Le colonel (h) Roland JEAN-RICHARD
"Il est toujours à craindre le pire quand un ancien ne donne plus de ses nouvelles et c’est souvent avec l’annonce de son décès qu'on apprend que sa situation était pour le moins: périlleuse… critique...
Le colonel (h) Roland JEAN-Richard était un homme exceptionnel qui avait l’amour de la Légion et du légionnaire, il est parti discrètement sans laisser d’adresse… ainsi précise l’expression de la formule habituelle en pareille circonstance.
Ce « petit suisse » engagé au titre de la Légion étrangère avait derrière lui un parcours atypique, hors du commun et ce n’est rien de dire avec quelle intensité il avait le souci de ceux qu’il considérait sous sa responsabilité. Le Colonel JR avait pour lui, l’intelligente présence d’esprit de sentir l’avenir des autres et de les orienter dans le meilleur des choix. Il prenait à son compte les mots d’André Malraux : « Peu importe ce qui n’importe qu’à moi ».
Avec sa disparition, nous sommes confrontés à un sentiment d’impuissance; nous avons, involontairement, laissé partir seul, un des nôtres, il est vrai que notre vie active de retraité ne nous permet pas la moindre fantaisie quant à la plus petite entorse au programme de nos journées qui n’en finissent pas de se ressembler… Ainsi va la vie…
Aujourd’hui, nous le regardons partir, il franchit le seuil puis referme la porte derrière lui. Nous savons qu’il est resté un moment devant cette porte fermée et qu’il est parti d’un pas léger pour d’autres horizons. Ainsi se présente une version imagée de la mort. Nous savons que nous sommes tous de passage dans ce monde capricieux, merveilleux et parfois terriblement cruel. Tout ce que nous considérons comme acquis peut s’effondrer comme un château de cartes.
A Dieu, mon Colonel, les mots, ces pauvres mots ne seront jamais assez justes et forts pour vous dire à quel point vous nous manquez, votre présence sera à jamais dans la mémoire de tous ceux qui vous ont connu et ne vous oublieront jamais.
Merci !"
CM
La carrière de Roland Jean-Richard:
- Sur sa demande expresse, incorporation au bataillon de marche N° 1 de la Légion étrangère en renfort dans le massif des Aurès (janvier 1955).
- Novembre 1955, promu sergent-chef et désigné comme commandant d'un poste isolé (effectifs 2 sous-officiers, 30 caporaux-chefs, caporaux et légionnaires, dont 1 Suisse, 1 Espagnol et... 30 Allemands).
- Début 1956, affectation au Bureau statistiques d'Alger.
- Fin 1957, retour en opération (5e compagnie du 3e Régiment étranger d'infanterie), Croix de guerre avec citation à l'ordre de la brigade.
- 1960, sous-officier de carrière, affecté à la Sécurité militaire de la zone du Nord-Algérois. Putsch du général Challe, Roland Jean-Richard est affecté dans le Jura à Lons-le-Saunier au60e Régiment d'infanterie.
-1963, admis à l'Ecole de l'infanterie, adjudant en octobre, sous-lieutenant le 1er août 1964. Retour à sa demande au 60e Régiment d'infanterie pour y payer son galon.
- Lieutenant le 1er août 1966, il rejoint le 3e Régiment étranger d'infanterie à Madagascar. En cours de séjour, il commande un détachement en Grande Comore. De retour sur la Grande île, il est désigné comme directeur de stage "Snipers" puis, pendant un an à Mayotte, comme chef de section.
- Sur les conseils de son colonel, l'âge étant là - trente-huit ans - il s'oriente vers les services administratifs et financiers des éléments organiques de la 4e Brigade motorisée à Beauvais comprenant une compagnie de QG, une compagnie légère de transmissions, un escadron de transport et une compagnie de réparation. Le colonel, susceptible de prendre le commandement de la Légion, avait ajouté qu'il envisageait de donner le commandement d'une compagnie à Roland Jean-Richard, dès sa promotion au grade de capitaine.
- En 1971, après avoir assuré en Corse la reconversion d'un groupe de snipers sur le fusil FRFI, promu capitaine le 1er août, il commande la compagnie des services du 1er Etranger aux effectifs de 340 dont 220 présents à la portion centrale. Le départ d'un commandant du 1er Etranger, chef des services administratifs et financiers, amène le commandement à confier cette fonction à Jean-Richard (mi-1974 - mi-1975), son expérience dans le domaine administratif et financier à Beauvais est à l'origine de cette décision. Dans la même fonction, il est muté à la 13e Demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti (1975 - 1977) et, en 1978, à l'école de l'Infanterie à Montpellier. Quatre ans plus tard ( 1er octobre 1982), promotion au grade de lieutenant-colonel.
- Mi-1983, le général commandant la Légion étrangère lui demande de créer et d'animer le poste d'officier chargé de la communication à l'issue d'un stage au au Centre de formation des journalistes de Paris.
En 1985, Roland jean-Richard quitte l'active. Promu au grade de colonel dans le cadre technique et administratif, section Etat-major, le 1er octobre 1989, il reçoit l'honorariat de ce grade le 1er avril 1990.Il bénéficie d'une retraite de colonel 2e échelon et est pensionné de guerre pour des affections contractées en Indochine. Totalisant trente-six ans et six mois de service, dont vingt-deux au sein de la Légion étrangère, titulaire de la Médaille militaire, officier dans l'Ordre national du Mérite, Croix de la valeur militaire avec citation à l'ordre de la brigade, Croix du combattant volontaire ...
Selon le colonel Roland jean-Richard: "Seule la Légion étrangère, institution française multiraciale, permet, quelles que soient les origines sociales, culturelles ou professionnelles de l'intéressé, de gravir les échelons de l'échelle des responsabilités, grâce à l'encadrement et à la conduite d'officiers français les meilleurs du monde militaire. D'autres pays ont tenté l'expérience d'une Légion sans jamais connaître le succès. Concernant les quatorze années passées dans l'armée française régulière, Roland Jean-Richard souligne le bonheur qu'il a eu, à trois reprises, de servir au 60e Régiment d'infanterie à Lons-le-Saunier avec des appelés du cru, des jurassiens, excellents soldats. A l'Ecole de l'infanterie, la qualité des cadres civils et militaires est reconnue de tous."