À la fin de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles comportait la partition de l’Empire ottoman et la création de nouveaux États : la Syrie et le Liban. Suite à ces accords, les troupes françaises stationnées en Cilicie vont mener de durs combats contre les forces turques. Les troupes françaises de Syrie seront également mises à contribution et mèneront des opérations de pacification.
Le général Édouard de Castelnau plaidera à la Chambre des députés pour la création d’une médaille commémorative de Syrie-Cilicie en ces termes :
« Il est juste que l’on sache que les combattants de Syrie-Cilicie sont du nombre de ces braves qui portent haut, en Orient, le drapeau de la France. Une médaille commémorative est aussi justifiée, pour le moins, que la médaille de Madagascar ou du Maroc. »
La loi du 18 juillet 1922 institue une médaille commémorative pour l’armée du Levant, « destinée aux seuls militaires et marins ayant pris part, depuis le 11 novembre 1918 et jusqu’à une date qui sera fixée par décret, aux opérations militaires exécutées en Syrie et en Cilicie ».
Le décret du 12 septembre 1922 fixe au 20 octobre 1921 la date butoir des premières campagnes du Levant, mais permet l’attribution de la médaille pour d’éventuelles opérations à venir.
La loi du 13 décembre 1932 étendit ces dispositions aux fonctionnaires civils concernés de nationalité française.
La fabrication de la médaille est exclusivement réservée à la Monnaie de Paris.
Dès la fin de l’année 1922, les médailles pourront être acquises par les récipiendaires à leurs frais.
Le délai court de création et de fabrication peut s’expliquer par le fait que le modèle de la médaille reprend celui existant de la médaille du Maroc, signée par le graveur Georges Lemaire.
Elle est à l’identique : en bronze, ronde, d’un module de 30 mm.
Nous retrouvons à l’avers la Marianne en tenue de guerre, entourée de la mention « République Française ». Le revers reprend le trophée d’attributs militaires, représentant l’Armée de terre et la Marine, ainsi que les drapeaux. Les légendes sont, en revanche, actualisées : en exergue, la mention « LEVANT », et sur la soie des drapeaux, sur quatre lignes : « Honneur et Patrie, Syrie Cilicie ».
La médaille comporte également la même bélière, composée de deux palmes d’olivier surmontées d’un croissant.
Le ruban, d’une largeur classique de 37 mm, est composé de lignes alternées bleues et blanches, placées — ce qui est relativement rare — horizontalement, et d’une largeur de 3 mm. Une barrette en bronze, de type oriental, comportant la mention « LEVANT », orne le ruban.
Il existe un modèle de fabrication privée (Arthus-Bertrand), d’un module de 36 mm.
On rencontre également un modèle atypique, de fabrication locale, qui porte une barrette en métal argenté, dont le graphisme est bien particulier.
Une deuxième agrafe officielle a été créée pour les opérations effectuées entre le 21 juillet 1925 et le 30 septembre 1926 : de type oriental, en vermeil, elle porte la mention « LEVANT 1925-1926 ».
Les textes ne mentionnent pas de diplôme, mais la délivrance d’un certificat justifiant le port de la décoration. Il existe pourtant des diplômes à l’inspiration orientale représentant l’avers de la médaille, mais ils ne sont pas très courants.
Finalement, son attribution, très sélective, se fera pour des participations aux combats, énumérés par une longue suite de décrets (24), pour la période de 1921 à 1939.
M. André PASCUAL, membre de l’A.A.L.E. Vert & Rouge