Nous ne pouvons ne pas informer du décès survenu le 10 juin 2022 du général (2s) François Meyer sans provoquer des réactions concernant cette "fin de l'Algérie française" de 1962 qui a fait couler beaucoup d'encre et qui reste pour de nombreux d'entre nous encore une blessure...
Sans réellement entrer en polémique ce qui ne saurait avoir sa place dans les rubriques de notre site, il semble impensable de ne pas parler et de remettre en mémoire les actions de cette "belle personne" qu'était le général Meyer et c'est avec un profond respect qui nous nous souvenons de son action concernant les "harkis" qu'il avait sous, ce qu'il disait: "sa responsabilité morale".
Le général Meyer précisait tout dernièrement lors d'un rassemblement dont nous diffusons la video: "Je n'ai jamais promis à mes soldats que la France resterait en Algérie, j'ai simplement assuré à mes harkis que je resterais avec eux jusqu'au dénouement."
En mars 1962, les accords d’Évian sont signés, l’Algérie devient indépendante. Pour autant, la fin de la guerre ne signifie pas l’arrêt des violences. La France, qui avait promis de garantir la sécurité de ces hommes qui l’avaient servie, les abandonne à la vengeance du FLN. Alors que l’armée française plie bagages, le lieutenant Meyer refuse de laisser ses hommes. Leur mise à l’abri est inefficace ; leur transfert vers la France lent. On les encourage à rester au pays. Il parvient à organiser deux convois, en juin et en juillet 1962. Ainsi, près de 350 personnes échappent à une mort certaine quand, durant l'été, de 60 000 à 80 000 harkis sont massacrés.
François Meyer s'emploie ensuite à entretenir la mémoire de ses anciens compagnons d'armes, dans la presse et dans des colloques, publiant par ailleurs un livre à leur sujet en 2005.
"Alors que les harkis du commando Griffon traquent encore les katibas dans les monts des Ksour, la France prépare son désengagement en Algérie. " Venez, à la France, elle ne trahira pas ", pour l'heure, ces paroles du général De Gaulle résonnent amèrement dans la tête des harkis et de leur chef, le lieutenant François Meyer. À la guerre, les morts pèsent plus lourds quand les raisons de se battre s'obscurcissent ! Quatre ans plus tôt, en novembre 1958, frais émoulu de Saumur, François Meyer débarque à Oran. Affecté, au 23e Spahis, un régiment musulman, il a l'enthousiasme de son grade et de ses vingt-cinq ans. Au contact de ses hommes, mais aussi des tribus qu'il accompagne dans leurs transhumances, voire de l'adversaire qu'il respecte, le jeune lieutenant découvre la complexité d'une guerre, la richesse d'une culture et la dignité d'un peuple. Dans le Sud-Oranais, il constate, que la France n'a pas réellement pénétré le bled, et que sa présence, malgré de nombreuses fidélités, peut devenir humiliante. Partisan de l'autodétermination, il sait que ce sont les violences du FLN, hostile à toute solution négociée, qui conduisent les harkis à prendre les armes. Avec les accords d'Évian, ces armes, ils vont les rendre, devenant, ainsi, les victimes d'une épuration sauvage. Un déshonneur et une faute que le lieutenant Meyer refuse. Non seulement, il amènera en France ceux qui le souhaitent, mais il s'occupera de leur réinsertion dans une métropole suspicieuse. Une fidélité jamais démentie qui fait de lui, aujourd'hui, un spécialiste de la communauté harki. Il livre ici son témoignage, pour l'honneur".