Le décret N° 2005-547 du 26 mars 2005 a institué le 8 juin, journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » en Indochine. Cette date correspond à la date anniversaire de l’inhumation du corps du soldat inconnu d’Indochine dans la Nécropole Nationale de Notre-Dame de Lorette (Pas de Calais).

 

                       Message de Madame la Ministre de la Défense :

Ce texte a été proposé par Marie LARROUMET, docteur en histoire militaire, adhérente de l’amicale « Vert et Rouge », en poste au Ministère de la Défense, à la DMPA( Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives).

« Il y a 63 ans, les armes se taisaient en Indochine, mettant fin à un siècle d'épopée française en Extrême-Orient ainsi qu’à une guerre de huit ans commencée au lendemain de l’occupation japonaise.

Loin de leurs foyers, sur des terrains inhospitaliers, face à un adversaire insaisissable, sans cesse mieux armé et numériquement supérieur, les combattants du corps expéditionnaire français ont lutté inlassablement, avec une foi, une ardeur, un courage et un dévouement qui forcent l'admiration et imposent le respect.

Du milieu des rizières du Delta aux très nombreux postes isolés de la Haute Région, nos soldats ont livré quotidiennement des batailles anonymes, mais aussi des combats devenus légendaires comme ceux de la RC4, et bien d’autres dont les noms sont à jamais gravés dans nos mémoires. Enfin le 7 mai 1954, après cinquante-sept jours de résistance et de combats acharnés, les 15 000 défenseurs du camp retranché de Dien-Bien-Phu sont finalement submergés par les troupes vietnamiennes, bien supérieures en nombre, menées par le général Giap.

Leur sacrifice est immense. Leur tribut fut celui de la souffrance, du sang, et de la mort. De 1945 à 1954, près de 100 000 soldats de l'Union française tombent en Indochine. Plus de 76 000 sont blessés. 40 000 sont faits prisonniers dont 30 000 ne reviendront jamais.

L'éclat de leur bravoure, le panache de leur engagement, leur sens du devoir et du sacrifice suprême au seul service de la Nation ne rencontreront alors en métropole, que trop souvent, l'indifférence, parfois l’ingratitude.

Aujourd’hui, ne les oublions pas.

Qu’ils aient été parachutistes, légionnaires, tirailleurs, gendarmes, marins, aviateurs, médecins, infirmières, qu’ils aient été coloniaux ou métropolitains, tous sont « Morts pour la France », héros anonymes tombés au champ d’honneur, au détour d'une piste, dans la boue d'une rizière, dans un camp de prisonniers.

Que les combats de nos soldats en Indochine puissent rester gravés à jamais dans la mémoire du peuple français.

Dans un monde où la paix n'est jamais acquise, que le souvenir des exploits de nos combattants, la force de leur engagement pour la défense des valeurs universelles de Paix et de Liberté portées bien au-delà de nos frontières nous obligent et nous aident à rester debout, en citoyens libres, vigilants et déterminés.

Honneur aux combattants d'Indochine !"

Sylvie GOULARD

La perte du contrôle de la route coloniale N° 4 (RC4) est un tournant dans la guerre d’Indochine. La RC4 est une ancienne route de l’Indochine qui a eu une importance stratégique majeure pour notamment le ravitaillement et le transport des troupes.

 La Légion en opération.

 

La France y a perdu plus de 6000 hommes, dont plus de 400 légionnaires. Ces héros méritent le plus profond respect. Le Corps médical a accompli des miracles au péril de leur vie. Nous citerons en exemple un médecin-capitaine, dont la conduite fut héroïque.

                                   Médecin-capitaine  ASQUASCIATI  Roger  Félix-

                  -né le 09-10-1921 à Marseille (13)-

                  -admis le 10-10-1942 à l’école du Service de Santé-

                  -reçu docteur en médecine le 20-12-1947-

                  -nommé lieutenant le 31-12-1947, il est désigné pour servir en Extrême-Orient-

                  -affecté au 3 REI le 15-07-1948, il est promu capitaine le 01-01-1950-

                  -« Mort pour la France » le 07-10-1950, lors de l’attaque de Cao-Bang-

Cité à l’ordre de l’Armée (JO du 01-10-1949) :

« Médecin-Chef du sous-secteur de Dong Khé, est toujours volontaire pour accompagner les patrouilles et les détachements opérationnels. Le 10 avril 1949, avec le détachement qui partait en opération dans la plaine de Phuc Hoa-Ta Lung, dès le déclenchement de l’embuscade à Ban Nein (Tonkin), a immédiatement sauté de voiture, et malgré le feu violent de l’adversaire qui nous causait des pertes sévères, a prodigué des soins aux blessés avec le plus parfait mépris du danger, mettant lui-même à l’abri plusieurs blessés et ramassant les armes abandonnées, a contribué par son activité et ses soins avisés et rapides à éviter des pertes plus élevées. A fait l’admiration de tous. »

La présente citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre des T-O-E avec palme.

Citation accompagnant l’inscription au tableau spécial de la Légion d’Honneur, à titre posthume :(JO du 24-10-1951).

« Arrivé au Tonkin au mois de juin 1948 comme jeune médecin-lieutenant des Troupes coloniales. Affecté à Dong Khé en qualité de médecin de ce sous-secteur, s’était immédiatement distingué par ses qualités de dévouement et de la plus parfaite conscience professionnelle. Durant tout son séjour en Haute Région, n’avait pas cessé de se dépenser sans compter, partageant les fatigues et les dangers des combats sur des itinéraires semés de pièges et d’embuscades. Toujours volontaires pour accompagner les patrouilles d’ouverture de la RC4 et les détachements opérationnels, apportant des soins immédiats et avisés aux blessés sans aucun souci du danger, faisant l’admiration de tous. Affecté en qualité de médecin-chef au 3 REI à Cao Bang, a trouvé une mort glorieuse le 07 octobre 1950 dans le massif de Quang-Liet ( 10 kms au SE de Dong Khé), en se portant avec un splendide courage au secours des blessés. Restera pour tous un magnifique exemple de dévouement poussé jusqu’au sacrifice. »             

                  Sources : ONAC et SHD à Vincennes.                       

   Le Major (er) Hubert MIDY- FSALE- en charge de la mémoire.