L’ancêtre de notre «Képi Blanc » du mois d’avril 1935, la revue « la Légion étrangère » présentait l’action sociale qui était à cette époque troublée par une crise internationale envahissante. L’article justifiait pleinement la nécessité d’une action sociale mais expliquait que seules les amicales pouvaient intervenir, la Légion d’active ayant bien d’autres préoccupations et missions. L’enjeu était vital, les écrits éloquents : « Au cours de l’année passée, nous avons pu placer, dans des emplois divers, quelques légionnaires, huit environ alors qu’une centaine par mois se retrouvent sur le port de Marseille). Ce maigre résultat ne prend pas moins une certaine importance à nos yeux, eu égard aux conditions économiques actuelles et à l’accroissement de chômage qui en découle.

Nous avons pu, également, habiller quelques-uns de ces hommes particulièrement miséreux et dont l’état des vêtements était un premier obstacle à l’obtention d’un emploi.

Quelques autres reçurent chez nous une petite « obole », modeste aide que leur dénuement complet nous imposait de leur consentir, afin qu’ils puissent franchir le cap d’une nuit et prendre un repas dont leur pauvre face amaigrie ne décelait que trop l’urgent besoin ».

Certes la misère est affreuse pour tous ceux qu’elle atteint, mais il semble qu’elle soit plus encore pour ces anciens légionnaires aux yeux desquels elle revêt l’aspect d’une injustice.

Ces hommes comprennaient difficilement qu’il n’y avait pas à leur libération, une aide officielle organisée, dans un pays à la grandeur duquel ils avaient conscience d’avoir largement contribué par au moins cinq ans d’une vie très dure et pour grand nombre, au prix de leur sang versé.

Ils admettaient encore moins aisément de s’y voir – sous prétexte d’être de nationalité étrangère et par suite de chômage qui sévit ici comme partout ailleurs – refuser la carte de travailleur qui leur permettait une chance de trouver un emploi.

De plus, ils ne conçoivaient pas qu’ayant été jugés assez bons pour revêtir un uniforme militaire français ils ont montré un savoir faire ouvriers, en construisant des pistes, des routes, des postes, des villes dont en même temps, ils assuraient la sécurité, on leur dénie, maintenant qu’ils ont quitté cet uniforme, le droit de vivre ici, comme s’ils étaient chez eux, et d’y gagner tout simplement le droit de vivre.

Ils doutaient de l’esprit d’équité d’un pays dont ils furent, cependant, chargé d’administrer les principes de civilisation et de justice.

Voilà ce à quoi le général Rollet était confronté en 1935, au moment pour lui de prendre sa retraite, notre « père Légion » ne pouvait ne rien faire, jusqu’à sa mort le 16 avril 1941, ce fut son dernier combat.

L’histoire se renouvellerait-elle ?