Nous sommes confrontés à récupérer et à faire part d’un évènement qui ne devait pas passer inaperçu: le décès du colonel (er) Jean-Marie Kaiser.
Nous ne pouvions passer à côté et ne pas mettre en ligne les informations concernant ce décès. Avec un certain retard, nous présentons le déroulement des obsèques de ce grand soldat avec les soutiens du lieutenant-colonel (er) Hervé Lancrenon et du major (er) Cristobal Ponce y Navarro.
A noter également que nous présentons ci-après l’éloge funèbre du colonel Kaiser fait par son fils le médecin-général Eric Kaiser.
CM
"Les obsèques du Colonel Jean-Marie KAISER se sont déroulées le mardi 7 mai 2024 en la cathédrale Notre-Dame de Nazareth à Orange. Un foule très nombreuse est venue remplir les rangées de chaises pour rendre un dernier hommage à ce « Grand Monsieur » comme certains n’hésitaient pas à le qualifier. Le grand cœur, la gentillesse, la disponibilité de tous les instants et le sourire permanent de celui qui était devenu une personnalité orangeoise ont été reconnus et salués par tous.
Outre ses brillants états de service retracés par son fils le médecin général (2S) Éric Kaiser, sa fille Anne de Marisy a évoqué sa « reconversion » qui a commencé par un retour sur les bancs de l’école de commerce de Marseille pour décrocher un poste de directeur d’agence de maintenance en nucléaire à la centrale de Marcoule. Ses qualités de meneur d’hommes y ont fait merveille. N’hésitant pas à endosser la combinaison anti-radiations, il a régulièrement accompagné des ouvriers sur les chantiers en zones contaminées.
Sa fille Marie-Hélène Guicherd, à son tour, a évoqué la troisième facette de la vie de son père, et pas la moindre : son exceptionnel engagement et dévouement quasi quotidien auprès des nécessiteux et des plus démunis, au travers de son action au sein du Rotary club et surtout de l’Ordre de Malte jusqu’à la veille de son départ.
Le cercueil du Colonel Kaiser a été porté dans la cathédrale par son fils, son gendre et ses petits-fils.
Le Colonel Dias, chef de corps du 1er REC, malgré des engagements opérationnels, avait fait le déplacement depuis Carpiagne pour être présent à la messe et saluer une dernière fois ce grand serviteur de la Légion étrangère. Trois commandants d’unités et leurs fanions, un piquet d’honneur et un clairon/trompette du Royal étranger de cavalerie, ont rendu les honneurs militaires au cimetière d’Orange."
Lcl (er) Hervé Lancrenon.
Éloge funèbre du Colonel Kaiser, écrit et prononcé le 07/05/2024 par ses enfants le Médecin général (2S) Éric Kaiser Marie-Hélène Guicherd et Anne de Marisy.
En 1952, à 17 ans, le jeune Jean-Marie Kaiser, engagé volontaire dans le corps expéditionnaire Français en extrême orient, monte à l’assaut des Viêts.
17 ans ! Qu’est-ce qui t’a amené, Papa, à avoir le courage de te retrouver au milieu de cette fournaise de la guerre d’Indochine ?
Né le 1er juillet 1933, dans une famille de 9 enfants, ta maman s’épuisait à faire vivre sa famille pendant que ton père était déporté en camp de concentration, prisonnier politique pour avoir aidé des juifs à quitter l’Allemagne. Avec tes frères, tu avais été enrôlé enfant dans l’armée allemande.
Au sortir de la guerre tu choisis de t’engager dans l’armée Française, dans l’arme blindée cavalerie.
A 18 ans tu deviens Radio sur le train blindé où tu fais la connaissance de la légion étrangère.
À 19 ans tu es déjà brigadier-chef, Chef d’un peloton de volontaires cambodgien. Ton humilité et ta pudeur, ont fait que nous n’avons appris cela que récemment, quand tu t’es mis à parler cambodgien avec l’un de mes amis. À la question « mais tu parles cambodgien toi ? » Tu as répondu, mais je suis cambodgien ! Et d’ailleurs tu nous as montré ta carte d’identité Cambodgienne.
Il y a 70 ans jour pour jour, tu n’échappes à ton parachutage sur Dien Bien Phu que parce que le camp retranché vient de tomber.
C’est à ce moment que ton commandant d’unité te dit « KAISER tu deviendras Officier ».
Tu réussis le concours d’entrée à Saint-Cyr, dans la promotion Terre d’Afrique.
A la sortie, tu rejoins la guerre d’Algérie, au 1er régiment étranger de cavalerie.
C’est à cette époque que ta vie change littéralement. À l’occasion d’une permission dans le sud de la France, tu rencontres la femme de ta vie : Hélène, celle qui t’a accompagné pendant vos 62 ans de mariage.
Initialement basé à Guardaia, dans le sud algérien, ton exigence et ton humanité te font nommer commandant de la compagnie de discipline des régiments étrangers à Djenien, une oasis dans le désert ! Tu n’acceptes ce poste de célibataire géographique, qu’en imposant la présence de ta jeune épouse, seule femme au milieu de la famille légionnaire.
Toujours désireux de faire le bien, tu organises une noria de disciplinaires pour aller chercher dans l’oued voisin le limon fertile qu’ils ramènent dans l’Oasis pour en étendre les parties cultivables, apportant ainsi des vivres frais à la garnison et à la population. Un ami algérien m’a récemment appris que Djenien est encore maintenant réputé pour sa fertilité.
Un autre bienfait a émergé de cette période de lune de miel : ma naissance !
Tu rentres en métropole, avec le 1er régiment étranger à Aubagne.
C’est là qu’est née ta première fille, Marie-Hélène, avec ses grands
yeux bleus.
De retour en Algérie tu es celui qui a fermé les clés de la légion en Algérie. Tu installes ta famille à Orange, en même temps que le 1er REC.
Toujours volontaire pour l’aventure, tu acceptes en 1968 d’aller créer à Djibouti l’escadron de la 13e de brigade de légion étrangère à Oueha, aux portes du désert. 50 ans plus tard l’insigne que tu as créé avec un de tes sous-officier est encore celui que portent maintenant les légionnaires de la compagnie d’appui de la 13e DBLE.
C’est aussi sous ce soleil brûlant d’Afrique qu’est née ta plus jeune fille, Anne, la désirée.
Après quatre ans, en état-major en Allemagne, tu nous projettes encore dans l’aventure de la Forêt équatoriale en Guyane, au sein du 3ème régiment étranger d’infanterie. Tu y es responsable de l’ouverture de la route de l’Est. Tu as perdu tellement de tes légionnaires dans ce chantier titanesque !
De retour à Orange, tu as l’honneur d’assumer les fonctions de chef du bureau opération instruction du régiment et tu participes à l’opération Tacaud au Tchad en 1978.
Cette expérience, tu la mets à nouveau au service de la légion, en étant choisi par le Colonel Bertrand de La Presle, camarade de promotion et chef de corps, comme commandant en second du régiment. C’est à partir de ce moment que tu commences à t’investir profondément dans les liens avec la ville d’Orange.
Tu reçois ensuite le commandement du 3ème groupement des moyens régionaux à Rennes, où tes valeurs et ton humanité font merveille au sein des appelés du contingent.
C’est à l’issue de cette carrière militaire brillante que tu quittes le service actif pour t’investir dans de nouvelles aventures dans la vie civile.
Tu es officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du mérite, titulaire de la croix de guerre des théâtres d’opération extérieurs avec citations et de la croix de la valeur militaire avec citation.
Après la messe ou la famille a tracé la vie du colonel devant une délégation du 1er REC amené par son chef de corps le colonel DIAS en présence des anciens chefs de corps et d’un important nombre des anciens de la Légion.
Les Honneurs militaires du colonel Kaiser rendu par un piquet du 1er REC le 07 mai 2024 à Orange cimetière Saint Clément, en présence des drapeaux de la Légion d’Honneur et de l’AALE Vaucluse.