BATAILLON  FORMANT  CORPS

 

Tandis que le RMLE se couvre de gloire en France, collectionnant les hauts faits, notamment dans les combats meurtriers qui se déroulent en Champagne, des Unités de Légion font la guerre au Maroc. Ce conflit est généralement ignoré ou peu connu.

Dans des contrées lointaines, comme sur le sol français, les combats sont rudes et glorieux. Au Maroc, en même temps que leurs camarades en Métropole, les légionnaires issus du 1 RE et du 2 RE, constitués en BFC (Bataillon Formant Corps), luttent avec des effectifs réduits, contre un adversaire fanatique et bien armé.

Sur ce sol hostile, les combats y sont fréquents, les marches longues et pénibles sous un soleil de feu, dans des régions inconnues, hostiles et du plus difficile accès.

L’ennemi, toujours aux aguets, rôde invisible autour des colonnes, des postes et attaquent les sentinelles, surtout la nuit. Il est partout présent, derrière chaque buisson, chaque rocher, prêt à fondre sur les isolés, les petits détachements, voire risquer un engagement plus sérieux avec un plus grand nombre de rebelles. Les combats sont acharnés et sanglants.

Le 2 janvier 1917, le Bataillon concentré à Taza, va opérer sur le territoire de Tadla-Zaïan. Il arrive à Kasbah Tadla le 27 janvier. Quelques jours après son arrivée, le Bataillon prend part aux opérations de ravitaillement du poste de Kénifra. Il quitte ensuite Tadla, au sein du Groupe Mobile, pour se porte sur El-Graar, puis sur Sidi-Lamine.

(Le Groupe mobile est composé de plusieurs éléments : tirailleurs, artilleurs et légionnaires)

Le 2 février, le Bataillon, aux ordres du commandant GIUDICELLI,  reçoit les premiers coups de feu des Zaïans. Après une journée pénible, obligé de manœuvrer sans cesse pour tenir à distance un ennemi très mobile, le Bataillon arrive le soir à Aït-Affi. Le 4 février, le Bataillon est à l’arrière-garde de la colonne formée par le Groupe Mobile. Le terrain est très accidenté et boisé. Les marocains se rendant compte des difficultés qu’éprouve la colonne, attaquent violemment le Bataillon, qui progresse sous le feu ennemi. Les premières hauteurs qui dominent la piste sont à deux kilomètres. Les légionnaires, par un feu précis et meurtrier, contiennent l’adversaire qui attaque l’arrière-garde et cherche à la séparer du convoi.

                            Combattants marocains à l’affut.

Arrivées au col Cazenave, la 1ére et la 3éme compagnie tombent dans une embuscade. Le sergent AURADA est tué. L’adjudant/chef MONTJOFFRE, l’adjudant BEAULIEU atteint de deux balles, le sergent PUCCEDI, et 8 légionnaires sont blessés.

Les légionnaires s’abritent derrière les rochers et ripostent par un feu précis, qui met les marocains en fuite.

Rentré à Tadla, le Bataillon est désigné pour entreprendre la construction du camp sud situé sur un petit mamelon de la rive gauche et au bord de l’Oum-er-Rebia. « Soldats et bâtisseurs ! ».

Les exercices et les escortes de convoi alternent avec les travaux. Le 28 avril, le Bataillon prend part à un nouveau convoi de ravitaillement sur Kénifra et termine en même temps les travaux de route entre ce poste et  Ait-Affi. La rentrée à Tadla s’effectue le 14 mai sans avoir été inquiété.

En septembre, le Bataillon reprend la protection des convois et les travaux sur route, jusqu’au 21 septembre.

Le Bataillon exécute ensuite une opération sur Rhorm-el-Alem, Kasbah située à 14 kilomètres au S-E de Tadla. Partis le 6 octobre à minuit, les légionnaires surprennent les chleus dans leurs douars. Un violent combat s’engage, et appuyés par l’artillerie (canons de 65m/m), les légionnaires les chassent dans les montagnes. Les chleuhs abandonnent sur le terrain leurs tentes et la majorité de leurs troupeaux.

                                         Prisonniers Zaïans

                CONSTRUCTION  DU  POSTE  DE  TIZI :

L’installation du bivouac sur le plateau de Tizi se fait sans difficulté. Divers éléments du Groupe Mobile vont occuper les hauteurs environnantes et forment un réseau de sureté.

Le lendemain, les travaux du poste principal et la construction  d’une route à flanc de coteau sont entrepris par la Légion. Le service des avant-postes est assuré par les tirailleurs. Une tranquillité parfaite semble régner. Mais le 13 octobre, à la pointe du jour, les marocains enlèvent un avant-poste par surprise. Les autres avant-postes, attaqués à leur tour, subissent de lourdes pertes. A partir de ce jour, une section de légionnaires est affectée pour la sécurité des avant-postes, en renfort des tirailleurs.

Le 15 octobre, à l’aube, la section de mitrailleuses du lieutenant PICARD, ainsi qu’une section de la 3ème compagnie, en avant-garde, sont attaquées. Elles refoulent les assaillants et leur fait subir des pertes sévères. Deux légionnaires seulement sont blessés.

Le 17 novembre, le mur d’enceinte du poste principal et la route donnant accès au plateau de Tizi, sont terminés. Le colonel THEVENET, commandant le secteur de Tadla-Zaïan, félicite les légionnaires pour l’œuvre accomplie.

Rentré à Tadla, leur base, les légionnaires achèvent la construction du camp et continuent à assurer des escortes de convois.

Terminologie Berbère :

                - Aït : ceux de …, les habitants  - Oum : la mère (langue maternelle)

                - Kasbah : cœur d’un village, fortifié ou non - Douar : petit village

                - Chleuh : Berbère, ou homme bleu

 

SOURCES :

                - JMO du 1er Régiment Etranger au Maroc

                - GALLICA et WIKIPEDIA

                                                                Le major (er) MIDY - FSALE -

                                                                  En charge de la mémoire