Petite réflexion sans odeur :
En de nombreuses occasions, je me suis retrouvé en discussion sur de nombreuses carrières « sans accroc », de personnages souvent haut en couleurs. Toujours, il y avait, à mon avis, une incohérence et incompréhension aux vues des bons résultats des intéressés à gérer certaines situations délicates. Une de mes lectures m’apportait une amorce de réponse dans le fait que malgré leur réussite, certains individus demeurent persuadés d’être des imposteurs. Imposteurs ? Explication SVP !
Lorsqu’il obtient un succès, un individu psychologiquement fort a tendance à s’en attribuer spontanément le mérite. En cas d’échec, il n’aura pas de mal à incriminer la malchance ou une autre cause externe. A l’extrême inverse, certaines personnes, souvent parmi celles ayant réussi un parcours sans faute, ne parviennent pas à s’en trouver responsables. Expliquant leur réussite par la chance, leurs relations ou leur physique plaisant, elles ne croient pas à leurs mérites et pensent avoir usurpé leur succès.
Les personnes souffrant de ce trouble, qualifié par les psychologues de «syndrome de l’imposteur», ont souvent tendance à la dépression. Mais leur caractéristique est plutôt une anxiété générale liée à la peur permanente d’être démasquées, persuadées de renvoyer à leur entourage une image bien meilleure que ce qu’elles valent réellement. Inutile d’essayer de les convaincre du contraire. Loin de réconforter, les compliments peuvent avoir l’effet inverse. Félicité, l’«imposteur» redoute de ne pouvoir faire aussi bien dans le futur.
Cette conviction d’être un mystificateur est le résultat d’une conscience exacerbée de ses propres faiblesses et d’une surévaluation des compétences des autres auxquels le sujet se compare souvent, sûr qu’ils sont plus intelligents. Cette piètre estime de soi, cause et conséquence du sentiment d’imposture, entretient une boucle de rétroaction négative qui autoalimente le mal-être.
Face à un enjeu, certains «imposteurs» choisissent la stratégie d’en faire trop, trop de travail, trop d’efforts, trop de sacrifices destinés à augmenter leurs chances de réussir, pour finalement penser, en cas de succès, que celui-ci est dû à ce surcroît de travail. D’où la crainte de ne pas parvenir à faire aussi bien la prochaine fois. D’autres attendent la dernière minute pour s’y mettre, ou ne travaillent pas suffisamment.
Pas assez ou trop tard, le résultat est le même : en cas d’échec, ils se sentent responsables, tandis qu’un succès serait une pure chance. Un cercle vicieux, dont il est difficile de sortir sans travailler au renforcement de l’estime de soi.
Nous sommes tous plus ou moins des « imposteurs » mais il serait bénéfique de s’exercer seul à reconnaître nos points forts, nos relations positives avec les autres et nos succès et nous donner le droit de dire «je ne sais pas», de rater, de renoncer et même de décevoir. En découvrant qu’on survit aux succès et aux échecs, on ose enfin s’apprécier avec ses défauts, ses qualités, ses succès et ses échecs.
Qui ne se reconnaît pas dans ce portrait trop vite achevé ? Décidément, l’observation de notre comédie humaine est passionnante et ne met personne à l’abri du regard, parfois pertinent des autres…
Ainsi sommes-nous ?
CM