Le 1er R.E.P. pendant la Bataille des Frontières en 1958.
Mi-janvier : le général Raoul Salan met à la disposition du général Paul Vanuxem, commandant la zone Est-Constantinois, c’est à dire la zone du barrage tunisien, cinq régiments parachutistes ; le général Paul Vanuxem dispose donc de :
· En avant du barrage, 4 régiments de couverture et de première interception ;
· Sur le barrage, 6 régiments blindés chargés de la herse, soit du Nord à Négrine ;
· En arrière, 8 régiments tissant une toile d’araignée de Bône à Bir-el-Ater ;
· De plus, en chasse libre, 5 régiments parachutistes sur les grands axes de pénétration ;
· Trois régiments d’artillerie apportent leur appui : le 8e R.A., le 28e R.A. et le R.A.C.T.
· En soutien ponctuel, 2 régiments parachutistes et 2 régiments de cavalerie.
C’est entre Mondovi/Duvivier et Souk-Ahras qu’existe le créneau privilégié pour passer le barrage face au bec de canard du saillant de Ghardimaou où l’A.L.N. a une bonne partie de ses bases et de ses camps. Au nord du dispositif, le 1er R.E.P. et le 9e R.C.P. sont chargés des monts de la Medjerda qui conduisent aux Kabylies par les monts du Constantinois.
19 janvier : dans sa route vers Guelma, le 1er R.E.P. est bloqué à la hauteur du petit village d’Oumache, à trente kilomètres au sud de Biskra, par l’oued Djedi, brusquement gonflé, qui joue les torrents. Il doit effectuer un détour de 200 kilomètres pour ne rejoindre Guelma que le 21. Le 1er R.E.P. est mis à disposition de la Zone Est Constantinois.
21 janvier : au cours du premier accrochage du 1er R.E.P. dans la région de Guelma, 4 légionnaires, dont le légionnaire Alfred Donnecker, sont tués et 2 blessés ; un P.M. est perdu ; en face, 2 rebelles sont abattus ; ‘’inconcevable’’ pour le lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre qui reprend en mains son régiment.
24 janvier : combat de la Mahouna.
Le 1er R.E.P. grimpe de 500 mètres à 1 400 mètres, trouve la neige et surprend les rebelles sur le Kef Fernane puis dans l’oued Nesour et l’oued Hamma ; le 1er R.E.P. anéantit deux sections de la nahia 3 de la wilaya II qui sévit dans la région de la Mahouna, de l’oued el-Aar et du Gabel ; il met 75 rebelles hors de combat dont 67 tués ; il récupère 6 mitrailleuses MG 42, un F.M., 8 P.M. et 32 fusils ; le 1er R.E.P. déplore la perte de 4 paras tués et 23 blessés dont le lieutenant Amédée de la Forest-Divonne. Jamais une unité de l’armée française n’a obtenu, en Algérie, un tel résultat au cours d’une seule opération.
28 janvier : combats dans la forêt de Fedj-Zezoua et du Koudiat Renadji.
A 7 kilomètres à l’est de Duvivier, le 1er R.E.P. accroche une katiba dans la forêt de Fedj-Zezoua et du Koudiat Renadji ; le combat commence au fond de l’oued Tassamelilet ; le 1er R.E.P. anéantit deux sections de la nahia 4 de la wilaya II qui sévit dans la région de l’Aouara, des Beni-Mezzeline et du Talha : 54 fellagha sont mis hors de combat dont 44 tués ; 27 armes dont un F.M., sont récupérées ; le 1er R.E.P. déplore la perte de 7 paras tués dont le légionnaire Ferdinand Dirbas et 17 blessés.
1er & 2 février : bataille des Beni-Mezzeline.
Dans la forêt des Beni-Mezzeline, bouclée par le 151e R.I.M. et le 3e R.T.S., le 1er R.E.P. accroche une katiba près du poste de Boudaroua, avec héliportage de la 1ère compagnie : 81 H.L.L. dont 48 par le 1er R.E.P., sont tués et 2 H.L.L. sont faits prisonniers ; 54 armes dont 27 par le 1er R.E.P. avec 4 mitrailleuses et un F.M., sont récupérées ; le 1er R.E.P. déplore 8 tués, dont les sergents Kaiser et Lanquish, les légionnaires Less, Luckmann, et 25 blessés dont trois chefs de section, les lieutenants Durand-Ruel, Daniel Godot et Rodius.
3 février : lors des accrochages à Kef El-Mehtha et Aïn-Hallouf, le bilan du 1er R.E.P. est de 33 H.L.L. tués et de 28 armes récupérées. Mais le 1er R.E.P. déplore des pertes sensibles : 7 parachutistes tués dont les légionnaires Werner Lehmann, Ryszard Lisieski, Willy Lunquick, Antonio Rabadan Funès et Celio Sampietri, et 17 blessés que l’hélicoptère emmène.
6 & 7 février : au cours de l’opération du 1er R.E.P. contre les rebelles vers le barrage, dans la région de Duvivier, un H.L.L. est tué et 5 armes sont récupérées.
Du 9 au 11 février : combats dans le djebel Bou-Alou.
Dans la nuit du 9 au 10, une bande importante, constituée par deux katibas, franchit le barrage ; le 9e R.C.P., arrivé la veille, se porte à Khémissa, avec des éléments des 152e & 153e R.I.M., pour rechercher la bande sur le pourtour du Kef el-Aks, dans la région du djebel Bou-Alou ; deux katibas passent, avec des pertes légères.
Le 1er R.E.P., le 9e R.C.P. et le 18e Dragons entament la poursuite ; le bilan du 9e R.C.P. est de 31 H.L.L. tués et 24 armes récupérées ; le bilan total est de 190 H.L.L. tués, 11 prisonniers ; 13 mitrailleuses, 5 F.M. et 163 armes individuelles sont récupérés.
13 février : sur les pentes du Fedj-Zezoua, le 1er R.E.P. accroche les deux katibas repérées la veille dans la forêt des Béni-Melline ; après un dernier straffing, les légionnaires montent à l’assaut comme ils savent si bien le faire ; les rebelles perdent au moins 47 tués ; le 1er R.E.P. perd deux tués et dix blessés ; 4 F.M. et de nombreuses armes sont récupérées.
Du 14 au 16 février : nouveaux combats du Fedj-Zezoua.
A 15 kilomètres de Guelma, le 1er R.E.P. accroche la katiba, déjà accrochée par le 9e R.C.P. et repérée par le 60e R.I. puis par la S.A.S de Hammam N’Bails, sur le Fedj-Zezoua ; à la tombée de la nuit, le 1er R.E.P. nettoie le fond de l’oued Rezaga ; 163 fellagha sont tués par le 1er R.E.P. et 3 faits prisonniers ; 138 armes dont 10 mitrailleuses, 3 F.M. et 42 P.M. sont saisies ; mais une roquette d’avion tombe sur une section du 1er R.E.P. et tue l’adjudant Roger Herrero et les légionnaires Rudolf Abels, Dieter Kugel et Martin Kumbartzki ; le capitaine Hautechaud, commandant l’E.R., et le médecin capitaine Palu sont grièvement blessés ; le 1er R.E.P. déplore la perte de 12 parachutistes tués dont le légionnaire Dietrich Bode, et 43 parachutistes blessés dont cinq officiers.
20 février : le 1er R.E.P. anéantit une section de la nahia 4 de la wilaya II et le comité de nahia, qui sévit dans la région de l’Aouara, des Béni-Mezzeline et du Talha.
21 février : la méthode Tasnady.
Entre 1 200 mètres et 1 400 mètres d’altitude, le 1er R.E.P. applique la méthode Tasnady pour l’assaut par les voltigeurs en rang, volée de grenades suivie d’un bond avec balayage aux P.M., etc…32 fellagha sont tués et 11 faits prisonniers ; 3 mitrailleuses, un F.M., 3 P.M. et 15 fusils sont récupérés ; le 1er R.E.P. déplore la perte d’un para tué et cinq paras blessés.
23 février : combats sur le djebel Gourine.
Un franchissement est signalé au nord de Duvivier ; le 1er R.E.P. engage le combat avant que la bande n’atteigne le djebel Gourine, avec le soutien du 9e R.C.P. et le 60e R.I. ; 225 H.L.L. sont tués, 16 faits prisonniers ; 9 mitrailleuses, 8 F.M. et 187 armes de guerre sont récupérés ; les régiments perdent 16 tués et 54 blessés.
25 février : le 1er R.E.P. perd un tué ; 5 fellagha sont tués ; une mitrailleuse et 5 armes sont récupérées.
26 février : bataille de Megroun El-Ougali.
· Dans la nuit du 25 au 26, une alerte au barrage est déclenchée.
· Benzadi Menouar Ben Mokhtar, déserteur de l’armée française à son retour d’Indochine, guide un convoi de 180 hommes chargés d’armes, partis de Sakiet vers la wilaya II, dans la région de Dar-Zerrouk ; il traverse le barrage électrifié grâce à des pinces coupantes isolantes made in Germany ; huit hommes périssent lors de la traversée du barrage.
· Au point de jonction avec les guides de la wilaya II et d’un autre convoi passé plus au nord, à hauteur du bec de canard de Ghardimaou, les convois sont repérés par le 1er R.E.P. à Megroun El-Ougali ; le 1er R.E.P. perd le lieutenant Georges Maroni, l’adjudant Hans Stuwe et 15 légionnaires dont le légionnaire Eduard Christl, ainsi que 45 blessés ; 2 T-6 ont été descendus ; les convoyeurs d’armes ont défendu chèrement leur peau.
· En fin de journée, le Groupe mobile du 9e R.C.P. et du 60e R.I. participe aux combats.
· Mais 270 fellagha sont mis hors de combat, dont 149 sont tués par le 1er R.E.P. ; 120 fusils de guerre, 55 P.M., 8 F.M. et 10 mitrailleuses sont saisies ; le passeur est parmi les rescapés.
1er mars : depuis le 24 janvier, dans la région de Guelma, le 1er R.E.P. a mis 600 H.L.L. au tapis ; il a récupéré 1 300 armes individuelles et 120 armes automatiques, dont 29 mitrailleuses et 13 F.M. ; le bilan est impressionnant.
2 mars : à Guelma, au cours d’une prise d’armes exceptionnelle, le général Paul Vanuxem décore une centaine de légionnaires dont une trentaine d’officiers et sous-officiers ; il remet au lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre, promu à titre exceptionnel, la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur.
Après la prise d’armes, le 1er R.E.P. s’oppose à un passage dans la région de Duvivier.
3 mars : un accrochage oppose le 1er R.E.P. à une bande de fellagha qu’il anéantit.
6 & 7 mars : une alerte est donnée dans la nuit du 3 au 4 mars ; la tempête de neige prend les troupes en pleine manœuvre ; le 3e Groupe de Nomades intercepte quand même les recrues ; au cours d’une opération dans le djebel Besbessa, le 1er R.E.P. et le 9e R.C.P. accrochent une bande de fellagha ; le 1er R.E.P. détruit ce qui reste d’une katiba locale : son bilan est de 21 H.L.L. tués, 14 H.L.L. prisonniers ; leur armement est récupéré ; mais l’insuffisance du bouclage et le mauvais temps permettent au gros de la bande de s’échapper. Mais la poursuite continue et 60 hommes sont tués ; une mitrailleuse, 3 F.M. et 35 armes individuelles sont récupérées.
10 mars : le Commando d’Extrême-Orient est intégré pour actions au G.M. du 1er R.E.P.
16 mars : le 1er R.E.P. anéantit une section de la nahia 2 de la wilaya II qui sévit entre la région de l’Eulma et du Debar.
18 & 19 mars : bataille de Guelma sur le djebel Marioun.
· Dans la nuit du 17 au 18, une bande de 140 hommes franchit le barrage au sud de Mondovi. Le 4e Hussards les piste avec son peloton cynophile et les accroche.
· Le 1er R.E.P., le 3e R.T.S., le bataillon de marche du 151e R.I.M. et le 3e Groupe de Nomades sont rameutés autour du 4e Hussards.
· Le lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre boucle entièrement le terrain le 18 : onze compagnies sont héliportées.
· Au matin du 19, le chef de corps du 1er R.E.P. détruit la bande : 123 tués dont 118 par le 1er R.E.P., 10 prisonniers, 3 mitrailleuses, 10 F.M., 96 armes individuelles.
· Mais le 1er R.E.P. déplore la perte de 12 paras tués dont le légionnaire Fritz Birreck et 32 paras blessés.
27 mars : le 1er R.E.P. intercepte un convoi de recrues qui tombe entre ses mains.
28 & 29 mars : combats sur le Chabba Ben-Saïd.
· Le 28, vers 23 heures, alerte sur le barrage électrique ; quatre katibas tentent de franchir l’obstacle : deux se replient vers l’est ; sur les deux autres, le lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre rameute son groupe mobile, le 4e Hussards, le 3e R.T.S., le 3e Groupe de Compagnies Nomades Algériennes, des moghaznis de la S.A.S. de Barral, puis le 14e R.C.A.
· Au cours de cette opération sur le Chabba Ben-Saïd, au sud de Barral, le 1er R.E.P., avec le 151e R.I.M. et une compagnie du II/3e R.T.S., intercepte la bande pistée par le 4e Hussards avec un peloton cynophile.
· Le 29, dès 6 heures 45, le 1er R.E.P. attaque.
· Le bilan du 1er R.E.P. est de 114 H.L.L tués, dont 23 H.L.L. tués par le Commando d’Extrême-Orient ; leur armement dont 3 mitrailleuses est récupéré.
· Le bilan total est de 144 tués, 9 prisonniers, 8 mitrailleuses, 4 F.M., 121 armes individuelles.
· Le gendarme Gilbert Godefroid est tué et son chien de guerre Gamin est blessé.
Au cours du 1er trimestre, le 1er R.E.P. est héliporté dans la région du barrage de la frontière algéro-tunisienne où une unité vient d’être sévèrement accrochée. Les combats durent deux jours lorsqu’un message parvient aux combattants : ‘’ordre de stopper sur place’’ ; les légionnaires doivent laisser s’échapper des centaines de fellagha bien installés dans un camp en Tunisie. C’est la douche froide ! Le droit de poursuite n’est qu’une argutie pour professeurs de droit attardés. Avant de rentrer en Algérie, les légionnaires s’offrent le plaisir de faire au centre du camp un immense bûcher pour les tentes et les munitions.
2 avril : le ministre de la Défense Nationale, Jacques Chaban-Delmas vient visiter le 1er R.E.P. Le chef de corps expose calmement, d’une voie forte, ses idées opérationnelles, basées sur le renseignement. En conclusion, le ministre termine par ces mots : ‘’Ah ! Messieurs, sachez-le : Chaban vous admire et Delmas vous envie !’’.
5 & 6 avril : combats dans le secteur de Guelma.
· Au nord de Duvivier, une bande de 250 hommes tente un nouveau franchissement du barrage ; grâce à la herse, 80 hommes seulement réussissent ; au cours de l’opération dans l’oued Bou-Diedra, le 1er R.E.P. ne rattrape que les derniers : 14 H.L.L. sont tués, 2 faits prisonniers et leur armement récupéré, une mitrailleuse, 2 F.M. et 9 armes de guerre.
· Toute la région de Guelma est alors nettoyée par le groupe mobile du 1er R.E.P. : 90 rebelles locaux sont mis hors de combat, deux mitrailleuses, 2 F.M. et 60 armes de guerre récupérés.
· Dans la région de Souk-Ahras, le 9e R.C.P. avec le 152e R.I. et le 60e R.I. détruisent la katiba locale : 69 tués, 18 prisonniers, 2 mitrailleuses, 2 F.M., 49 armes de guerre.
· Le reste de la bande veut franchir le barrage pour s’abriter en Tunisie ; le 60e R.I. l’accroche et le détruit : 27 tués, 4 prisonniers, une mitrailleuse, 3 F.M. et 23 armes récupérés.
7 avril : lors d’une opération dans les Béni-Melleille, près du poste de Boudaroua, le bilan du 1er R.E.P. est de 14 H.L.L. tués et leur armement récupéré.
10 & 11 avril : lors d’un coup de main dans le djebel Debar et le djebel Arara, la 1ère compagnie du 1er R.E.P. est héliportée. Le 1er R.E.P. perd le sergent René Rouffosse.
15 avril : le 1er R.E.P. opère dans le Kef el-Dbaâ.
17 avril : une opération avec la participation du 1er R.E.P. se déroule dans la région de Bou-Hachena ; la 2e compagnie est héliportée.
19 avril : le 1er R.E.P. opère dans le djebel Berda.
21 avril : un coup de main est effectué par le 1er R.E.P. chez les Béni-Medie.
24 avril : un coup de main est effectué par le 1er R.E.P. dans la région au sud-est de Petit avec héliportage de la 3e compagnie.
27 avril : le 1er R.E.P. opère dans Debar Bezoui.
Du 28 avril au 3 mai : la bataille de Souk-Ahras avec l’offensive du F.L.N. dite des 1 000.
· Une grande offensive du F.L.N. venant de Tunisie avec le 4e faïlek, a pour objet d’implanter une structure d’accueil dans la région de Duvivier. Il franchit le barrage en force au sud de Souk-Ahras. Trois katibas destinées au Nord-Constantinois le soutiennent.
· 28 avril : un premier passage dans la nuit du 27 au 28 à Aïn-Thamimine.
· Le 3e R.E.I. donne l’alerte. La première katiba est interceptée par les 1er R.E.P., 14e R.C.P., le 60e R.I., les 26e R.I.M. & 153e R.I.
· 29 avril : un deuxième passage dans la nuit du 28 au 29 au sud de Souk-Ahras.
· Quatre katibas commandées par Sirine Lakhdar, chef de valeur brutal et expéditif, et son adjoint le sergent déserteur intrépide Latrèche Youssef, passent dans la zone tenue par le 9e R.C.P. et ses appelés ; le lieutenant-colonel Pierre Buchoud dirige l’opération ; le premier accrochage éclate à 14 heures 45 ; toutes les unités signalent des accrochages ; à 15 heures, il est évident que la bande avec plusieurs centaines de fellagha est là ; le 1er R.E.P. est mis en alerte à Guelma ; sur le djebel el-Mouhadjène, la 3e compagnie du capitaine Serge Beaumont du 9e R.C.P. est héliportée sur une zone préalablement straffée ; la première vague reçoit le premier choc dès son arrivée : les paras sont fusillés dès leur contact avec le sol. Les pertes du 9e R.C.P. sont très lourdes.
· Dans la nuit, à 2 heures, des H.L.L. donnent l’assaut ; dès les premières lueurs de l’aube, les parachutistes délogent un fellagha, armé d’une mitrailleuse MG 42, et découvrent dix cadavres de rebelles, avec deux fusils et un P.M. d’un para du 9e R.C.P.
· Les renforts arrivent.
· Le général Paul Vanuxem arrive et prend le commandement sur le terrain : six bataillons d’infanterie, trois régiments parachutistes et un groupement blindé piègent l’ennemi ; deux autres régiments parachutistes sont appelés en renfort : le 2e R.E.P. et le 18e R.C.P.
· 30 avril & 1er mai : combats sur le djebel el-Mouhadjène.
· Le 1er R.E.P., au complet, lance les premiers assauts sur le djebel el-Mouhadjène le 30 avril ; certains légionnaires crient ‘’Camerone’’ ; d’autres chantent à tue-tête ‘’Tiens, voilà du boudin’’ avant de lancer leurs grenades ; les fellagha, piégés par la manœuvre du lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre, luttent jusqu’à la mort ; les derniers combats se font au couteau ; à la fin de cette mémorable journée, les hommes du 1er R.E.P. ont abattu 192 rebelles ; dans les camions s’entassent 6 mitrailleuses, 6 F.M., 37 P.M. et 75 fusils.
· Le 2e R.E.P. (qui fêtait Camerone à Philippeville) du lieutenant-colonel Lefort arrive en renfort le 1er mai et termine l’affaire dans l’oued Bou-Kaïa, à Dekma, Medjeria, Kekma et Chouk, en tuant 54 H.L.L. et en récupérant 32 armes. Avec le 18e R.C.P., le bilan s’élève à 75 tués, 4 prisonniers, 2 mitrailleuses, 3 F.M. et 48 armes individuelles.
· L’A.L.N. perd en deux jours 270 hommes, 10 mitrailleuses, 11 F.M., un mortier, 4 armes antichars et 265 armes individuelles.
· Sur les lieux des combats, les paras retrouvent leurs 33 camarades : leurs corps sont à moitié dévêtus et leurs visages criblés de balles les rendent méconnaissables.
8 mai : à Guelma, la petite sous-préfecture connaît une agitation exceptionnelle.
Le général Jean Gilles procède à une remise de décorations au 1er R.E.P. ; à l’ordre ‘’Faites sortir des rangs les récipiendaires’’, 150 légionnaires font un pas en avant : l’adjudant Tasnady, cité cinq fois après sa Médaille militaire, reçoit la croix de chevalier de la Légion d’Honneur. Lors de la réception avec les nouveaux décorés, le lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre dit, sans emphase, d’une voix posée, grave : ‘’Camerone 1863, c’est la victoire ou la mort. Le 1er régiment étranger de parachutistes est dans la tradition’’.
11 mai : combats dans la Mahouna.
Le 1er R.E.P. achève les derniers guérilleros : 105 tués, 5 mitrailleuses et 82 armes de guerre.
13 mai : toute la 10e D.P., sans se poser de questions, fait bloc et reste aux ordres du général Jacques Massu dans ces circonstances exceptionnelles.
16 mai : lors d’une opération du 1er R.E.P. dans le douar Meddouda, 12 H.L.L. sont tués.
24 mai : combats au nord de Dréa.
Une bande de fellagha franchit le barrage à 1 kilomètre de Dréa ; une opération de secteur est déclenchée avec des éléments du 1er R.E.P. et un peloton blindé du 2e escadron du 1er R.S.
28 & 29 mai : opération Taureau III dans la région de l’oued Bou-Amhdad.
Le 1er R.E.P. affronte les falaises du djebel Mermera de nuit et pour la première fois. Un premier groupe de rebelles est détruit dans la matinée ; le lieutenant Bonelli est blessé. Un deuxième groupe de fellagha, très sûrs d’eux, est accroché dans l’après-midi. L’hélicoptère P.C., qui survole le lieu de l’accrochage, est abattu à 15 heures ; sans prendre de précautions, les légionnaires du lieutenant Simonot, chef de la section la plus proche de l’appareil, chargent, immédiatement, à toute vitesse ; le lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre, patron du 1er R.E.P., est tué ; le capitaine Ysquierdo annonce à la radio ‘’Soleil est mort’’. Mais, sur le djebel maudit, les combats continuent, violents, acharnés, impitoyables ; ils n’ont plus le même caractère ; il s’agit de vengeance. Blême de colère, le lieutenant Simonot fonce avec ses hommes, il s’écroule, grièvement blessé ; le lieutenant Gillet le remplace ; le capitaine Glasser arrive avec sa compagnie ; les fellagha, grisés par leur succès, attaquent ; l’artillerie et la chasse se mettent de la partie ; les légionnaires vont à la curée jusqu’à la nuit tombante ; il n’y aura pas un seul prisonnier ce soir-là : 58 tués, une mitrailleuse, un F.M. et 43 armes individuelles. Dans cet accrochage sévère sur le djebel Mermera, à 20 km au sud de Guelma, le lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre, patron du 1er R.E.P., figure de légende de la Légion, l’un des plus prestigieux léopards, est tué ; le 1er R.E.P. est frappé de stupeur.
Le pilote et le mécanicien de l’Alouette, les M.D.L. Jack Descamps et Guy Kolsch, ne survivront que quelques jours à leurs blessures.
31 mai : à Guelma, toute la population assiste aux obsèques du lieutenant-colonel Pierre Jeanpierre, ‘’héros au cœur pur, honneur de l’armée, exemple garant de son avenir, entré de plain-pied dans la légende glorieuse de la Légion Etrangère et des troupes aéroportées’’ : les femmes portent des fleurs ; des hommes pleurent ; personne ne prête attention aux généraux et aux autorités civiles. Un suprême hommage est rendu au lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre, en présence du général Raoul Salan, devant tous les chefs de corps de la Légion et des chefs des unités parachutistes ; devant le cercueil du chef de corps du 1er R.E.P., qui reçoit à titre posthume la plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur et la Croix de la Valeur Militaire avec palme, le général Jacques Massu, patron de la 10e D.P., promet : ‘’mon colonel, nous vous le jurons, nous mourrons plutôt que d’abandonner l’Algérie française’’. Les légionnaires du 1er R.E.P. écoutent ce serment. La foule admire le 1er R.E.P. qui avance, au son de la Marche consulaire, drapeau en tête ; dans leurs tenues camouflées, déteintes par le soleil, la sueur et la pluie, les légionnaires défilent, raidis et graves ; ils portent tête haute ; leurs visages sont tendus ; des rangées de médailles brillent sur leurs poitrines ; chacun se surpasse en l’honneur de son colonel. Jamais le Régiment n’a été aussi beau, aussi puissant, aussi majestueux.
· En fin d’après-midi, à El Allia, en présence des Chefs militaires et des membres du Comité du 13 Mai, un dernier hommage est rendu au lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre.
Pendant ces 4 mois de bataille du barrage à la frontière tunisienne, les pertes totales sont, pour l’armée française, de 273 tués et 736 blessés ; sur les 10 000 combattants qui tentent de pénétrer en Algérie, l’A.L.N. laisse au moins 4 000 tués et 600 prisonniers, 3 000 armes individuelles et 350 armes automatiques. Les pertes humaines des régiments engagés directement dans la bataille du barrage algéro-tunisien, depuis le 1er janvier, s’élèvent à 196 tués et 441 blessés.
· Pour le 1er R.E.P. (900 hommes engagés pendant 132 jours), les pertes s’élèvent à 110 paras tués et 289 paras blessés ; mais l’A.L.N. laisse devant le 1er R.E.P. 1 275 H.L.L. mis hors de combat et un amoncellement d’armes : 92 mitrailleuses et F.M., 970 armes individuelles ; le général Paul Vanuxem décerne au 1er R.E.P. le titre de ‘’premier régiment d’assaut de l’armée française’’ ;
Mai 1958 : l’assaut d’un piton bien défendu est désormais une exclusivité parachutiste ; chacun sa partie : la leur est de mourir sur la piste.
Jean Balazuc P.P.P.P.