Merveille de la Renaissance, la « Chambre de la signature » inspire aujourd’hui notre ami Christian. C’est cette « chambre » qui renferme les plus belles fresques de Raphaël qui marquent l’apogée de sa carrière Vaticane et l’éclat de la période renaissantiste. La fresque qui séduit particulièrement notre ami est celle qui représente le Vrai, le Bien et le Beau. AM
La « Chambre de la signature »
Je souhaite vous faire partager une réflexion provoquée par la vue de l’immense fresque (7,7 x 4,4 mètres) de Raphaël, commencée en 1509, exposée dans la « Chambre de la signature »*, bibliothèque du pape au palais du Vatican.
Une œuvre spectaculaire et monumentale, pas moins de cinquante- huit personnages.
Je me passionne à laisser vagabonder ma pensée en regardant réunis dans le tableau les sages et philosophes de la pensée classique.
Dans cette œuvre, l’œil est attiré, comme bien souvent, par le centre où, ici, deux hommes discutent, ce sont les représentants de la philosophie. L’un, Platon, indique le ciel de son doigt tandis que son voisin Aristote a la main tendue vers le sol.
Nous vivons dans un monde paradoxal. De nos jours, en nous révélant les mécanismes de la matière, la science nous a doté d’une technologie qui passerait pour de la magie aux yeux de nos ancêtres.
Ainsi, il y a 2600 ans, les hommes se sont demandés: “de quoi est fait le monde?” Ce qui me bouleverse, c’est l’enchaînement que provoquent de simples interrogations en regardant le tableau. La passion engendre alors une forme d’enquête avec comme résultat, une multitude de constats et d’interrogations. Il est frappant de constater que les penseurs grecs n’hésitaient pas à invoquer des entités invisibles pour tenter d’expliquer la complexité du monde.
Pour amorcer une ébauche de compréhension, il manquait à la science les mathématiques qui naissent quelques années après Thalès. Pythagore (en bas du tableau à gauche assis en lisant un livre), fonde une doctrine selon laquelle “tout est nombre”. Cela signifie que toutes les choses sont régies par des nombres et que ceux-ci sont l’essence même des choses.
L’ordre créé par Pythagore, où le maître enseigne caché derrière un rideau, ressemblait bien à une secte, en ce début des mathématiques et le domaine de la science est alors aussi celui de la magie et de l’ésotérisme.
Cinquante ans plus tard, Platon remplace les nombres par la géométrie, son idée que « le livre de la nature est écrit en langage mathématique » aura une grande prospérité mais elle devra subir une longue éclipse en partie due aux critiques d’Aristote, son élève.
L’homme, depuis la nuit des temps a cherché à comprendre les philosophes grecs qui ont commencé il y a 2600 ans à se demander de quoi était fait le monde, ayant très tôt l’intuition de l’atome.
Aujourd’hui, un regard interrogateur enclenchant des recherches vers la connaissance, est pour moi un moteur qui carbure au plaisir de découvrir.
Je me garde de tout égoïsme, je partage avec l’infime espoir, tel un message en l’air, d’attirer votre curiosité.
Peut-être qu’avec la recherche d’une certaine culture, nos temps modernes qui illustrent si parfaitement notre morosité et notre pessimisme, ne seront qu’époque de transition…
“Ce qui est incompréhensible, disait Albert Einstein, c’est que le monde soit compréhensible”.
CM