LA SOLIDAIRE :

Une centaine de «rouleurs» pour une bonne cause, c'est la Solidaire qui cette année aura lieu du 23 au 26 juin et passera par Castelnaudary, Couiza, Prades, Ax-les-Thermes

Cette année, la Solidaire sera 100 % cathare ou ne sera pas. La Solidaire, c'est une randonnée cyclosportive caritative au profit des invalides de la Légion et qui a été créé par le 4e régiment étranger de Castelnaudary en 2010, un régiment qui a pour mission, entre autres, d'éduquer les jeunes engagés volontaires aux valeurs du code d'honneur de la Légion. La Solidaire résume à elle seule l'article 2 de ce code. «Chaque légionnaire est ton frère d'armes, quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille».


1. Mariusz

Gravement blessé à Sarajevo, Mariusz, alors légionnaire au 2e REP, perd sa jambe sous les bombardements ennemis. Hospitalisé dans un état très grave à Paris, il reçoit la visite de François Léotard, alors ministre de la Défense. Celui-ci demande à Mariusz : «Que veux-tu» ? Mariusz lui répond : «Je ne veux ni médaille, ni argent, je veux simplement être français». Grâce au ministre, Mariusz devient le premier légionnaire français par le sang versé, six ans avant le vote de la loi. En 1999, sous l'impulsion du général Jean-Claude Coullon, alors président de la FSALE, et du sénateur Jean-François Picheral, ami de la Légion pour l'avoir servie, la loi, non sans quelques débats, est voté à l'unanimité par les deux chambres parlementaires (29 décembre 1999).


2. «La Légion est leur seule famille»

«Puyloubier, c'est, explique le colonel Lobel, commandant le 4e régiment étranger, un budget de fonctionnement d'1 M€ par an. La participation de l'ensemble des régiments de la Légion étrangère auquel on rajoute la vente du vin du domaine Capitaine-Danjou, des céramiques en sont son principal financement, à hauteur de 800 000 €. Un grand pas a été fait avec l'inscription dans la loi du devoir de solidarité de la Légion envers ses anciens. C'est une grande victoire du commandant de la Légion étrangère puisque la France reconnaît sa part de responsabilité envers quelqu'un qui est venu la servir».

Reste que l'IILE, Institution des invalides, est structurellement déficitaire de 200 000 €. «Des actions comme la Solidaire permettent de combler ce déficit. On mouille le maillot, vraiment. Ce n'est pas une course d'amis du vélo qui viennent s'éclater. Moi qui n'aime pas particulièrement cela, je m'y suis mis il y a deux mois pour tenir. On échange la sueur contre la solidarité», explique le «patron» du «4». Une solidarité qui rayonne hors et en France avec de généreux donateurs jusqu'en Chine ou au Brésil. «Localement, nous avons aussi tout un tas de sponsors qui nous aident, dont certains vont même rouler avec nous. Il y a également le soutien de la ville depuis le début de la Solidaire. Nous invitons l'ensemble des Chauriens, le 26, à venir montrer leur attachement au régiment, place de la République. Les plus courageux et en forme pourront participer au prologue, le 23, entre Castelnaudary-Couiza, soit 70 km, contre 20 € et un certificat médical. Les dons mêmes les plus modestes sont les bienvenus pour faire monter la cagnotte. Le moindre centime récolté va aux anciens. Il n'y a rien pour l'organisation». Au-delà des valeurs que la manifestation permet d'enseigner aux jeunes engagés volontaires, la Solidaire, c'est aussi un formidable exercice pour ce régiment école, creuset de la Légion étrangère. «C'est un véritable challenge logistique pour toutes nos unités, qu'il s'agisse de ravitaillement, sécurité, communication, cuisine…».


3. Un bilan solidaire

La première édition, en juin 2010, entre le domaine Capitaine-Danjou et Valloire en Savoie a permis d'installer la climatisation à l'infirmerie de l'Institut des invalides, améliorant le confort de vie des pensionnaires. La deuxième édition a traversé d'est en ouest les Alpes-de-Haute-Provence et a permis l'achat d'un lave-vaisselle industriel, allégeant concrètement le travail de nos anciens sur leur lieu de restauration. L'édition de 2012 a traversé les Pyrénées d'ouest en est, contribuant ainsi très largement à la réfection complète de la salle à manger des pensionnaires. La quatrième édition en 2013 a traversé les Alpes, de Briançon à Puyloubier, et a permis la rénovation d'une partie des chambres. Cette édition a pour objectif la réfection du système de chauffage des chambres des pensionnaires.


4. Puyloubier

À ses débuts, il y a soixante ans exactement, l'IILE, Institution des invalides de la Légion étrangère, recevait invalides et blessés. «Aujourd'hui, ce sont davantage des blessés de la vie après une plus ou moins longue carrière dans la Légion», explique son directeur, le lieutenant-colonel Bouchez. Ils sont 90 pensionnaires hébergés ici, de 34 à 91 ans, soit une moyenne d'âge de 66 ans, des gens de quatorze nationalités différentes. Le domaine Capitaine-Danjou s'étend sur 230 ha dont 40 de vignes et 6,5 d'oliviers. L'encadrement, c'est 1 officier, 5 sous-officiers, 15 légionnaires d'active et 26 personnels civils. Puyloubier, ce sont trois types d'activités pour les résidants : activités fonctionnelles (entretien des espaces verts, service à l'ordinaire) ; occupationnelles : céramique, sublimation, reliure ; production, agriculture (vignes et oliviers). «Une pension, c'est 2 800 € par mois, un pensionnaire ne paie rien ou presque rien, nous ne demandons rien».


5. Parole d'ancien

Jean Cazabone a 75 ans. Il est à l'institution depuis trente et un ans après seize années passées à la Légion. «J'ai essayé de me reconvertir à l'heure de la retraite mais j'ai eu du mal. Ici, on cherchait quelqu'un intéressé par l'informatique. C'était mon cas. J'ai plus ou moins créé l'atelier sublimation : tee-shirts, mugs… C'est moi, c'est mon principal travail, un travail que je mets un point d'honneur à faire parfaitement. La Légion m'a aidé, je l'aide en retour. C'est ma façon de la remercier. Ici, je suis seul mais nous sommes douze à l'atelier céramique dirigé par un capitaine retraité qui a commencé simple légionnaire. À la Légion, on prend ses galons selon ses mérites».


6. Organisation

Parce qu'ici les légionnaires apprennent leur métier, le stage restauration-hôtellerie-loisirs est mis à contribution et aura en charge les repas pour 150 personnes le long de l'épopée. Pour eux ? une cuisine sur roue, l'Etrac.

Côté véhicules, les 100 rouleurs sont répartis en cinq groupes, avec, chacun, une moto sécurité et véhicule d'allégement. Sur la route également, la voiture du directeur de course, celle de son adjoint, une ambulance, trois camions avec lits de camp, tables, chaises, un pour la musique, le camion podium de la Légion.


7. Championne

L'édition 2014 aura dans ses rangs une championne : Maryline Salvetat, émue par cette belle cause. Vice-championne d'Europe de cyclo-cross en 2008, 2007, 2004 , championne de France de cyclo-cross en 2009, 2007, 2005, 2004, 2002, vice-championne de France de contre-la-montre en 2008, vice-championne du monde de cyclo-cross en 2004 ; vice-championne de France de cyclo-cross en 2008, 2006, 2003, 2001, championne de France de contre-la-montre en 2007, 3e au championnat de France contre-la-montre en 2006, vice-championne de France route en 2003, championne de France de VTT marathon en 2005, vice-championne de France de VTT cross-country en 2005, vainqueur du Roc d'Azur VTT en 2005.

Source : LA DEPECHE DU MIDI - Dossier réalisé p Gladys Kichkoff