Question posée par un légionnaire à un candidat à la présidence de la République française en visite au moment de Noël en Côte d’Ivoire à Abidjan : « Il est plus aisé de faire valoir ses droits à la naturalisation pour un étranger arrivé légalement ou illégalement en France que pour un légionnaire blessé au combat. Qu’en est-il ?
Lorsqu’un jeune étranger, tout comme un Français, débarque à Aubagne (Bouches-du-Rhône), à la « maison mère » de la Légion étrangère, pour s’engager, il doit naviguer entre tests médicaux et physiques. Si le candidat est retenu, il rejoint pour quatre mois d’instruction le 4ème Régiment Etranger de Castelnaudary (Aude). Cette période est redoutée. En référence aux anciennes exploitations agricoles sur lesquelles se déroulent les « classes » ; le premier mois est surnommé « mois à la Ferme », on appelle cette formation le creuset d’assimilation où : « l’engagé volontaire, pas encore légionnaire, apprend les mots élémentaires du français en même temps que les usages de base du pays. Tenir une fourchette, il dort très peu et les instructions militaires sont très intenses. Le plus important restant l’acculturation. Le Kazakh doit s’entendre avec le Colombien ? ainsi en est-il au combat. »
Bref, pour obtenir son képi blanc est se dire légionnaire, l’engagé volontaire doit effectuer une marche de soixante kilomètres avec trente kilos d’équipement sur le dos. Les classes se terminent après un raid d’une semaine alors, seulement, il rejoindra son régiment d’affectation. Le 4 « livre » un tout autre homme en parfaites formes tant physique que morale.
Au bout de trois ans de service, durant lesquels il aura pu participer à des opérations extérieures, le légionnaire servant à titre étranger peut seulement demander la nationalité française.
Un constat : Depuis 1999, le légionnaire blessé au combat peut être naturalisé grâce à la loi dite « Français par le sang versé », gros combat de la FSALE qui est à l’origine, d’une initiative parlementaire. L’exposé des motifs justifiait ainsi cette proposition de loi : « Alors que l’acquisition de la nationalité française est désormais facilitée par le principe de l’acquisition automatique, le seul fait de se battre pour la France et de verser son sang ne serait pas pris en compte. » Après un débat animé, notamment avec Élisabeth Guigou, garde des Sceaux de l’époque, qui dans un premier temps avait rejeté cette proposition pour finalement s’y rallier, la loi avait été votée à l’unanimité.
Un constat s’impose cependant : En dehors des murs d’enceinte des régiments Légion, la nationalité française peut s’obtenir plus rapidement. Ainsi un individu peut devenir français, même s’il est né de deux parents étrangers. L’acquisition de la nationalité française par décret nécessite, dans le cas général, une durée minimale de séjour régulier de cinq ans sur le territoire français, elle fut ramenée à deux ans pour les étrangers ayant exercé « une profession particulièrement exposée ou indispensable à la continuité de la nation pendant la période de crise sanitaire » (agents d’entretien, de sécurité, aides à domicile, etc.), et ce : « en reconnaissance de l’engagement des ressortissants étrangers pendant l’état d’urgence de la Covid-19 ».
Il n’est surtout pas question ici de faire la moindre polémique, nous nous refusons de faire nos remarques habillées d’une chape religieuse, politique ou autres, mais la FSALE étant à l’origine de cette loi « français non par le sang reçu, mais par le sang versé ! » se devait de regarder comme un simple constat la considération qu’accordait à un légionnaire son pays d’adoption pour lequel il est prêt à lui donner sa vie.
CM