Il est une remarque intéressante du déterminant possessif: « on ne dit pas un centenaire, mais son centenaire ». L’Amicale apporte une affection particulière à cet ancien légionnaire qui a traversé un siècle et dont l’histoire est bien celle d’un homme qui représente l’incarnation de notre mémoire collective.

Il est très intéressant également de faire à l’occasion de ce centenaire un bond en arrière qui nous transfert dans les années 1925 où deux orphelins, frère et sœur, étaient pris en compte par un fermier suisse. Les temps étaient durs pour les petits Bulholzer, il leur fallait travailler sous une forme d’esclavage pour gagner une maigre pitance et les années passaient sans que rien ne semblait pouvoir changer. Cette situation rapprochait les deux enfants d’un lien fraternel indestructible qui perdurera. Lienhard ne se voyait pas continuer ainsi, et c’est tout naturellement, arrivé à l’âge juste dépassé de l’adolescence qu’il s’enfuit de cette ferme laissant derrière lui le souvenir douloureux vécu pendant un trop grand temps de sa jeunesse.

En chemin pour nulle part, il fit la rencontre d’un camarade qui prenait la route pour Lyon dans le but de s’engager à la Légion étrangère. Désemparé, sans but, Lienhard accompagna son compagnon de voyage, l’idée lui semblait bonne, tout plutôt que de se retrouver à nouveau en Suisse !

Liénhard s’engage pour 5 ans, sa compétence de palefrenier provoque son affectation au 1er Régiment Etranger de Cavalerie à Sousse en Tunisie à compter du 28 février 1938. Au 2ème escadron à cheval SVP!

La seconde guerre mondiale déclarée sollicite l’intervention du 1er REC sur le sol français. Liénhard débarque à Marseille et se trouve engagé avec son régiment, dès le 18 mai 1940, dans la Somme. Il est fait prisonnier par les allemands à Châteauroux. Libéré par les alliés le 8 juillet 1945, il est rayé ce même jour des contrôles de la Légion étrangère.

Commence alors, pour lui, une période obscure où il s’engage au profit de partisans serbes expliquant, à qui veut bien l’entendre, que ce serait par amour en suivant fidélement une femme médecin, tuée par la suite, à la fin du conflit. Néanmoins ce bouleversement le laisse à nouveau désemparé…

La comtesse du Luard le prend alors sous sa protection et l’envoi comme démineur à l’île d’Oléron avant de le prendre à son service comme conducteur particulier. En 1949, il retourne en Suisse et trouve un emploi de livreur de vin pour l'Italie et la France, pour lui l'aventure et les voyages devenaient, désormais maitrisés et choisis.

Aujourd’hui, "notre centenaire" est pensionnaire à Roquefort la Bédoule à la résidence Dazur. Son ami le major (er) Roland Kurg s'occupe d'une manière remarquable du bien-être de notre centenaire et l'Amicale d'Aubagne organisa son anniversaire le samedi 19 octobre 2019 avec un gâteau confectionné par Stephan Clement.

Bon anniversaire à "notre centenaire", à l'an prochain !

CM