Histoire : Avril 1882, la Légion face à Bou Amama et les Ouled Sidi Cheikh.
En 1880, apparaît le chérif Bou-Amama. Il profite du départ en Tunisie d’une partie des troupes de la province d’Oran pour prêcher la guerre sainte dans les tribus du Sud-Ouest.
En décembre 1881, dans chaque régiment de la Légion Etrangère, on organise une compagnie montée sur des mulets arabes. Il y a, pour 2 hommes, un mulet qui porte un cavalier et les effets des 2 légionnaires. Les effets des 2 hommes sont arrimés avec leurs vivres ; le havresac est supprimé. Le rôle de ces unités d’élite est d’augmenter la mobilité de l’infanterie en territoire hostile en évitant la fatigue des hommes.
25 & 26 avril 1882 : une colonne d’un peu plus de 300 hommes, dirigée par le capitaine de Castries, effectue une mission topographique à environ 70 kilomètres à l’ouest d’Aïn-Sefra, entre Forthasa Rharbia et Aïn ben Khellil. Elle est escortée par une compagnie de la Légion commandée par le capitaine Barbier et une section de la compagnie montée de la Légion commandée par le lieutenant Massone, un peloton de quelques cavaliers, des Chasseurs d’Afrique, et quelques goumiers,
La colonne est attaquée par les bandes de Bou-Amama, près d’Haci-bel-Salem, au Chott Tigri ; les assaillants sont au nombre de plus de 1 000 cavaliers et environ 3 000 fantassins.
Les Ouled Sidi Cheikh sont soigneusement cachés par les accidents du terrain.
Soudain ils se dévoilent à courte distance. La section montée est prise sous un feu violent. De tous côtés, des fantassins et des cavaliers fondent sur les Français. Ils jaillissent des ravins, surgissent de derrière de petites crêtes, hurlant des slogans de mort.
La section montée, en arrière-garde, la plus exposée, se retrouve coupée, isole. Le lieutenant Massone, ses sous-officiers et caporaux sont touchés. Le soldat le plus courageux prend le commandement et d’une voix forte, donne les ordres qui conviennent pour regrouper ses camarades et former le carré. Il est mortellement touché à son tour et sur son cadavre, un légionnaire dépose une croix de la Légion d’Honneur.
Le capitaine Barbier rallie les sections de sa compagnie sur une petite éminence. Les fusils Gras et les baïonnettes refoulent la multitude qui se presse. Camerone revit sous le soleil d’Afrique. Le capitaine est tué. Son adjoint, le lieutenant Weber s’affaisse, blessé. Les vivants protègent les blessés de leur mieux. Quant aux morts, ils sont la proie des furies qui exhortent leurs compagnons. • Après sept heures de lutte, les assaillants devant leurs pertes finissent par renoncer. Lentement, ils amorcent leur repli et s’éloignent comme toujours vers l’est.
Le capitaine de Castries, miraculeusement indemne, reforme une colonne qui prend la direction du nord. En fin de soirée, les rescapés atteignent le puits de Gaaloul, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Forthasa Rharbia.
Les pertes sont de 2 officiers et 49 légionnaires tués, 2 officiers et 25 légionnaires blessés. Le capitaine Barbier et le lieutenant Massone sont tués. Comme à Camerone, la masse les écrasa. Les légionnaires se sont montrés dignes de la Vieille Garde.
Les deux bataillons du 1er Régiment Etranger, qui se trouvent à Aïn Ben Khélil, se mettent en marche ; une autre colonne part d’Aïn-Sefra, une troisième de Géryville ; le colonel de Négrier en prend le commandement supérieur. Averti du combat, le colonel de Négrier parcourt cinquante kilomètres dans la nuit avec cinq cents hommes et dégage le détachement attaqué. Les unités dispersent les forces de Bou-Amama qui perdent plusieurs centaines de tués.
Jean Balazuc P.P.P.P.
Sources principales.
La Légion, Grandeur et Servitude – Historama N° spécial 3 – XI 1967
Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1986
Le 4e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1987
Histoire de l Légion de 1831 à nos jours – Capitaine Pierre montagnon – Pygmalion 1999
Site du Mémorial de Puyloubier
Barbier, capitaine légionnaire, tué lors de l’embuscade des 25 & 26 avril 1882, sur le Chott Tigri, par les bandes du marabout Sidi Bou-Amama.
de Castries, capitaine, chef d’une mission topographique qui tombe dans une embuscade montée par les bandes du marabout Sidi Bou-Amama, sur le Chott Tigri, les 25 & 26 avril 1882.
Massone, lieutenant légionnaire, chef d’une section de la compagnie montée, tué lors de l’embuscade des 25 & 26 avril 1882, sur le Chott Tigri, par les bandes du marabout Sidi Bou-Amama.
de Négrier François Oscar, né à Belfort le 02.10.1839 ; neveu du précédant ; il entre à Saint-Cyr à 17 ans en 1856 ; nommé en 1859 au 3e B.C.P. ; au 16e B.C.P. en 1863, il sert en Afrique entre 1864 et 1866 ; au 2e B.C.P. le 11.03.1868 ; campagne contre l’Allemagne ; blessé, chevalier de la Légion d’Honneur, capturé à Metz ; évadé, il tue deux hulans qui lui demandaient ses papiers ; nommé au 24e B.C.P. ; il participe à la campagne du Nord ; deux fois blessé, officier de la Légion d’Honneur ; envoyé en Algérie après la Guerre de 1870, il est nommé commandant d’un bataillon du 11e de Ligne provisoire ; il participe à la colonne de Miliana ; chef de corps du 25e B.C.P. ; il détruit la kouba d’El-Abiod dans le Sud Oranais ; au 140e R.I. le 08.10.1875 ; au 79e R.I. le 25.10.1879 ; colonel commandant la Légion Etrangère de 1881 à 1883 ; il crée les compagnies montées en décembre 1881 ; en 1881-1882, il mène les opérations dans le Sud Oranais contre les bandes de Bou-Amama en juin 1882, il poursuit et contraint à fuir le marabout agitateur dont les traces se perdent dans le Sud ; commandeur de la Légion d’Honneur en 1882 ; nommé général de brigade en 1883, il est envoyé au Tonkin face aux Chinois ; sa brigade est remarquée lors de l’assaut sur Bac Ninh ; grièvement blessé le 28.03.1885 lors de la bataille de Langson, il laisse le commandement au lieutenant-colonel Herbinger ; grand-officier de la Légion d’Honneur en 1884 ; il commande successivement la 14e D.I. à Belfort en 1887-1889, puis le 11e C.A. à Nantes en 1890-1892 et le 7e C.A. à Besançon de 1892 à 1894 ; décédé le 22.08.1913. à bord du King Harald au large de la Norvège.
Weber, lieutenant de la Légion Etrangère, adjoint du capitaine Barbier, commandant une compagnie ; blessé le 26.04.1882 lors de l’embuscade du Chott Tigri ; tué 31.01.1885 à Formose.