Construire des maisons pour ceux qui servirent la Légion étrangère et qui, maintenant sont vieux, sont las, sans moyens sur le plan physique ni sur celui du moral, sans utilisations militaires possibles, a été, depuis de longues années l’une des plus grandes préoccupations morales des légionnaires.

 

Depuis 1934 pour Auriol et 1954 pour Puyloubier, deux maisons ont été réalisées, l’a première sur le chemin de la Sainte Baume et l’a seconde pied de la montagne Sainte Victoire. Grâce à ces deux institutions, complémentaires l’une de l’autre, les anciens légionnaires peuvent aujourd’hui, au soir de leur vie, maintenant crépusculaire et écourtée par la dure existence qu’ils ont menée, finir leurs jours dans les cadres enchanteurs des paysages chers à Marcel Pagnol et Paul Césanne.

 

Ilots de tranquillité, ultime étape d’une existence tourmentée, ces havres de paix et de grâce leur permettent de panser les meurtrissures du corps et de l’âme, des maisons où ils meurent paisiblement dans leur lit et non quelque part, n’importe où guidé par le hasard.

 

Sans polémiquer, mais avec une sorte de rage froide, une manière de volonté concentrée, il est juste aujourd’hui de dire que la France et les Français, paisibles et pacifiques, pacifistes même, répudient la guerre comme moyen politique parce qu’ils l’ont trop faite. Mais il n’est pas permis d’oublier que la grandeur de la France, ce furent, bien entendu, ses philosophes et ses artistes, ses littérateurs et ses savants, mais aussi, quand il le fallut, ses soldats, ses hommes de guerre et ses gloires militaires. Le légionnaire a toujours été prêt à cet héroïsme anonyme et collectif d’avoir à défendre ce qui est de plus cher à son pays d’adoption : la liberté. Sans rechercher à mendier une certaine reconnaissance, il serait bon que le français sache que chaque légionnaire mort lui épargne un deuil.

 

La Légion n’a d’autre choix pour survivre que d’être exemplaire et irréprochable mais elle est surtout imprégnée « d’honneur et de fidélité » devise concrétisée par un souci permanent de ne jamais laisser l’un des siens, sans aide ni secours.

 

C’est son âme qui se reflète dans cette belle cause humaine.

 

Pour la Légion, la construction de ces deux maisons qui hébergent les plus fidèles de ses anciens serviteurs est une croisade contre l’égoïsme et l’ingratitude.

 

Une noble manière de leur rendre leur dignité et de ne pas les abandonner après service rendu…

 

A ne point douter, un exemple à méditer…

 

 

Christian MORISOT.