"Noël Légionnaire, souvenir d’enfance…
L’enfance est un monde universel qui ne vieillit pas. Paul, jeune légionnaire la retrouve, comme si elle ne l’avait jamais quitté. Elle était restée à jamais cachée au fond de sa mémoire ; il revoyait un jardin fleuri, les noisetiers où il combattait les ennemis venus de la brousse, le vieil hangar où il prenait des planches de caisses pour tailler ses fusils. Il était convaincu que s’il revoyait en images les tranchées de Verdun et les départs vers l’Orient sur un croiseur de cageots empilés que battaient les vagues de la prairie bourdonnante d’insectes, c’est qu’il n’en était jamais éloigné.
De son enfance, Paul retenait également qu’il était passionné par les objets miniatures et sa visite à Aubagne au pays des santonniers l’enchantait. Il était très sensible à la délicatesse de ces artisans, considérant que la miniature était une des plus fines et des plus subtiles créations de l’homme. Ses « petits-soldats » étaient pour lui un trésor et ses petits légionnaires, courageux et hardis à souhait, engagés pour vaincre, se sortaient toujours de situations délicates, ils les récompensaient en les plaçant parmi les personnages de la crèche familiale.
Cette crèche de Noël qu’il avait retrouvé avec grand plaisir lors du Noël légionnaire, grand moment d’émotion et de cohésion autour de la famille légionnaire resserrée sur elle-même. Il se remettait en mémoire les écrits de François Sureau : « une famille jetée sur les routes, des bergers en transhumance, des rois mages, la sainte famille passait lentement de maison en maison, d’auberge en caravansérail, s’entendant dire qu’il n’y avait pas de place pour elle. Puis, rejetée de partout, elle arrivait à un petit fortin aux extrémités de la ville. Joseph frappait à la porte. Et une voix à l’accent rugueux, d’un légionnaire répondait simplement : « Vous pouvez entrer, ici, c’est la Légion. »
Noël, pour chaque légionnaire d’où qu’il vienne et peu importe la foi qu’il professe, trouve à la Légion, avec les crèches des Unités, une consolation, un esprit de solidarité à la mesure de sa sensibilité qui ne peut trahir ses rêves d’enfance.
Joyeux Noël familial et légionnaire !
Texte Christian Morisot, illustration Louis Perez Y Cid