Cela fait maintenant un petit bout de temps que je souhaitais écrire le résultat de quelques réflexions sur le racisme et s’il est un microcosme où il sévit très peu, c’est bien au sein de la Légion étrangère où il ne saurait être de mise.
Parler du racisme sans en donner la définition n’est pas possible d’autant que chacun d’entre nous possède la sienne propre et il me semble bien hasardeux d’entamer une polémique sur un sujet aussi délicat.
De mes lectures, je retiens que dans un passé assez récent, le concept de races était lié aux classes sociales: on parlait de la pureté du sang bleu de la noblesse qui risquait d’être contaminé par celui de la vulgaire roture.
En 1492, les Amérindiens le découvrent avec stupéfaction. « Puisque ces êtres étranges ne sont pas mentionnés dans “la cité de Dieu” de Saint Augustin, sont-ils vraiment humains ?”, s’interrogent les découvreurs d’Amériques. Mais la vision monogéniste qui considère une origine commune à tous les hommes, tous descendants d’Adam et Eve, exclut tout racisme biologique.
Aujourd’hui, le concept de races humaines est scientifiquement dénué de sens. Le goût pour la bougeotte de nos ancêtres était si important que les gènes humains n’ont cessé de se mélanger. Autant de brassages qui permettent d’affirmer que les gènes des membres de l’espèce humaine sont semblables à 99%. De ce fait, subdiviser l’humain en races relève de l’arbitraire le plus total, un strasbourgeois et un lyonnais peuvent présenter plus de différence l’un vis à vis de l’autre qu’un Inuit pour un pygmée.
Le problème ne se situe pas à ce niveau, puisqu’il existe bien des peuples à la physionomie caractérisée et dans ce sens, les races sont bien des réalités physiologiques.
Il est intéressant de se remettre en mémoire l’exemple d’un grand et puissant peuple usé, détruit, dans sa période avancée par une masse trop grosse d’éléments étrangers, au point, qu’il n’a pas la force de l’assimiler: l’empire Romain.
Que n’avait-elle pas assimilé la Rome des origines: non seulement toutes les tribus voisines mais aussi, les Etrusques, les Gaulois, etc… Très vite, la reine du monde est submergée, Rome est mangée par le dedans.
Aujourd’hui, nous ne lisons plus les écrivains de Rome sinon, nous n’aurions pas commis (peut-être), les mêmes fautes. On sait ce qu’était hier notre politique à l’égard des étrangers. Depuis longtemps, ils accouraient nombreux sur le sol français, attirés par l’agrément de la vie en France.
En 1918, on crut devoir faire appel à une immigration en masse pour combler les vides creusés par la guerre.
En 1931, des blocs énormes se constituaient, difficilement assimilables.
En 1934-35, une nouvelle vague d’étrangers comprenant des réfugiés politiques et confessionnels de toute provenance vint grossir les rangs déjà excessifs profitant de la traditionnelle hospitalité française. L’époque n’était pas à la réflexion comme le montraient la diminution des naissances, le recul du sentiment français devant l’internationalisme, le développement continu des idées de révolte, d’anarchie, les progrès de l’égoïsme individuel et du matérialisme. De plus, tout ce qui aurait pu faciliter l’assimilation des étrangers manquait: un enseignement public de la fierté du passé national et l’effort de l’éveil chez l’enfant d’une solide tradition dans la littérature et les arts, livrés presque entièrement à des influences extérieures. Faisait défaut, un gouvernement fort sachant se faire obéir et exerçant une surveillance attentive.
Comme autrefois, dans la Rome impériale, ce fut l’élément étranger qui prit le pas sur l’élément national. On vit, à l’image d’aujourd’hui, des “naturalisés” de fraîche date occuper les hautes fonctions dans les administrations et les grands corps de l’Etat, s’introduire dans les chambres et jusque dans le gouvernement. Ce que pouvait être l’action de ces hommes et femmes, même en ne leur supposant pas de mauvaises intentions caractérisées, vient de leur sympathie qui va exclusivement au groupe qui leur a offert les moyens de s’élever et qui continue de les appuyer. Ils s’intègrent dans un parti et non à la Nation.
La grande majorité de mes camarades naturalisés disent que la nationalisation ne doit jamais être hâtive et automatique en dehors du droit de devenir français non “par le sang reçu mais par le sang versé”.
L’étranger est une réelle force pour un pays ; ce sang neuf évite bien des déboires liés à la consanguinité, mais dans la mesure où son intégration peut se faire au-delà de ses convictions religieuses et idéologiques qui gonflent les organisations de révolte sociale, fournissent une armée toute prête, oriente et dirige l’opinion publique et s’empare des agences d’information, des journaux, de la radio, de la librairie, du cinéma, du théâtre.
Nous vivons dans un monde trouble, en mouvement permanent qui nous fait obligatoirement réfléchir sur ce que sera demain pour nos propres petits-enfants.
Malheureusement aujourd’hui, aucune possibilité ne nous est donnée pour faire changer cette marche de l’histoire qui nous entraîne dans un monde où l’être humain ne sera plus jamais chez lui.
Au sujet du racisme, que m’a appris la Légion ?
Celle-ci m’a appris que nos différences sont un rempart contre cette noyade programmée où tout le monde finirait par se ressembler, fort du principe que nous attendons des autres ce que nous ne pouvons attendre de nous-mêmes…
Nous disons aujourd’hui que le monde devient chaque jour plus petit et en effet, avec nos moyens modernes, l’homme du bout du monde peut entrer, en quelques secondes, en communication avec cet autre à l’opposé de son monde.
Ce qui fait la force de la Légion, ce sont les différences entre les identités infiniment variées et chacune a besoin d’utiliser à son profit la différence et la spécialisation de l’autre.
Chaque homme est unique, irremplaçable, il connaît quelque chose qu’aucun autre homme ne connaît. Il peut donc apporter aux autres, son expérience. C’est parce que chacun de nous est inimitable à partir d’une donnée humaine commune que chacun a besoin de tous, tous de chacun. La véritable nature de la fraternité, c’est le besoin des autres. Si ce fourmillement de différences n’existait pas, personne n’aurait besoin de personne… Pour le légionnaire, la fraternité est un besoin essentiel, pratique, matériel, spirituel, c’est ce qui lui permet d’être admis dans une structure unique où chacun apporte à l’autre l’aide de son unicité. Sans ce besoin rigoureux, un vœu pieux, totalement dépourvu de sens. Si les hommes se ressemblaient, la fraternité ne serait pas possible. Ne dites jamais que l’homme Noir et l’homme Blanc sont le même homme; ils ne le sont pas et c’est pourquoi l’homme blanc a besoin de l’homme noir, l’homme jaune de l’homme blanc, c’est ce qu’on appelle la vocation universelle de l’homme ce qui veut, aussi, dire cultiver les différences culturelles, physiques, pour le développement, la richesse et la fécondité du fond humain commun.
Ce qui attire un homme vers un autre, c’est sa différence, notre avenir est ouvert à toutes les directions. Respecter un Noir, un Blanc ou un Jaune parce qu’il est un autre vous-même, mais ne pas le respecter parce qu’il est différent, voilà le véritable racisme auquel aboutit le narcissisme du soi.
Nous habitons des mondes différents, nos cultures sont différentes et nos races, nos idées, nos aspirations ne pourraient nous mener à un monde homogène, à une seule race, à une seule culture, à une seule vision que par un tragique malentendu.
La Légion a compris tout cela et pourrait donner, à ce sujet, bien des leçons !
CM