Face aux célèbres "Amazones"
1892 : Dahomey, actuel Bénin, l’intervention française a la même origine que celle du Tonkin : la défense de son commerce.
Le Dahomey est un pays tropical au sol recouvert d’une végétation luxuriante et très dense où la pénétration est extrêmement difficile en dehors de sentes étroites qu’il faut élargir au coupe-coupe…
Chaleur et obstacles naturels rendent la marche lente et exténuante. Un constat, les troupes de Béhanzin ne sont pas de vulgaires bandes, mais une véritable armée, bien instruite, bien équipés de fusils modernes pour l’époque. La particularité de cette armée est de posséder des femmes guerrières extrêmement braves, bien entrainées et qui forment un véritable corps d’élite.
L’Histoire du Dahomey commence en 1892, à Ouidah, où deux factoreries sont implantées, la française, superbe magasin et l’allemande concurrente. Existait également une importante construction, solide muraille de bambous : « la Douane ».
« La Douane » appartenait au roi du Dahomey, Béhanzin. Il s’agissait d’un stock de « marchandises » entreposées, en fait, il s’agissait d’hommes et de femmes, une chaine rivée à leur cou et attachés à de très solides barres de fer. Ils étaient embarqués sous l’étiquette : « Engagés volontaires », avec des papiers en règle pour des destinations inconnues.
En ce mois de d’août 1892, une très mauvaise entente s’affiche entre la France et le roi Béhanzin qui est persuadé que la France avait cessé d’exister depuis la guerre de 1870 et s’irritait de voir encore des commerçants français sur son territoire. La firme allemande acheminait vers Abomey, capitale de Béhanzin, des canons, des fusils et des munitions.
Il fallait réagir à cette situation, la France avait finalement décidé d’envoyer un corps expéditionnaire de 4 000 hommes sous les ordres du colonel Dodds, parmi ceux-ci : 800 légionnaires commandé par le commandant Faurax.
Le célèbre casque colonial.
C’est ainsi que les légionnaires arrivèrent à Porto-Novo, capitale du royaume aux limites, mal définies, sur le territoire du roi Tofa un ami de la France.
Défilé du corps expéditionnaire devant l'autorité locale...
Tofa se présenta au commandant Faurax jambes et pieds nus, pagne serré à la ceinture, redingote à l’européenne couverte de broderie avec sur la tête une casquette d’officier de Marine portant son nom.
Le roi était devant son palais, une maison blanche modeste qui possédait de vastes dépendances, notamment un harem de cent cinquante épouses…
Tel se présentait l’allier de la France, de qui le colonel Dodds obtint les moyens de transport sans lesquels la marche était impossible.
Une progression très difficile.
La Légion se mit en marche à raison de 7 kilomètres par jour. Elle arriva onze jours plus tard à Dogba et y installa un camp. Ce dernier était minutieusement installé, à l’Ouest les canonnières et sur la rive gauche les tentes en carré.
Comme les légionnaires romains
Dans la nuit, un poste de garde distingua des ombres dans l’obscurité. L’alerte est donnée, immédiatement les guerriers de Béhanzin se ruèrent à l’assaut.
Effectivement, il se passe quelque chose...
En moins de deux minutes les légionnaires étaient sous les armes, seuls quelques assaillants pénétrèrent dans le camp, les autres furent fauchés. Le commandant Faurax fit sonner la charge : « En avant la Légion ! ».
Une vraie puissance de feu !
A 05h12, le commandant Faurax s’affaissait, touché à mort.
Une attaque maitrisée...
L’attaque se termina à 09h00, les assaillants disparurent dans la forêt… Plus de mille cadavres dont ceux de femmes jonchaient les hautes herbes.
Une manière d'éviter une épidémie...
Béhanzin se replia vers sa ville sainte et décida, malgré les conseils de ses féticheurs, d’entrer en contact avec ces « Blancs » du corps expéditionnaire en envoyant des émissaires avec qui, le colonel Dodds palabrait.
L’entrée à Kana, la ville sainte de Béhanzin eut lieu le 6 novembre. Les légionnaires et les autres troupiers découvraient les sanctuaires fétichistes, les statues et statuettes, tous plus horribles les unes des autres, de nombreux crânes et ossements ainsi que des objets magiques très inquiétants au point que les porteurs de l’expédition refusaient de les regarder.
Le corps expéditionnaire pénétra par la suite dans Abomey, le 16 novembre sans coup frémir. Le 18, Dodds proclama la déchéance de Béhanzin et invita les populations à reconnaître le protectorat de la France. il regardait avec reconnaissance ses troupes épuisées qui avaient été aux prises de 20 000 ennemis fanatisés, il déclara et télégraphia au Ministre de la Guerre en parlant des légionnaires : « Je n’ai jamais eu l’honneur de commander à de plus admirables soldats, on peut tout leur demander ».
CM
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