Cette première guerre mondiale avait, dès ses premiers jours, donné aux soldats français le sentiment qu’ils allaient vivre un événement historique très bref; nul ne pouvait à l’époque prévoir la durée de la guerre. Cinq ans plus tard, au moment de la signature de l’armistice, les acteurs de cette horrible “boucherie des tranchées” ont cherché à expliquer cette guerre en la racontant telle qu’ils l’ont vécue. Il semble bien qu’elle était incompréhensible pour le Français moyen et que ce dernier était bien incapable d’expliquer comment ce conflit avait commencé. Mais vouloir à tout prix ne publier que les lettres des soldats consentants, trouble la réalité au détriment d’une vision qui mettrait en sourdine les contraintes exercées par le pouvoir militaire et civil avec les exemples d’insoumission de nombre d'entre eux. Cette image s’est renouvelée quelque 21 ans plus tard, en particulier en Allemagne où certains allemands ne souhaitaient pas, par conviction religieuse ou politique, endosser l’uniforme. Ceux-ci n'avaient de commun avec ceux-là « que » le fait d'être fusillés pour l’exemple...

   

Je suis bien curieux de voir comment intéresser nos jeunes aux témoignages des poilus maintenant disparus, en séparer le grain de l’ivraie, éliminer les “faux discours” et prendre chaque récit pour ce qu’il est : le retour d’expériences des soldats qui expliquent avec leurs mots, leurs émotions marquées par l’horreur, ce qu'ils ont vécu en ayant conscience que chaque lettre, chaque journal écrit au front, ne représente, en fait, qu’une vision parcellaire de ce qu’on ne sait ou ne peut pas toujours raconter.
Les historiens-écrivains commencent tous leurs articles en affirmant que la mobilisation du début de la guerre s’était faite dans le cadre de la Nation, de ses valeurs et de ses ressorts avec une mention particulière pour le devoir envers la Patrie.

C’est ce qui explique sûrement le courage, l’esprit d’abnégation et de sacrifice dont la grande majorité des soldats firent montre pendant cinq ans.


Qu’en restait-il à la fin de 1918, au moment de la fin de ce conflit qui a fait 1 400 000 morts, tombés sous l’uniforme français. Les soldats rendus à la vie civile étaient désemparés, ils trouvèrent leurs régions dévastées, les infrastructures agricole et industrielle détruites, c’était pour beaucoup d'entre eux, une nouvelle vie qui était à reconstruire.
Au cours d’une de mes lectures sur le sujet, je suivais les questions qui étaient posées aux soldats napoléoniens sur leur capacité à appréhender le danger qu’ils vivaient et je constate aujourd'hui, qu'il existe une certaine similitude avec celles qui pourraient être posées aux poilus : « Comment un homme réussissait-il à faire face à une mort certaine sans éprouver le réflexe de se dérober ? – Comment les soldats du premier rang pouvaient-ils monter à l'assaut sachant très bien que le premier rang serait anéanti par la fusillade ennemie ? – Comment pouvaient-ils tenir, immobiles, à subir le feu d’une artillerie pendant plusieurs heures avant d’entrer en action ? – Comment un soldat réagissait-il voyant ses camarades tomber autour de lui et comment pouvait-il combler les brèches sachant qu’il serait le prochain ? ».
Autant de questions communes aux guerres napoléonienne à celles de 14 – 18, que se posaient sur la manière d’affronter la mort et que le seul culte de l’Empereur ou la volonté de porter les idées révolutionnaires ne me semblaient pas raisons suffisantes…
Décidément, l’histoire est une éternel recommencement… Qu’en sera-t-il de la prochaine guerre qui semble se dessiner, qu’elle forme prendra-t-elle ? Par contre il y a suffisamment de motifs réunis pour qu’au contraire de la Grande Guerre, le Français moyen saura ce qui a provoqué son déclenhement…


Rendez-vous sur objectifs! Un certain pessimisme se fait jour (pessimiste : un optimiste qui a de l’expérience…). Il est impossible de ne pas y pense, mais, au regard de ce qu’ont été les conséquences de cette guerre de 14 - 18 et du monstre Nazi en 39 – 45, qui s’en suivi, on est en droit de douter de la nature de l’homme, ce bon sauvage comme le pensait Jean-Jacques Rousseau

CM