Le mot du Président de la FSALE pour Camerone 2020
Chers Anciens, mes chers compagnons,
Nous sommes à dix jours de Camerone, nous nous apprêtons à commémorer le 157ème anniversaire du combat de Camerone dans des conditions exceptionnelles. Confinés en vase clos jusqu’au 11 mai, nous sommes dans une situation peu commune. Mais malgré les regrets que nous formulons entre nous pour ce moment bizarre, nous, anciens de la Légion étrangère, témoignons que ce sont les épreuves qui ont forgé nos unités depuis cent quatre-vingt-neuf ans.
Nos pensées affectueuses vont vers nos malades et nos isolés, les veufs et les veuves. La mystérieuse épreuve actuelle nous invite à réfléchir sur « le sens de l’homme », sur la perspective qui nous est donnée par la Légion, et sur l’usage que nous faisons de notre liberté. Isolé pour ce 30 avril, chacun reste debout, se recueille et se souvient. Nous savons que nos jeunes à Barkhane, en Guyane, en Opex et en Opint remplissent la mission.
Il y a 66 ans nos aînés tenaient les tranchées de Dien Bien Phu et se levaient pour contre-attaquer.
Les derniers de ces fiers vétérans de la 13ème DBLE, du 2ème et 3ème REI, du 1er et du 2ème BEP sont toujours là avec nous, en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie ou en Belgique. Ce sont comme l’a dit le prince Aage de Danemark, officier de Légion, les « Moines de la Grande Aventure » qui maintiennent entre eux du matin au soir cette part d’héroïsme sur tous les plans, dans le tragique et dans la « rigolade ». Après la chute du camp ils ont rejoint les prisonniers de la RC4, survivants d’une captivité de quatre ans dans la jungle.
L’un de ces survivants, le Colonel Bernard Grué a intitulé son livre de guerre « L’espoir meurt en dernier ». Jeune lieutenant du 3ème REI à Dong Khé, il résista avec ses légionnaires aux attaques viet-minh pendant deux jours et deux nuits, puis il tomba deux fois blessé. Le récit qu’il fait de sa captivité n’est pas haineux mais toujours teinté d’humour et d’optimisme courageux. Un récit d’homme, à hauteur d’homme. Une Légion qui est aussi une âme, une amitié, peut être une mystique. Aujourd’hui pensionnaire aux Invalides, Grand-officier de la Légion d’honneur, Bernard Grué nous accueille en souriant, il apparaît comme une leçon de survie, d’espérance et d’humanisme. Il porte le béret vert et garde le sens de la solidarité légionnaire.
A vous tous je souhaite un « Bon Camerone » dans ce contexte exceptionnel de 2020 qui fera que nous le célébrerons autrement. Pour ce Camerone particulier nous serons seuls, mais debout, venus du monde entier, « More Majorum », à la manière de nos vétérans encore tout rayonnants de la lumière qu’en avançant dans la carrière ils ont su faire naître en eux.
Semper fidelis.
Général de division (2s) Rémy Gausserès président de la FSALE.