Je comprends très bien que certains d'entre nous n'ont aucun besoin d'améliorer leur culture et curiosité en fréquentant les réseaux sociaux. AM se lance dans une réflexion-constat qui mérite qu'on s'y attarde, au moins pour un petit moment de lecture qui se résume à conclure "un mépris profond, seul bouclier contre ce genre de dysfonctionnement social".
Pour l'heure, je suis particulièrement impressionné par la qualité des réponses que font nos visiteurs sur notre page de la FSALE sur Facebook et je reconnais ne pas rencontrer ce genre de nuisance au point de penser que tout n'est pas perdu dans ce monde où "les bestiaux ont plus d'humanité"... Bonne lecture !
CM
Les bestiaux ont plus d’humanité:
Les écrits sur les portes des toilettes publiques sont, peut-être, le plus ancien signal de dysfonctionnement social dont je me souvienne. Je me suis toujours interrogé sur les motivations de certaines personnes qui s’adonnent à ce sale travail, mais au fur et à mesure que j’ai connu mes contemporains, j’ai identifié le pouvoir des frustrations et l’attrait de l’interdit qui mènent l’être humain (?) à rejoindre ce qu’il est réellement, quand l’isolement lui garantit l’impunité, ravivant ainsi, le castrateur désir de briser les règles et descendre dans les bas-fonds où s’abritent les sentiments les plus obscurs. Dans ma jeunesse, sous le régime salazariste, j’avais lu cette injonction sur la porte de toilettes publiques « à la turque » : « Elevez votre niveau de vie : déféquez debout ! ».
Ma fréquentation, certes rares, des terrains de football et le suivi des matchs à la télévision dans mon ailleurs m’ont ramené à la réalité d’un monde étrange et pervers habité sans doute par des gens d’autres planètes, qui haïssent la générosité, la gentillesse ou les simples bonnes manières, dédaignent l’abstention, l’équilibre, ignorent la raison et méprisent la vérité ; ils recourent à l’insulte et à un invraisemblable et inépuisable arsenal de grossièretés, grâce auxquels par moments, ils se débarrassent des complexes d’infériorité, et se placent, croient-ils, au niveau des insultés. C’est leur façon de s’élever dans la vie et de tromper un plan incliné savonneux qui, au contraire, les fait glisser de plus en plus bas, vers leur abîme moral.
Les réseaux sociaux donnent un nouvel élan à cette lâcheté et l’anonymat – dont les blogs bénéficiaient déjà – a incité quelques centaines, milliers (?) d’anormaux et de complexés inguérissables, à tremper leur clavier dans le fiel et dans l'acide et à répéter sur le net ce qu’ils font sur les terrains, sur les portes des toilettes et ailleurs : insulter les plus qualifiés, tenter de salir ceux qui n’ont pas l’heur de leur plaire et qu’ils ne peuvent atteindre de leur bave crapoteuse, agresser les sans défense, caillasser à tout va. Imiter le Diable et défier Dieu. Ce ne sont pas des humains.
Il n’est que de lire les commentaires laissés ici et là au bas de blogs de toute sorte ou sur des pages de facebook même dans les groupes les plus "intimistes" et confidentiels. Parfois 6, 7, 8 sur 10 de ces perles littéraires contiennent des mots offensants, des insultes, destinés à d’autres commentateurs dont l’avis est différent ou au blogueur lui-même, parfois à d'autres. Souvent les auteurs de ces insanités s’étonnent de les voir censurées ou tout au moins vilipendées et ne pas recevoir de réponse soit du blogueur soit du commentateur pris pour cible, et ceci à l’aide d’un vocabulaire spécifique dont ils sont devenus maîtres. Il ne faut pas manquer d’air !
Ces marginaux, nombreux, exhibent d’authentiques signes d’une réelle spécialisation. Deux exemples. Le premier est la facilité avec laquelle ils changent de pseudonyme et d’adresse électronique, faisant obstacle à une éventuelle identification, à toutes fins utiles – bien sûr, ils ne sont pas totalement idiots – comme ils nous empêchent de nous débarrasser d’eux : bloqués aujourd’hui ils réapparaissent demain, sous d'autres traits, poussant comme des champignons, se reproduisant comme les poux de pubis, enfin... des morpions! L’autre signe est dur et consiste dans l’offense, aussi cruelle que leur imagination peut la concevoir, envers la famille de l’offensé, dans l’intention de l’atteindre où cela peut faire le plus de mal.
Le mépris profond est le seul bouclier protecteur qui reste aux innocents.
AM