La commémoration de ce 11 novembre prenait, cette année centenaire du début de la première guerre de l’autre siècle, une dimension particulière liée à la mémoire collective concernant plus de 8 000 Italiens qui venaient s’engager d’un élan généreux au sein de la Légion étrangère, dès le début du conflit et cet élan était souligné par l’annonce de l’arrivée de Peppino Garibaldi, petit-fils de Giuseppe Garibaldi, en France.

 

Constituant le principal du 4° régiment de Marche du 1er Etranger, la “Légion garibaldienne” s’est illustrée dès décembre 1914, au bois de Bolante, entre la crête de la Haute-Chevauchée et le Four-de-Paris, en Argonne, aux côtés du 76è d’infanterie.

 

A ce sujet, nous avons pris conscience qu’il nous faudra apporter une analyse qui fera l’objet d’un prochain article visant à faire comprendre aux plus jeunes, pourquoi ces hommes décidèrent - conséquence de la déclaration de neutralité italienne, probablement - de prendre les armes. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quelles sont leurs motivations sociales, politiques et culturelles ? Il s’agit d’approcher une réalité complexe que la notion de “volontaire” n’explique pas suffisamment. Loin de l’image d’un acte d’engagement purement “sacrificiel”, à plusieurs facettes, il faut s’interroger sur la diversité des parcours qui vont conduire au volontariat des célèbres « chemises rouges » lors de cette première Guerre Mondiale.

 

C’est cette information que les commémorations liées au centenaire de la Grande Guerre doivent donner à nos jeunes qui étaient nombreux autour des anciens légionnaires de l’ANIEL.

 

Plus de 8 000 Italiens, volontaires potentiels au soir du 3 août 1914, cela donne une idée idyllique d’un soutien inconditionnel à la nation qui les accueille. Cette année, le 26 décembre, marquera jour pour jour le centenaire du premier sacrifice de ces braves, jetés d’emblée dans le combat, sur un théâtre d’opérations encore inconnu d’eux !

 

L’amicale italienne des anciens légionnaires sera aux grands rendez-vous des commémorations de 2015.

 

«Un hurlement formidable retentit : «Avanti ! Avanti ! Viva l’Italia ! Italia ! Italia».
Les coudes s’appuient contre les parois de la tranchée, les fusils servent de leviers ; on fait des efforts inouïs, on aide et l’on est aidé. Enfin on est dehors ; d’un bond l’on se trouve dans la mêlée. «Vive la République! Vive la France!»
Les volontaires, évitant les buissons, s’élancent comme des lévriers vers les tranchées ennemies.

Tout à coup une grêle de plomb allemand s’abat sur nous, et le crépitement strident de la mitrailleuse se fait entendre ; l’écorce des arbres vole en l’air, les arbustes se plient, se brisent, rompus par une main invisible.

 

Les premiers des nôtres sont tombés ; je vois Attilo Tua appuyé à son fusil, et qui semble viser ; il est mort ainsi. Sur la terre, des flaques de sang noir, coagulé. Les rafales rageuses nous cinglent, nous fauchent. Des cris atroces, des hurlements furieux, l’étouffante chaleur du feu et de la poudre ! De nouveaux détachements surviennent ; d’autres morts. Un clairon sonne, sonne ; soudain il se tait. C’était Galli, qui maintenant gît la face contre terre, serrant encore son instrument dans son poing. Une balle a traversé le clairon et lui a fracassé la gorge. »…

 

Capitaine C. MARABINI in Les Garibaldiens de l’Argonne