Extraits du JMO du 4éme escadron du 1er REC

Le JMO du 4éme REI en Syrie est mis en ligne par « SGA mémoire des hommes »

Le Bataillon de Marche de la Légion Etrangère (BMLE), embarqué sur le « Porthos », débarque à Beyrouth le 21 aout 1925. Puis, par voie ferrée, il est transporté jusqu’à Damas. Du 25 aout au 15 septembre, le BMLE fait la reconnaissance du secteur pour rassurer les habitants des villages qui craignent les rebelles Druzes. Le Bataillon s’installe alors à Messifré, pour y établir un point d’appui et de ravitaillement.

COMPOSITION  : Aux ordres du chef de bataillon KRATZERT :

- Un Etat-Major et la 29éme Cie du 1er Etranger

- 4éme escadron du 1er REC à 4 pelotons et un groupe de mitrailleuses : Commandant de Compagnie : Capitaine LAUDRIAU

(5 officiers, 14 sous-officiers et 160 cavaliers)

- 18éme et 19éme Cie d’infanterie et 5éme Cie de mitrailleuses du 4éme Etranger

- 1 élément d’autos-mitrailleuses (unités incertaines)

 

Dans la soirée du 17 septembre 1925, le poste encerclé de Soueida, faisait parvenir au poste optique de Messifré, le message suivant : « 3000 Druzes, étendards déployés, se portent en direction de Messifré. Attaque probable cette nuit ». L’alerte est immédiatement donnée à Messifré par le chef de bataillon KRATZER et les postes de combat sont occupés. 

Le bivouac des chevaux est gardé par le dispositif des ouvrages du bataillon étranger, se flanquant mutuellement. Le peloton du lieutenant ROBERT, une partie du groupe de commandement aux ordres de l’adjudant-chef GARFAUX, les muletiers, ainsi qu’une escouade du 2éme peloton, du maréchal des logis SCHELMANN sont affectés à la garde immédiate des chevaux.

La garde du réduit est assuré par l’état-major du bataillon, le groupe de mitrailleuses du sous-lieutenant MEDRANO et les pelotons du lieutenant CASTAING et du sous-lieutenant DUPETIT.

Vers 23 heures, des coups de fusils sont entendus aux abords du village. A 4 heures l’attaque ennemie se déclenche avec une violence inouïe. Des vagues de fantassins, suivies de cavaliers se précipitent sur les ouvrages. L’attaque principale est concentrée sur le réduit où se trouve le marabout, poste d’observation, et le point d’eau.

Tous les hommes sont au coude à coude et répondent aux tirs des Druzes par des feux bien ajustés. Les mitrailleuses font des ravages dans les rangs ennemis. Mais celui-ci a pu s’infiltrer entre les ouvrages et pénétrer en grand nombre dans le village. Le bivouac des chevaux est défendu avec acharnement. Les mitrailleuses font des sillons sanglants dans les rangs ennemis qui arrivent jusqu’au corps à corps. L’adjudant-chef GARFEAU est blessé d’un coup de sabre. Un légionnaire tué à coups de mousquetons de 5 Druzes qui se présentent devant sa murette.

Mais les défenseurs, malgré leur héroïsme sont submergés par le nombre et doivent, en combattant, se repliant petit à petit sur le réduit où se trouve le reste de l’escadron.

Un grand nombre de chevaux ont été tués pendant les combats. Les autres arrachent leurs entraves est sont tués dans le village.

Devant le réduit où chacun tient sa place, bien décidé à en interdire l’accès à l’ennemi, une hésitation se produit. Une quarantaine d’hommes se précipitent en criant : « Halte Légion, ne tirez pas ».

L’hésitation est de courte durée, ce sont les Druzes qui usent d’un stratagème bien connu. Les rafales repartent des rangs des légionnaires, plus serrées, bien ajustées, au cri de : « Vive la Légion ».

Un porte-étendard est tué à 4 mètres de la murette. Une dizaine d’ennemis arrivent à monter sur le marabout et nous font subir des pertes. Le sous-lieutenant DUPETIT est tué, le maréchal des logis PRIMAK et plusieurs cavaliers sont tués à cet instant des tirs plongeant venant du marabout.

Pendant 6 heures la bataille fait rage, mais dès 7 heures du matin la partie est gagnée. L’ennemi vaincu battait en retraite et était tué par nos légionnaires à l’affut. De nombreux Druzes restant encore dans le village, des renforts, demandés depuis le matin, étaient attendus pour nettoyer le village.

Au cours de ce combat, l’ennemi qui avait tout fait pour emporter ses morts, laissait cependant entre nos mains près de 300 cadavres et 8 drapeaux. Il avouait le lendemain avoir perdu 500 tués et 500 blessés.

Pendant la bataille, l’escadron avait subi des pertes sévères en officiers, gradés et légionnaires. Tous les animaux étaient tués, une grande partie des paquetages et du matériel avaient été pillés dans la journée du 17 par les Druzes. Le bataillon KRATZER, le 4éme escadron du capitaine HAUDRIAUX recevaient dans la soirée les témoignages de satisfaction du Commandement. Les Unités étaient proposées pour une citation à l’ordre de l’Armée.

Pertes du 4éme escadron du 1er REC :

1 officier tué sous-lieutenant DUPETIT

2 sous-officiers tués, les maréchaux des logis PRYMAK et SCHELMANN

13 gradés et légionnaires : BIRCK, BUSCHER, FOMINE, GORBATCHEFF, NOVIKOFF, PAVLOVSKI, REINHARDT, KOLOTININE, KOLESNIKOFF, KOSTRUKOFF, RICHTER, STREISSNIG, TCHERNIENKO

Blessés : 2 officiers, 2 sous-officiers et 21 légionnaires.

Chevaux tués : 165 et 18 mulets.



Pertes de la 5éme compagnie du 4éme Etranger :

2 sous-officiers tués : Sergent CASTIBLANQUE et DORRONSORO

18 gradés et légionnaires tués : BARANOFF, BARDON, BIGORAY, BOEKLE, CHAREFF, CONRAD, COSSE, GABREAU, GRAEPER, GUTTZAFF, GUZELY, JABOUR, KAISER, KOSJANESCO, KOVALSKY,RICHTER, TESSIER, ZANFIROFF

Pertes du Détachement du 1er Etranger :

1 sous-officier tué : sergent LOUKIANOVITCH

13 gradés et légionnaires tués : AUGSEN, CATTI, KARTZIVADSE, MAHMOUD ABDE, MEIHSEN, MONGRANDI, MULLER, RITTHALER, SOIKIN, STAHL, TABORIN, TESSIER

Au cours de la défense, les cavaliers de l’escadron se sont tenus au coude à coude avec leurs camarades de la compagnie du 4éme étranger. Ils ont fait preuve au combat de leur entrain, de la ténacité et du calme nécessaire devant l’attaque d’un ennemi brave et mordant.

Le 26 septembre 1925, message en provenance de l’Etat-Major de l’Armée Française du Levant (AFL) : Ordre Général N° 351 :

« Le général commandant en chef cite à l’ordre de l’Armée du Levant, le Bataillon de Marche de la Légion Etrangère (BMLE) : placés à un poste avancé de la colonne du Djebel Druze et attaqués le 17 septembre 1925, par un parti ennemi évalué à 3000 cavaliers et fantassins, ont tenu bon face à cette attaque poussée à fond et jusqu’au corps à corps. Ils ont infligé aux Druzes des pertes considérables et après 6 heures de lutte les ont contraint à se replier, abandonnant sur le terrain plus de 200 morts et laissant 8 drapeaux entre nos mains. »

A titre individuel, sont cités à l’Ordre de l’Armée :

- Capitaine LANDRIAU, lieutenant ROBERT, lieutenant De MEDRANO, lieutenant DUPETIT (tué à l’ennemi)

-Maréchaux des logis PRYMAK, PAVOLOTSKY et SCHELLMANN (tués à l’ennemi)

-Brigadier SCHKOULY, et légionnaire BERTIN

-à l’Ordre de la Division : 1 officier, 3 sous-officiers et 12 brigadiers et légionnaires

-à l’Ordre de la Brigade : 3 légionnaires

-à l’Ordre du Régiment : 1 sous-officier et 10 brigadiers et légionnaires

Un mois plus tard, le BMLE se couvrait encore de gloire à la bataille de Rachaya (400 tués chez les rebelles et 58 morts au combat du 4éme escadron). L’escadron reçu une citation à l’Ordre de l’Armée du Levant et la Croix de guerre des TOE, avec 2 palmes. C’est à ce titre que le port des fourragères au 4éme escadron est inversé par rapport au reste du Régiment.