Voilà une image de cette société qui est malheureusement la nôtre qui ne respecte plus rien. Il est tellement loin le temps où l'on se découvrait au passage d'un corbillard salué par les militaires au "garde à Vous". Triste société soulignée par une vulgarité abjecte devenue manière de vivre. Indescence exhibition provocatrice d'une horrible sorcière qui telle la morts elle-même s’imposait à notre entendement…

L'absoute  venait de se terminer. Sur le parvis de l'église, un des amis du défunt,   lisait avec une intonation emphatique, un  éloge funèbre émouvant  qui écrasait l'assistance du poids des mots. Une présentation précieuse pour une mise en mémoire de ce que fut la vie de ce légionnaire. La cérémonie touchait à sa fin, l'instant  se vivait douloureusement, le moment était venu où se partage le deuil avec la famille, condoléances attristées.

Les sonneries réglementaires venaient d’être exécutées, une minute de silence venait opportunément, comme une grande respiration, mettre enfin, une pause à un trop plein d'émotion.

Pendant ce silence respectueux, surgit alors, un inattendu et incongru bruit familier, celui d'une marche syncopée, lourde, une sorte de "tic-tac" qui soulignait le temps qui passe, provoqué, à la surprise de tous, par le claquement de talons aiguilles qui martelaient le pavé.

A nos yeux médusés, apparut une femme, fausse blonde, habillée de façon grossière, surgissant de nulle part et qui, tranquillement , traversait d'une allure altière, le cercle où s'étaient regroupés  les participants de la cérémonie pour une haie d’honneur, ultime hommage au défunt.

Comme si de rien n'était, elle s'en allait son « petit-bonhomme » de chemin, vaquant sans complexe à ses occupations, faisant montre d'une attitude hautaine, provocatrice, indifférente à nos regards outrés.  Pris au dépourvu, nul ne pouvait  s'aventurer à perturber cette  progression inopportune, sans augmenter  encore, l’incongruité de la situation.

L’émouvante   cérémonie des adieux à l'un des nôtres, était profanée. elle se trouvait confrontée à la réalité d’un monde qui n'était plus à l'endroit.  Nous étions confrontés au droit de chacun de disposer de lui-même à sa convenance, indifférence affichée pour un « non-événement » qui ne tenait aucun compte d’un ultime hommage adressé à un être humain fut-il « honnéte et fidèle »…

De surcroît, j'étais   vexé des vilains sentiments qui m’envahissaient et dominaient ma raison. Ce "Clown en jupon", osait  odieusement s'exhiber, sans gène apparente, pour  le plus  mauvais des spectacles  qu'il m'était donné de subir.

Horrible femme, caricature d'une mort annoncée, Image surréaliste d'une société sans âme et sans valeur ?

Au secours !