"Soldat et fantassin comme lui, en un temps auprès de lui et avec lui, s’il m’appartient aujourd’hui, pour cette simple raison, de rappeler ce que fut la carrière exemplaire du général Michel Amblard, commandeur de la Légion d’honneur, c’est plus encore pour les liens d’amitié qui nous ont rapprochés, que je veux lui rendre cet hommage en cet instant où il nous quitte.
Saint-Cyrien de la promotion « général Frère », toute sa vie a été marquée par l’idéal qui fut le sien pour le service de la Patrie; sa carrière militaire, puis son engagement bénévole pour le « Souvenir français », après avoir quitté le service actif, l’attestent.
Peu après sorti de Saint-Cyr, ce sera la guerre d’Indochine et pendant près de 3 ans, il combat avec ses légionnaires du 3ème Régiment Etranger d’Infanterie au Tonkin.
Chef de section, ses actions d’éclat lui valent la croix de guerre et trois citations dont les textes soulignent son courage et son engagement pour entraîner ses soldats dans des actions toujours courageuses et souvent audacieuses.
Après l’Indochine, ce sera l’Algérie où il servira pendant de longues années d’abord en combattant dans des conditions parfois difficiles et périlleuses comme commandant de la 3ème compagnie saharienne portée de la Légion étrangère, puis toujours au service de la Légion en commandant une compagnie du 1er Régiment Etranger d’Infanterie avant de montrer ses facultés de synthèse et sa finesse d’esprit au sein d’un Etat-major de contact, toujours en Algérie.
Ce long séjour opérationnel lui vaudra la croix de la valeur militaire et quatre nouvelles citations ; toutes, elles expriment les qualités de soldat et de chef du lieutenant puis capitaine Michel Amblard, son sang-froid, meme dans les moments les plus difficiles, son esprit de décision, son courage et son mépris du danger ; toujours en tête pour entraîner ses légionnaires, il avait leur confiance.
C’est à Laghouat, alors qu’il servait à la 3ème compagnie saharienne portée de Légion qu’il a rencontré une jeune fille venue de métropole pour aider à l’alphabétisation des jeunes dans des conditions tout à fait difficiles et qui demandaient un engagement désintéressé et de tous les instants ; leur union aura duré 36 ans, dans une entente parfaite, malgré des temps parfois très difficiles votre dévouement admirable, ces dernières années, ma chère Odette, en sont une preuve magnifique, je peux en témoigner.
Homme d’action mais aussi homme de réflexion, l’école de guerre devait le conduire à des postes de haute responsabilité à l’Etat-major de la première armée d’abord, puis au secrétariat général de la Défense nationale ; quelques interruptions lui permettront de retrouver les unités de combat et l’exigence d’un contact direct avec les hommes tant au sein du 19ème groupe de Chasseurs qu’au commandement du 170ème Régiment d’Infanterie.
Le moment de la retraite venu, le général Amblard allait encore servir ; conseiller municipal de Tracy et adjoint, il devait prendre en charge la gestion financière de la commune ; dans le même temps, les Anciens de la Légion étrangère du département de l’Oise l’appelaient pour animer et entraîner l’Association.
Peu après, je suis venu lui demander de redonner vie au « Souvenir français » du département de l’Oise. Sans hésitation, il m’a donné son accord, sachant que la tâche serait grande dans cette terre de combats et que les moments de repos familiaux allaient en souffrir !
Et pourtant, il était temps de penser à la famille, aux 5 enfants, aux 10 petits-enfants, aux 6 arrière-petits-enfants, d’autant qu’il avait eu la douleur de perdre accidentellement son dernier fils, Jacques, alors que celui-ci terminait ses études et je sais, ma chère Odette, que la plaie n’est pas refermée.
Au-delà de ses qualités de soldat et de chef, l’ami que je suis, a toujours apprécié la gentillesse de son accueil, sa grande disponibilité, sa capacité d’écoutes mais aussi la justesse de ses conseils avisés.
Mon Général, mon cher Michel, au moment de nous quitter, je vous assure de la fidélité de mon amitié.
Général d’armée (2s) Pierre de Percin