Malgré les réticences initiales, le sentiment de défendre l'Europe constitutionnelle en soutenant Isabelle II contribue à donner une assise idéologique à l'engagement de la Légion. Le Chant de la Légion étrangère en Espagne, composé par le sergent-major Hippolyte Bon, illustre ce sentiment nouveau : (Espagne 1835) :

 

Nobles proscrits, ennemis des tyrans,
Réfugiés de tous les points du monde ;
La liberté vous ouvre d'autres champs,
Où le canon d'un peuple libre gronde.
Son bruit par l'orage,
Ebranle la vieille Ibérie.
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.


Au premier rang, Polonais généreux !
Marchez,
l'honneur vous vit toujours fidèle :
Pour vous guider, déjà du haut des cieux,
Votre aigle blanc a déployé ses ailes.
La vierge libre a répété,
En abandonnant Varsovie :
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.


Enfants du Rhin, si fiers d'être Français,
En vain les rois ont posé des barrières ;
Rappelez-vous qu'en des jours de succès
La France libre avait d'autres frontières.
L'arbre du peuple est replanté
Guerre à mort à la tyrannie !
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.


Du Sud au Nord, bravant tous les climats,
O Légion ! tu portes ta bannière,
Quand l'univers connaîtra tes soldats,
Tu dois enfin cesser d'être étrangère ;
Tes fils auront droit de cité
Sur une terre rajeunie ;
Tous les peuples en liberté
Leur offriront une patrie.

 

Néanmoins, très vite, les légionnaires vont prendre conscience de la complexité de la situation politique espagnole qui ne peut se résumer à l'affrontement entre les Carlistes et les forces fidèles à Isabelle II.