Guerre de 14/18 - 26 avril 1918
Zone de Cachy et bois de Hangard
Mission: interdire l'avance ennemie vers Paris
La terrible journée du 26 avril 1918. Pertes du RMLE :
-120 tués, dont 6 officiers.
-497 blessés, dont 7 officiers.
-120 disparus, dont 1 officier.
La Division Marocaine reçoit l’ordre de progresser vers l’est de Cachy, et d’occuper la zone du bois de Hangard.
La mission du RMLE est de tenir la route entre Cachy et Domart, puis de prendre d’assaut l’ouest du bois de Hangard.
PREPARATIFS :
25 avril- 12 heures :
Ordre est donné aux bataillons et compagnies d’exécuter des reconnaissances en vue d’une attaque qui doit avoir lieu le 26 avril, au matin, entre Villers-Bretonneux et Hangard, en liaison avec les troupes anglaises. Régiments accolés, bataillons successifs.
-1er bataillon (CB Husson de CHAMPIGNY) : appuyé à la 1ére ligne anglaise, renforcé par les canons de 37 et Stokes, occuper la route Villers-Domart.
-3éme bataillon (CB COLIN) : en soutien, appuyé à la route Cachy-Domart, renforcé par 3 tanks anglais, et les bombardiers.
-2éme bataillon (CB GERMANN) : en réserve de Brigade, cote 116, nord-ouest de Gentelles, renforcé par une section de Génie.
Mise en place avant minuit.
Evacuation : par la côte 116.
PC du RMLE : à 500 mètres au sud de Cachy.
Heure H : 05 h. 15.
JOURNEE DU 26 AVRIL :
A 5 heures, toutes les unités sont en place.
Les hommes creusent hâtivement leurs trous individuels.
L’attaque est déclenchée par un brouillard épais.
- 6 heures 15 : les 3 tanks anglais abordent la lisière ouest du bois de Hangard. Les légionnaires qui suivent tombent tous sous les balles ennemies.
- 6 heures 30 : les 2 bataillons ont atteint leurs objectifs. Mais les pertes sont très lourdes.
- 7 heures : un agent de liaison rend compte qu’il ne reste que 30 hommes du 1er bataillon en état de combattre, ralliés par le lieutenant LAMARE, dans une tranchée à l’est de Domart.
- 7 heures 40 : mort du chef de bataillon COLIN, commandant le 3ème bataillon.
- 8 heures 00 : Le reste du 3ème bataillon, renforcé des survivants du 1er, tient la partie ouest du bois de Hangard, mais ne peut plus progresser.
- Le chef de bataillon GERMANN, en réserve, reçoit l’ordre de rejoindre les légionnaires du 1er et du 3ème bataillon, qui tiennent encore le glacis.
Le brouillard est très épais. Le plateau est balayé par des rafales nourries de mitrailleuses et par de violents tirs de 105 ennemis.
La 6ème compagnie (GLASSON) et la 7ème compagnie (COLNOT) sont déployées sur le front de l’attaque du RMLE.
La 5ème compagnie (YOVITCHEVITCH), est maintenue en réserve près de la route Cachy-Domart.
- 8 heures 30 : Le chef de bataillon GERMANN, rend compte qu’il a rempli sa mission, et se trouve posté à l’est de la route Villers-Domart.
Le RMLE s’installe en défensive sur les positions acquises, en forme d’arc de cercle, adossé à droite à l’armée anglaise, et à gauche en contact avec le 4éme tirailleurs.
Pendant tout le reste de la journée, l’ennemi s’est montré très mordant. Il n’y a pas eu de contre-offensive d’envergure, mais une série de contre-attaques menées sans répit par des détachements armés de mitrailleuses. Entretemps, nos lignes subissaient de violents tirs de 105 et 210, qui alourdissaient encore les pertes du RMLE.
Officiers tués à l’ennemi :
Chef de bataillon COLIN, les capitaines SANDRE, TARTRAIS, MEYER et HAGELE, les lieutenants EFREMOFF et GUADAGNINI (le 27 avril)
Outre les officiers, les sous-officiers et les légionnaires qui sont glorieusement tombés en se lançant à l’attaque avec une ardeur et un esprit de sacrifice dignes du passé du régiment, il a lieu de citer la conduite particulièrement élogieuse de :
« Le médecin aide-major GARBOWSKI, dont le dévouement n’a d’égal que la modestie, constamment en danger, cherchant sous les rafales de mitrailleuses les blessés à panser et à relever. Sachant que son chef de bataillon, le commandant COLIN, tombé le 26 au matin, n’avait pu être ramené dans nos lignes, le docteur GARBOWSKI s’est fait un devoir de tenter l’impossible, pour assurer à son chef de bataillon, une sépulture digne de lui. Le corps du commandant COLIN a été mis à l’abri de la profanation ennemie. » Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur sur le champ de bataille.
« Monsieur le sous-lieutenant DOXAT, chargé le 26 avril de rétablir une liaison perdue au cours du combat, a magnifiquement rempli sa mission. Il s’est jeté sur une position d’où l’ennemi mitraillait de flanc nos vagues d’assaut, l’a conquise et s’y est maintenu, malgré la résistance et les contre-attaques de l’ennemi, auquel il a capturé trois mitrailleuse lourdes, et deux mitrailleuse légères. Le 1er mai, accompagné d’un seul gradé, a reconnu en plein jour le terrain en avant de nos lignes, jusqu’à 20 mètres des postes ennemis. »A été fait chevalier de la Légion d’honneur sur le champ de bataille.
« L’adjudant/chef SAPENE. Beau type de légionnaire qui fait l’admiration de tous à chaque attaque, par son attitude au feu et ses qualités d’entraineur d’hommes. Le 26 avril, resté seul avec 3 hommes, les a maintenus à leur poste au bois de Hangard, soutenant leur courage, par sa crânerie et son mépris du danger. » Proposé à titre exceptionnel pour être fait chevalier de la Légion d’honneur.
« L’adjudant de bataillon LE FLEM. Les officiers de son bataillon d’assaut étant tombés pendant l’attaque du 26 avril, s’est employé avec une mâle énergie à rallier les hommes encore valides, pour continuer la lutte. A tenu opiniâtrement le terrain conquis au bois de Hangard, permettant ainsi au bataillon de soutien, de pouvoir s’engager. » A reçu la Médaille Militaire sur le champ de bataille.
« Le sergent DOOS. Gradé merveilleux de calme et d’énergie, le 26 avril, au cours d’une opération de détails, effectuée par sa compagnie, a entrainé magnifiquement sa section, sous un tir écrasant et meurtrier d’armes lourdes et de mitrailleuses, la menant avec autant de sang- froid que sur un terrain d’exercice. » A reçu la Médaille Militaire sur le champ de bataille.
« Le sergent DECROIX, de la 5éme compagnie, le sergent MARET de la 11éme, le légionnaire LIOBET de la 7éme, qui ont reçu la Croix de guerre avec palme sur le champ de bataille. »
« Le sergent GREMIER de la compagnie de mitrailleuses N°2, le caporal infirmier DOSTAL du 1er bataillon, le tambour POUDEROUX, de la 5éme compagnie, qui ont reçu la Croix de guerre avec étoile de vermeil sur le champ de bataille. »
« Le légionnaire MONNIER de la 1ére compagnie, le sergent-fourrier DE LORRIS, de la 2éme compagnie, le légionnaire JUGON, de la compagnie de mitrailleuses N°1, le légionnaire GERARD de la 9éme compagnie, le sergent JOLY, de la 11éme compagnie, le légionnaire AUBER, de la compagnie de mitrailleuses N°3, qui ont reçu la Croix de guerre, avec étoile d’argent sur le champ de bataille. »
Il y a lieu de citer également le Service Médical du Corps, dont le dévouement et l’abnégation, ont forcé l’admiration de tous, pendant les dures journées du 26 avril au 6 mai. Circulant nuit et jour sur un glacis constamment battu par les mitrailleuses, traversant froidement les barrages d’Artillerie, allant chercher les blessés et les morts en avant de nos lignes. Médecins, infirmiers et brancardiers ont donné à leurs camarades le plus bel exemple de solidarité et de dévouement professionnel. »
L’attaque du 26 avril a permis, une fois de plus, de constater que les troupes valeureuses sauront toujours suppléer à l’insuffisance des moyens par leur dévouement et leur héroïsme.
Major (er) MIDY-FSALE- En charge de la mémoire.