“La mémoire est oublieuse”…
Le lieutenant-colonel (er) Xavier Lantaires, avant de nous quitter pour un ailleurs inconnu, surprit tout son monde dans son entreprise en publiant ce message: “Une page d’histoire”.
Ce passionné de la Grande Guerre offrait une autre manière de faire passer l’Histoire, cet article propose une vraie réflexion.
“ Octobre 1915, il y a 105 ans, que se passa-t-il ?
Les canons pris à l’ennemi sont exposés dans la cour d’honneur des Invalides…
Ce n’est pas l’évènement le plus marquant de l’année 1915, dominé par les terribles offensives et l’enlissement du conflit en Artois et en Champagne…
http://expositions.bnf.fr/guerre14/reperes/chrono-1915.htm.
Ce n’est pas non plus le plus absurde, l’affaire des caporaux de Souain fusillés pour l’exemple, au printemps 1915, le surpasse en tout point.
Louis Girard, Lucien Lechat, Louis Lefoulon et Théophile Maupas sont désignés au hasard parmi leurs camarades et aussitôt passés par les armes parce que leur unité n’est pas sortie de la tranchée lorsque l’ordre le lui a été donné.
Ces caporaux sont réabilités en 1934, grâce à l’action en justice de Blanche MAUPAS, épouse d’un des fusillés. 20 ans auront été nécessaires.”
Le billet : "la mémoire est oublieuse" suscite une réponse. La voici:
“Un rapport d’historiens remis au ministre chargé des Anciens combattants suggère des “pistes” afin de réintégrer dans l'honneur de la communauté nationale les “fusillés pour l’exemple” de la Grande Guerre.
Ces exécutions devaient servir "d'exemple”! La ligue des “droits de l’homme” soulève des interrogtions et demande que les prochaines commémorations soient l’occasion d’avancer dans la connaissance historique de ces soldats exécutés pour l’exemple et, également, de comprendre pourquoi cent quarante mille soldats morts pendant ce conflit mondial, n’ont pas le droit à la mention “mort pour la France” et ne peuvent, par ce fait, avoir leurs noms sur les monuments aux morts de leurs communes.
Ces questions sensibles, pourraient assombrir de vilains nuages les commémorations des anciens combattants...
En fait, ouvrir ce dossier ne peut que provoquer une polémique au risque de ne pas être compris, même si la distinction est faite entre les exécutions; ainsi il serait possible de différencier les crimes de sang, l’espionnage, le refus répété de se battre, etc... L’hypocrisie extrême serait d’affirmer que beaucoup de ces fusillés étaient de bons soldats…
Aujourd’hui, un constat s’impose: les appréciations des conditions des combats ont bien changé et même si le courage est, lui, toujours le même, la majorité des français ne pensent plus qu’un déserteur soit obligatoirement un mauvais soldat, ce n’est qu’un bon soldat qui a eu un moment de faiblesse…
Tout cela a ses limites. Réhabiliter un soldat qui a abandonné son poste ou refusé de monter en ligne est faire acte de violence à l’histoire, cela n’a pas de sens!
Au total, 741 soldats ont été fusillés pour de nombreux motifs: espionnage, capitulation en rase campagne, abandon de poste, refus d’obéïssance en présence de l’ennemi, désertion à l’ennemi, pillage, crime et délit de droit commun, etc…
Heureusement, la mémoire des un million quatre cent mille soldats qu’on honore chaque 11 novembre est forte et l’idée même d’une justice rétroactive est souvent absurde. L’histoire laisse derrière elle trop de victimes et de coupables impunis.
Bien entendu que ces demandes de réhabilitation n’enlèvent rien au courage et à l’héroïsme des soldats qui sont allés au front et qui sont tombés au champ d’honneur. Non ! Le cas des fusillés ne doit pas troubler l’hommage que nous rendrons aux millions d’hommes et de femmes qui ont souffert et pour certains succombé pour que la France reste un pays libre. La leçon de ces sacrifices devrait aujourd’hui provoquer une prise de conscience de la valeur de l’héritage que nous ont légué ces soldats qui ont donné leur vie pour nous.
C’est ce message qu’à son niveau et dans son entreprise souhaitait faire passer Xavier Lantaires. Nous publions cet article en hommage à un homme qui n’avait pas toujours la même façon de penser que tout un chacun, témoin vivant trop vite parti, lui aussi avait tant et tant de choses à dire...