Gouache de monsieur Daniel Lordey

Dans cette terre chaude du Mexique, pour ces soldats français venus d’Afrique du Nord, chaque soir ils attendaient le lendemain avec calme et sérénité, sur le principe partagé qu’un lendemain ne pouvait être que radieux et chantant puisqu’il était fait pour parfaire la tâche entreprise la veille.

Dans cette région humide et chaude, nos soldats commençaient leur journée par des gestes lents et mesurés, l’un préparant le café, l’autre surveillant les alentours et celui-ci s’affairant à équiper les mules avant le départ de la compagnie. Chaque action entreprise le matin était conçue comme la suite de celle commencée la veille et l’amorce à entreprendre pour celle de demain… la routine !

Depuis qu’ils étaient partis de leur cantonnement pour remplir cette mission, dont seuls les officiers en connaissaient le but; chaque jour avait son lendemain, chaque lendemain son soir, de quoi préparer un nouveau lendemain… Les jours passaient inlassablement sans pour autant cesser les activités ce qui permettait aussi de dire qu’ils se ressemblaient.

Or, il advient qu’un matin, se détachaient en ombres chinoises dans l’horizon toute proche, un groupe de cavaliers mexicains en mouvement qui affichait une visible hostilité programmée et la mission secrètement gardée se révélait alors dans toute sa brutalité aux hommes du capitaine Danjou.

L’homme chargé de faire le café donna un grand coup de pied dans le chaudron ce qui déclencha le signal d’alerte, chacun compris que ce jour là serait probablement sans lendemain.

La commémoration du combat de Camerone nous unit, elle nous permet d’afficher nos valeurs et d’exprimer notre attachement à l’alchimie transportée jusqu’à nos jours  par "l’esprit de Camerone" présent lors de la cérémonie qui nous fait vivre cet instant impalpable et insaisissable du moment où la main du capitaine Danjou est sortie du musée pour être portée par un des nôtres.

Le jour du 30 avril, partout où se commémore le 154ème combat de Camerone; les légionnaires seront solidaires avec le sergent-chef (er) Van Phong N’Guyen et honorés de le savoir entrer dans la légende des  porteurs de la main.

More Majorum.

CM