Un soleil de plomb,
Un petit vent sur le goudron,
Quelques aéronefs garés, Des hélicoptères
À l’avant bâché. Quelques civils, quelques militaires,
Un dizaine d’hommes s’affairent. L’avion va pouvoir décoller,
A Libreville nous allons retourner.Quelques officiers discutent sous le hangar,
Il ne faut pas partir trop tard, Le voyage sera encore long :Quelques
Hommes à récupérer, Sur d’autres pistes encore se poser, Et
Bientôt le dernier saut, le dernier bond. Un fleuve
Juste à côté du camp, ne frontière naturelle
Mais peu de champs, Bien plus
Au nord c’est le désert,
Là-bas rochers
Et sable remplacent
La terre, des limites si mouvantes,
Des caravanes qui serpentent.Ici, plus de signe
Des récents soubresauts, Des tirs, des combats, des derniers
Assauts, Une machine goudronne un rond-point, Des feux tricolores
Apparaissent de loin en loin. La vie a repris son long cours,
Le soleil est celui des beaux jours. Le palais présidentiel
Est bien gardé, Les soldats sont prêts, bien armés.
Au loin des cuves attirent l’œil, Aux
Alentours, plus d’arbres, plus de
Feuilles, Le sanctuaire de la « Gala »
La bière élaborée ici-bas. Il est enfin temps de se
Rassembler, Le convoyeur vers l’avion va nous guider.
Les moteurs sortent de leur sommeil, Les employés étendus à l’ombre
Se réveillent. C’était juste un petit passage, L’itinéraire d’un vieil enfant pas très Sage,
Au retour d’une mission, Après avoir inspecté une opération. Le Tcha de mes souvenirs, A
bien changé en quelques années, il était bien pire. Au revoir N’Djamena, au revoir
belle journée.
E.H. 19/11/2009
En juin 1982, le Gouvernement d’Union Nationale du TCHAD (GUNT) du Président Goukouni Ouedaye a été renversé par Hissène Habré.
En juin 1983, le GUNT, appuyé par des avions libyens, inflige une sanglante défaite à Hissène Habré qui demande l’aide de la France.
L'opération Manta est une opération militaire française qui s'est déroulée au Tchad entre 1983 et 1984 dans le cadre du conflit tchado-lybien.
Le 21 juin 1983, les forces coalisées du GUNT, précédant d'importantes unités des forces armées libyennes, franchirent la frontière tchadienne et se lancent à travers le désert. Leur objectif N'Djamena, la capitale d'un État déchiré par vingt années de guerre civile.
Faya-Largeau tombe aux mains des Libyens qui s’empressent de transformer la palmeraie en base militaire. Le président Hissène Habré est en situation critique.
Le 31 juillet 1983, le gouvernement tchadien reprend Faya-Largeau.
Mais devant l’intervention de l’aviation libyenne, Hissène Habré demande l’aide de la France.
Le 9 août 1983, lorsqu'il devient clair que la souveraineté du Tchad est en danger, le président François Mitterrand décide d'envoyer 3 000 soldats sur place.
Le 10 août 1983, l'opération Manta débute par l’envoi de 314 parachutistes français à N'Djamena, à la demande du président Hissène Habré, après l'intervention des forces libyennes aux côtés des partisans de Goukouni Oueddei dans le nord du Tchad. Elle a pour vocation à empêcher l’ingérence libyenne. Leur mission est claire : tenir le 15ème parallèle, arrêter et repousser les offensives ennemies au-delà du 16ème parallèle, l’armée française intervenant en soutien des forces gouvernementales tchadiennes. Le 1er R.E.C. intervient également.
Cette opération mène au partage du pays en deux, à hauteur du 16ème parallèle afin de séparer les belligérants tchadiens et libyens. Le 8ème RPIMa, intervient de chaque côté du 16ème parallèle face au Gouvernement d'Union National de Transition.
L'opération est baptisée Manta. Elle mobilise notamment quatre avions "Mirage F1 et six Sepecat Jaguar. Les Français sont appuyés par les forces militaires de la République Démocratique du Congo, qui se nomme Zaïre à l'époque. Les 3 000 rebelles de Oueddei et les soldats libyens sont contraints de se replier sur la bande d'Aozou.
22 août 1983 : le commandement des éléments français au Tchad (COMELEF MANTA) est le général Jean POLI. Il arrive à N’Djaména avec 80 commandos de l’Air.
Cinquante jours plus tard, après que la France et les Etats-Unis eurent commencé de fournir à l'armée d'Hissène Habré un soutien logistique, une compagnie de parachutiste d'infanterie de marine franchit à son tour la frontière. Officiellement pour instruire les FANT (forces armées nationales tchadiennes), trop peu nombreuses et trop peu armées pour arrêter l'envahisseur.
Ce faible effectif se transforme, en deux mois, en un groupement de près de 3 000 hommes, dont de nombreux légionnaires, appuyés par une vingtaine d'hélicoptères de combat et une trentaine d'appareils de l'armée de l'air et de l'aéronautique navale, soutenus par les éléments d'assistance opérationnelle de la République Centrafricaine où s'était installée la base arrière.
La France, bonne fille, vole au secours d’Hissène Habré qui fut pourtant le ravisseur de madame Claustre et l’assassin du commandant Galopin, envoyé pour négocier. Elle a pour vocation à empêcher l’ingérence libyenne. Le 1er R.E.C. intervient également avec un peloton d’AML 90 Panhard du 2ème escadron qui débarque. Un second peloton du 1er R.E.C. est aérotransporté sur Abéché le 19 août. Le lendemain, l’intégralité du 2ème Escadron rejoint N’Djamena.
- Le 2ème escadron du 1er R.E.C. est placé en avant-garde du dispositif ; avec ses AML, il sillonne l’est du pays, dans la région de Biltine, Abéché, Arada et Iriba.
6 septembre 1983, les Forces armées nationales tchadiennes (FANT) commandées par Idriss Deby, le ‘’ComChef’’ d’Hissène Habré, détruisent à Oum-Chalouba plusieurs colonnes du GUNT dont les pertes sont estimées à 300 morts.
De novembre 1983 à mai 1984, le 2ème R.E.P. retrouve le Tchad. Son chef de corps, le colonel Janvier, est également le commandant du détachement Manta-Echo ; basé à Biltine (COMDET), Abéché et Arada. La 3ème compagnie du capitaine Fraye, jusqu’ici à Bangui, en République Centrafricaine, rejoint le régiment dans l’axe est. Le régiment est regroupé autour du P.C. du colonel Janvier, à l’exception de la 4ème compagnie du capitaine Blevin, implantée à Ati, et d’une compagnie détachée à tour de rôle à N’Djamena.
24 janvier 1984, au cours d’une mission opérationnelle de reconnaissance au-dessus d’éléments hostiles, le Jaguar du capitaine Michel Croci est abattu à Torodum (dans la zone (Oum Chalouba) par un canon antiaérien ZSU 23-2.
En janvier 1984, le 3ème escadron du 1er R.E.C. relève les Hippocampes du 2ème escadron. Pour la première fois, les AMX 10RC sont engagés dans une opération.
7 avril 1984, neuf sapeurs parachutistes du 17ème R.G.P., en mission de reconnaissance vers Kalait Oum-Chalouba, sont tués par l’explosion d’un obus de 90 mm.
La force d'intervention "Manta", la plus importante que la France ait envoyée outre-mer depuis la fin de la guerre d'Algérie, a mis en place un important dispositif dissuasif auquel, jusqu'à maintenant, les forces en présence ont évité de s'affronter. Marsouins, Bigors, légionnaires, parachutistes qu'accompagnaient des spécialistes venus de dizaines de régiments « montaient la garde dans un décor fascinant où la beauté des paysages le dispute à la nostalgie des grands anciens (sic). Les images rapportées par les reporters photographiques des armées sont un vivant témoignage de leur présence. »
En presque dix-huit mois, les forces terrestres de l’opération Manta n’ont pas livré de combat majeur. Sa principale action a été, en arrière des troupes tchadiennes, d’éviter une attaque massive des armées libyennes. Par sa seule présence, elle a évité bien des combats. Mais les légionnaires auront été partout sur le territoire ; ainsi, les deux escadrons du Royal Etranger ont parcouru près de 120 000 kilomètres pendant l’opération Manta.
L'expansion militaire de la Libye est alors cassée par les opérations militaires et son armée est mise en déroute. Défait militairement, en avril 1984 le colonel Kadhafi accepte de négocier et un accord de retrait bilatéral est obtenu en septembre 1984.
En 1984: un accord de non-agression est trouvé avec le colonel Kadhafi.
Le 17 septembre 1984, l'accord de retrait mutuel des troupes est annoncé. Hissène Habré se rend immédiatement au palais de l'Elysée pour réclamer le maintien des troupes, que le président François Mitterrand lui refuse. Le dispositif de l’opération Manta est allégé.
- Après six mois de veille face au 16ème parallèle, le 2ème R.E.P. rentre à Calvi.
L'opération Silure est montée en octobre 1984 pour le désengagement des troupes françaises de l'opération Manta. Des sous-officiers interprètes du 2ème R.E.P., parmi lesquels l’adjudant Belmont, sont intégrés dans les équipes d’observateurs chargées de surveiller le retrait libyen.
- Avec 158 militaires français morts au cours d'Opex dans ce pays dont 93 « morts pour la France » entre 1968 et 2011, le Tchad est, à égalité avec le Liban, au premier rang des pertes militaires françaises en opérations extérieures depuis 1983.
Jean BALAZUC
Juin 2023
Sources principales
Légionnaires parachutistes de Pierre Dufour-Editions du Fer à marquer-1989.
Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion 1999.
La Légion au combat – 40 ans d’opérations-Képi Blanc- juillet 2005.
Site des Troupes de Marine.
Wikipédia
Janvier Bernard, né le 16 juillet 1939 à La Voulte-sur-Rhône. Admis à l’école militaire interarmes à Coëtquidan, le 1er octobre 1958, en qualité de saint-cyrien, promotion général Bugeaud, Le 1er décembre 1960, il rejoint le centre de perfectionnement des cadres de l’infanterie n° 2 à Philippeville en Algérie, puis il est affecté à compter du 1er janvier 1961 au 1er bataillon du 1er régiment des tirailleurs en qualité de chef de commando. Il est blessé le 14 décembre 1961 à Aïn Ogra (Algérie) par éclat de mine. Chef de corps du 2e R.E.P. à Calvi, en 1982, il participe à la tête de ce régiment à l’opération Epaulard, dans le cadre de la force multinationale de sécurité d’août à septembre 1982, à Beyrouth, chargé d'exfiltrer le président Arafat. Il est promu au grade de colonel le 1er octobre 1982. Il participe ensuite à l’opération Manta au Tchad, comme commandant du groupe interarmes de janvier à mai 1984 installé à Biltine. En mai 1990, il commande l’opération Requin à Port-Gentil au Gabon. Il commande la 6e D.L.B. Du 7 février au 30 avril 1991, il commande la division Daguet en Arabie saoudite, puis en Irak[]. À ce titre, il a sous son commandement 4.300 soldats américains. Il est promu général de division le 1er avril 1991. Il reçoit le 1er mars 1995, le commandement en chef de la force de paix des Nations Unies pour l’ex Yougoslavie et simultanément, il assure les fonctions de commandant en second de la force de mise en œuvre du plan de paix en Bosnie (IFOR)[]. Il reçoit sa cinquième étoile le 1er juillet 1998 et rejoint la 2e section des officiers généraux le 1er janvier 1999. Grand officier depuis 1996. Commandeur de l’O.N.M. en 1990. Titulaire d’une citation à l’ordre de l’armée avec croix de guerre des Théâtre d’opérations extérieurs, et de cinq citations avec croix de la Valeur militaire dont une, à l’ordre de l’armée.
Beck Philippe, né le 24.07.1965 à Amnéville dans la Mosell.e-57 ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984
Blevin, capitaine légionnaire parachutiste, commandant la 4e compagnie du 2e R.E.P. implantée à Ati de novembre 1983 à mai 1984.
Croci Michel Bernard, né le 26.07.1944 à la Laude, Montmartin-sur-Mer dans la Manche ; son Jaguar est abattu à Torodum, lors de l’opération Manta au Tchad ; mort pour la France le 25.01.1984.
Fraye, capitaine légionnaire parachutiste, commandant la 3e compagnie du 2e R.E.P. Implantée à Bangui en République centrafricaine, elle rejoint le régiment au Tchad en novembre 1983.
Goffin Éric Roger, né le 23.10.1963 dans le Paris-14e arrondissement ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Horvath Etienne Georges Jules, né le 12.06.1963 à Maubeuge dans le Nord-59 ; sapeur caporal parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Labro Philippe Bernard François, né le 07.11.64 à Vannes dans le Morbihan-56 ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Morando Raoul Robert, né le 26.03.1963 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône-13 ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Poli Jean, né à Lyon le 30 juin 1929 : admis à l’école militaire interarmes à Coëtquidan, le 1er octobre 1950, en qualité de saint-cyrien ; il fait carrière dans les Troupes de Marine, dans les troupes parachutistes ; général de brigade en 1982 ; le 22 août 1983, il prend le commandement de l’opération Manta ; général de division en 1985 ; commandeur de la Légion d’Honneur ; il cesse d’activité en 1988. Décédé le 17.02.2019.
Rehal Laurent, né le 07.02.1965 à Toulouse dans la Haute-Garonne-31 ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Roussel Bruno, né le 01.12.1964 à Strasbourg dans le Bas-Rhin-67 ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Turpin Philippe Jean-Pierre René, né le 05.08.64 dans le Paris-14e arrondissement ; sapeur parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.
Ungar Gilles André Lucien, né le 07.04.61 à Nancy dans la Meurthe-et-Moselle ; sapeur caporal parachutiste du 17e R.G.P. ; mort pour la France à Oum Chalouba le 7 avril 1984.