • De son côté, la 5e compagnie continue son mouvement sur El-Bordj, pour faire la liaison avec le groupe mobile venant de Taguendoust.

      • (S259-40).

10 mai 1929 : la 5e compagnie du 3e R.E.I. livre un combat sérieux dans la vallée d’Aït-Yakoub ; un adjudant est tué et quatre légionnaires sont blessés.

 

Du 8 au 19 juin 1929 : siège d’Aït-Yakoub.

        • Le combat de Tahiant : la liaison téléphonique avec El-Bordj est interrompue. Une petite colonne de spécialistes du 3e R.E.I., escorté par un goum, part pour réparer la ligne. Cernée près de Tahiant, à 3 km, elle demande des secours. Le commandant Emmanuel part à la tête d’une colonne composée de deux compagnies de son III/7e R.T.A., d’éléments de supplétifs et de la section du lieutenant Lemarchand de la 6e compagnie du 3e R.E.I. La colonne dégage le goum mais doit faire face à un nouvel adversaire, agressif et nombreux.

        • Les Marocains viennent de tous les alentours de Tahiant ; prévenus individuellement, ils accourent d’instinct, de 20 à 25 kilomètres. C’est la règle du combat berbère.

        • Pendant deux heures le combat

          • Le 8 juin, la pression grandit dans la vallée d’Aït-Yakoub. la montagne s’anime et c’est par centaines, drapeaux en tête, que les dissidents sont signalés. Les Aït-Haddidou et les Aït-Yahia attaquent tous les détachements.

          fait rage. Ni l’aviation qui survole le terrain, ni l’artillerie d’Aït-Yakoub ne peuvent intervenir tant la situation est confuse. La colonne, qui subit de lourdes pertes, tente de décrocher, poursuivie par un millier de dissidents. Le repli se fait de crête en crête au prix de nouvelles pertes. Le commandant et tous ses officiers sont mis hors de combat. La section des légionnaires, en arrière-garde, assure l’ultime résistance pour permettre le décrochage des unités très fortement pressées par l’ennemi. Il faut pour cela que la section tienne jusqu’au passage du dernier élément de la colonne. C’est la mission de sacrifice, dans les plus pures traditions de la Légion. Submergée par une masse d’assaillants indomptables, fanatisés par le succès et infiniment supérieurs en nombre, après avoir tiré ses dernières cartouches et repoussé une dizaine de fois les assauts de l’adversaire, elle succombe dans un suprême corps à corps, sans qu’aucun légionnaire ait esquissé la moindre tentative de repli. Tous les légionnaires sont tués avec leur chef, le lieutenant Pierre Lemarchand.

        • La 6e compagnie du 3e Etranger a fait Camerone. Comme leurs anciens, les légionnaires ont accompli leur mission jusqu’au sacrifice suprême. Comme leurs anciens, ils ont été fidèles à la parole donnée. Comme leurs anciens, officier, sous-officiers et légionnaires ont accepté un destin commun à tous.

        • Les pertes sont de 80 tués ou disparus, dont le commandant Emmanuel, le capitaine Hippolyte Nury et les lieutenants Helly et Hognon du 7e Régiment de Tirailleurs Algériens, le lieutenant Pierre Lemarchand de la Légion Etrangère et le lieutenant Peyron du Goum, et de 38 blessés dont 2 officiers.

        • Les combats d’Aït-Yakoub : encouragé par ce succès et par leur supériorité numérique, les Marocains encerclent Aït-Yakoub. Le capitaine Pistre, nouveau comandant de la place, dispose de 5 officiers et 400 hommes. Les légionnaires et les tirailleurs utilisent leurs F.M. et leurs deux pièces de 75 ; mais les dissidents s’abritent savamment et leur nombre augmente sans cesse.

        • Chaque matin, il faut prendre des risques énormes pour aller remplir quelques bidons d’eau dans l’oued. Les vivres et les munitions commencent à manquer mais des aviateurs audacieux arrivent à lancer quelques paquets.

        • Le 12 juin, les pertes sont de 10 tués.

        • Le 19 juin, la colonne de secours approche. A l’aube, l’ennemi s’élance pour un ultime assaut. Il attaque de tous les côtés : à pied, à cheval, en courant, en rampant. Le camp des tirailleurs est submergé. Dans le village se livre un terrible combat. Les maisons sont incendiées avec des goumiers et des supplétifs dedans. La casbah, tenue par les goumiers, est en flammes. Le capitaine Pistre est grièvement blessé. Devant le bivouac de la 6e compagnie du 3e R.E.I., les légionnaires sont aux murettes, baïonnette au canon. Une longue et terrible fusillade éprouve d’abord leur résistance. Ils ne ripostent qu’au compte-gouttes, en ajustant les tirs. La mitrailleuse est enrayée, les F.M. n’ont plus de munitions et les deux canons tirent leurs trois derniers obus.

        • Il faut maintenant tenir à tout prix. Les attaques redoublent de vigueur. Déchaînés, brandissant leurs poignards étincelants, les Marocains courageux offrent leurs corps presque nus aux pointes meurtrières des baïonnettes. Dans un dernier élan, ils tentent de bousculer les murettes. Les coups de crosse tombent impitoyablement. Les baïonnettes s’enfoncent. Mais les légionnaires tiennent le choc, sans défaillance, aucune hésitation, aucun recul. Même les blessés viennent aux murettes.

        • A 15 heures 30, l’ennemi cesse brusquement son attaque et s’enfuit précipitamment.

        • A 16 heures, le groupe mobile du général Niéger occupe le village et les crêtes environnantes.

Jean Balazuc P.P.P.

 

Sources principales.

Site Mémoire des hommes du S.G.A.

Site du Mémorial de Puyloubier.

Aït-Yakoub sur Wikipédia.

Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – E.F.M. 1988.

Le 4e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – E.F.M. 1987.

France Horizon, revue de l’ANFANOMA.

 

 

Emmanuel, commandant, chef du III/7e R.T.A., à Aït-Yakoub en avril 1929 ; le 8 juin 1929, à la tête d’une petite colonne qui porte secours à un goum, il est cerné par un millier de dissidents. Il est tué avec cinq de ses officiers. La colonne est sauvée grâce au sacrifice d’une section de légionnaires de la 6e compagnie du 3e R.E.I., commandée par le lieutenant Pierre Lemarchand.

 

Helly, originaire de Grenoble en Isère; lieutenant au 7e R.T.A. Tué le 8 juin 1929 lors des combats d’Aït-Yakoub.

 

Hognon, originaire de Lunel dans l’Hérault ; lieutenant au 7e R.T.A. Tué le 8 juin 1929 lors des combats d’Aït-Yakoub.

 

Lemarchand Pierre, Breton, entré à la Légion Etrangère à sa sortie de Saint-Cyr en 1926 ; pendant deux ans, il sert dans une garnison en Algérie avant de rejoindre le 3e R.E.I. au Maroc. De septembre 1928 à avril 1929, il est à la prestigieuse C.S.P. En avril 1929, il est nommé chef de section à la 6e compagnie. Le 8 juin 1929, sa section est en arrière garde d’une colonne qui se replie sur Aïn-Yakoub, cernée par un millier de dissidents ; elle succombe dans un suprême corps à corps ; tous les légionnaires sont tués avec leur chef.

 

Niéger Marie Joseph, né dans l’Oise le 23 Mai 1874, d’une famille originaire de Colmar, engagé volontaire en 1893 ; il fait l’Ecole de Saint-Maixent. Officier saharien (1900) il est placé sous les ordres de Laperrine dans les Compagnies sahariennes. Réparties en trois divisions d’Oran, d’Alger et de Constantine. Lieutenant à la compagnie méhariste du Touat (1901), il participe à la conquête du Touat et du Gourara, à la première mission Flye de Sainte-Marie, commandant de la compagnie (1904-1905). Devenu commandant de la compagnie du Tidikelt (1907-1911), il s’empare en 1909 de la zaouïa sénousside de Djanet. A partir de 1912, il devient chef de la mission d’études du Transafricain (entre Alger et le Cap) organisée par André Berthelot La mission est arrêtée par la guerre 1914-1918, et le rapport ne sera publié qu’en 1924. Lieutenant-colonel, commandant le régiment de marche d’Afrique formé à Algérie pour l’expédition aux Dardanelles en 1915-1916. Après 1918, il sert en Syrie, au Rif, en Algérie. Grand connaisseur des Touareg, ami de Laperrineet du père de Foucauld ; général ; en 1929, par une brillante manœuvre, il dégage le poste d’Aït-Yakoub au Maroc le 19 juin avec la colonne de secours ; en juillet 1931, il lève 4 000 partisans dans la région de Meknès ; au Maroc, il commande une colonne sous les ordres du général Henri Huré entre 1932 et 1934.

 

Nury, capitaine du III/7e R.T.A. à Aït-Yakoub au Maroc en avril 1929 ; le 8 juin 1929, il est tué au combat face à des dissidents nettement supérieurs en nombre, à Tahiant.

 

Peyron, lieutenant, chef d’un goum ; tué le 8 juin 1929 lors des combats d’Aït-Yakoub