L'homme se rendait dans les cérémonies patriotiques dans le nord de l'île d'Oléron. Il a trompé tout le monde
Avec une belle assurance, l'homme qui portait les cinq galons dorés du grade de colonel serrait la main à l'issue des rassemblements auxquels il assistait. Placé au premier rang en compagnie des plus hautes autorités de l'île. Avec la Légion d'honneur et l'ordre national du Mérite épinglés sur la veste couleur sable.
C'est pourtant les gendarmes qui se sont invités dans sa maison située dans un hameau d'une commune du nord de l'île, jeudi.
Le colonel de la Légion étrangère, qui se prétendait aussi occasionnellement ancien agent des services de renseignements, a trompé tout son monde. C'était un usurpateur. Il ne fut jamais ancien militaire et encore moins agent secret.
Pseudonyme anobli
Il a été placé en garde à vue pour "port illégal d'uniforme et de décorations, usurpation de titre et de fonctions". Le nom anobli d'« Aramis de Saint-Gilles Roulin », qui faisait son petit effet auprès de l'assistance, était en réalité un pseudonyme.
Les gendarmes ont saisi son uniforme ainsi que ses différentes décorations. Le parquet de La Rochelle poursuit "les actes d'enquête afin de comprendre la personnalité et l'environnement de l'intéressé qui s'est longtemps joué de la confiance de ses concitoyens", souligne un officier de gendarmerie.
"Il était un peu encombrant et se montrait beaucoup", se souvient un ancien combattant. Ces dernières semaines, son assurance affichée avait pourtant mis la puce à l'oreille d'anciens officiers. Des vrais militaires, eux.
Convié par le maire ? Faux
Un incident s'était ainsi produit lors d'un repas réunissant les anciens combattants, le 11 novembre 2015, au château de Bonnemie, à Saint-Pierre-d'Oléron. "Alors qu'il n'était pas invité, il s'est pointé en affirmant qu'il était convié par le maire de Saint-Georges-d'Oléron, ce qui était faux", se rappelle l'un des convives qui se souvient aussi "qu'il n'avait pas payé son repas, alors que tout le monde l'avait fait".
Quelques jours plus tard, une de ses affirmations avait aussi déclenché la méfiance des moins crédules : "Il prétendait qu'il avait été mandaté pour aller en Belgique afin de prêter main-forte aux enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris", explique une personne qui l'a croisé.
Discrètement alertés par des suspicions, les gendarmes de l'île vont enquêter sur l'individu. En s'appuyant notamment sur les photos parues dans la presse ou prises par les anciens combattants au cours des cérémonies.
Ses motivations restent obscures. Contacté ce mardi soir par « Sud Ouest », il a reconnu avoir eu "maille à partir avec les gendarmes" mais n'a pas souhaité s'exprimer.
SOURCE : SUD OUEST