La vieille caserne oubliée !

La rouille ne laisse plus guère de place à la peinture d’origine, une grille en fer forgé, ouverte, est figée sur ses gonds. Quelques souvenirs laissent toutefois encore l’illusion d’un passé radieux. La façade grise d’une grande bâtisse se dresse de toute sa hauteur sur un jardin en friche. Elle n’attire pas le soleil, la lumière peine à éclairer une végétation sauvage, dense et persistante qui regorge  d’ombres noires autant que de mystères.

Les nuages passent au  loin, caravane indolente qui revient d’un long voyage. Lorsque l’on passe la grille, une curieuse émotion ne vous laisse pas tranquille. Étrange sensation qui se dégage ici… comme si des regards enfouis dans l’ombre des arbres ou derrière les vitres sombres, sales et glacées des fenêtres, laissaient l’image furtive et implacable d’un passé récent trop vite évanoui.

Tout sera détruit pour de nouvelles constructions, de nouvelles choses dit-on !

Juste retour des choses? N’en a-t-il pas été de même lors de l’installation des légionnaires dans cette caserne qui avait déjà l’empreinte indélébile des marques de l’histoire des gens qui y étaient passés avant eux ?

Pourrions-nous changer le déroulement des événements qu’un destin implacable ne saurait empêcher de subir l’aspiration monstrueuse par le vide de toute chose vivante. Serions-nous d’une autre composition que les rêves qui nous poursuivent tout au long de notre existence et qu’animent sans cesse un espoir salvateur d’un monde meilleur ?

Partir pour un ailleurs, reconstruire à nouveau en imprégnant une nouvelle fois les lieux de ses particularités, s’installer, repartir encore et toujours pour d’autres horizons;  changer sans cesse au gré des événements !  Jamais, au grand jamais, on ne parviendra à ce que meure cette ardeur invisible qui fait notre cohésion et notre force, nos anciens l’avaient en eux, nous, leurs héritiers légitimes, saurons faire face comme ils l’ont fait en d’autres circonstances…

Toujours, encore « More Majorum ».

CM