Les derniers des quelque 400 militaires du groupement Terre Ventoux ont quitté Beyrouth, la capitale libanaise, dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 septembre, au terme de leur mission baptisée Amitié. Le colonel Antoine de La Bardonnie (chef de corps du 2e REG) dresse le bilan d’une opération humanitaire exigeante.
Le groupement Terre (GT) était formé par des personnels issus de cinq régiments du génie dont les 1er et 2ème Régiments Etrangers de Génie (REG). À ces deux régiments de la Légion étrangère s’ajoutent le 17ème Régiment du Génie Parachutiste (RGP), avec des moyens légers de déblaiement et les 19ème et 31ème Régiments du Génie (RG), avec leurs sections d’appui au déploiement lourd et leurs stations de traitement des eaux mobiles dont c’était le premier déploiement.
72 heures pour être prêts
Ce dispositif a été mis sur pied après l’explosion du 4 août qui a dévasté la capitale libanaise. En 72 heures, tout le monde était prêt à embarquer, ce qui témoigne d’une belle réactivité puisqu’un quart des moyens français n’étaient pas en état d’alerte. C’est un vrai motif de satisfaction résume le chef de corps du 2ème REG avant de rappeler le timing: Départ de Toulon le 9 août sur le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre ; arrivée le 14 ; mise en place à terre des premiers éléments le 15 et implantation de la base opérationnelle le 19.
L’implantation de cette base à terre, au plus près de la zone de destruction, a été rendue possible grâce au déploiement quasi immédiat de trois modules qui permettent de loger et de nourrir des soldats en opérations, avec 30 jours de vivre et des moyens de transmissions. Le soutien carburant a été contractualisé, précise le colonel de La Bardonnie qui se félicite de cette vraie belle manœuvre de soutien réalisée par les forces françaises déjà lourdement impliquées dans des opérations extérieures.
Un travail de sapeur
Les militaires du GT ont contribué à l’acheminement et à la distribution des 1 200 tonnes d’aide humanitaire française (100 t par voie aérienne, 100 t sur Le Tonnerre et 1000 t sur le roulier affrété de la Maritime nantaise).
Mais leur mission principale relevait bien du domaine du génie : il s’agissait de déblayer et de dépolluer la zone portuaire (c’était le chantier principal) et aussi de nettoyer des équipements collectifs, comme des écoles, dans la zone affectée par le souffle de l’explosion.
Quelques chiffres:
25 ha déblayés dans la zone portuaire,
2,5 km de routes et de voies dégagés,
3 000 m2 de charpentes métalliques évacués…
17 000 tonnes de gravats évacués
1 100 rotations de camions !
De ce chantier mené à bien en parfaite collaboration avec l’armée libanaise, dont les cadres ont une culture commune avec nous, les sapeurs retirent au moins un enseignement : en zone industrielle et urbaine, il faut compter avec énormément de métal et pas seulement avec des gravats et de la terre. Ce qui rend les travaux encore plus périlleux et exige des équipements spéciaux pour l’oxycoupage. Le défi, c’est donc de traiter le métal en grande quantité, de le trier en vue de son recyclage.