Nous savons tous combien notre camarade et ami Christian est attaché aux actions de solidarité et d’entraide. Directeur de « Puyloubier » pendant quatre ans et d’ « Auriol » quatorze années durant après une année au SMOLE ( !), il sait mieux que nous tous ce que cela veut dire. Il nous parle aujourd’hui d’une sorte d’abandon de nos valeurs par les chefs de tout bord. Politiques qui décident aujourd’hui ce que demain d’autres politiques aboliront, chefs militaires qui n’ont plus les moyens de résister, pour diverses raisons, bref, un monde ancien qui se délite sous nos yeux effarés. Christian n’est pas spécialement conservateur ni passéiste, je ne l’ai jamais entendu prononcer ce lieu commun si répandu : « ah… de mon temps… ». Non. Moderniste, toujours tourné vers l’avenir, épris de toutes les nouvelles technologies, curieux comme un jeune homme, « son temps » est le vôtre et le mien, c’est le temps qui court. Néanmoins, il ne peut rester sans louer certains bienfaits du passé, quand les chefs militaires pouvaient prendre certaines décisions seuls, sans besoin de blanc-seing d’élus aux déterminations changeantes et avec le vent et avec les élections. C’est pourquoi je pense qu’il a raison de mettre en exergue ces deux œuvres majeures de la solidarité légionnaire, créées à l’ancienne mais toujours d’actualité : l’Institution des Invalides de Puyloubier et la Maison du Légionnaire à Auriol. Ce sont des réalités tangibles qui nous invitent à suivre son amicale prescription, pour nos justes causes : restons solidaires et unis.
AM
Bas relief: sculpture du 1ère classe d'honneur: André Paltrié
pour la "Maison du légionnaire"
J’ai en mémoire quelques courriels bien trempés (dans l’acide, le vinaigre, la colère…) qui émettent une opinion sur un événement et qui me prennent à témoin en souhaitant me rendre solidaire d’une action, ou bien me demandent de signer une pétition, de prendre parti pour une prétendue noble cause, contre un horrible scandale, une insulte inadmissible et j’en passe et pas toujours des meilleures…
J’ai, bien entendu, une opinion sur ces événements qui transforment notre société (mariage pour tous, vote des étrangers, loi du 19 mars, etc...).
Mais ce que je souhaite exprimer par mon propos d’auteur responsable, c’est que je serais plutôt à l’image de l’ancien légionnaire en général, détaché de certaines contraintes, pouvant prendre le recul nécessaire à une certaine réflexion.
Mon engagement à la Légion était une forme de rupture avec une société civile trop décevante et un besoin d’aventure. Aussi, j’avais décidé que les réactions spontanées, les défenses des belles causes ne me concernaient pas. Tel était aussi le cas pendant la durée de mon service actif, du fait même que j’étais conscient de renoncer à toutes actions politiques, religieuses ou autres susceptibles de mettre en péril la neutralité exigée de tout militaire dans et en dehors de ses fonctions. En revanche, cela ne m’obligeait pas à me départir de mon sens critique, ne m’interdisait pas de penser et d’être suffisamment lucide pour me sentir entouré de beaucoup trop de haines ; j’ai ainsi appris à mes dépends que tout le monde est loin d’être gentil. La malveillance, fait partie du mode de vie de nombreuses personnes qui, bien qu’honnêtes, sont dotés d’une formidable puissance de nuisance et, l’actualité de nos sociétés, civiles et militaires, démontre sans autre besoin de développer la justesse de ces propos.
Sans être un horrible donneur de leçon, il me semble grand temps que nous prenions conscience que nous subirons dans un temps très proche, l’accentuation des effets d’une mondialisation galopante, et que nos petits soucis nationaux seront confrontés aux difficultés d’un monde en évolution accélérée, auquel nous ne saurions échapper et « Coronavirus » aidant…
A la Légion nous avions compris qu’il ne nous fallait compter que sur nous-mêmes. Après ce constat simple et lucide, des solutions furent imaginées puis concrétisées par les réalisations des hébergements pour Anciens légionnaires à Auriol et à Puyloubier. Par précaution, nous n’avons pas souhaité mettre nos « œufs dans le même panier » en donnant à la « Maison du légionnaire » d’Auriol un statut d’indépendance et d’autonomie à l’abri de la loi des « Associations de 1901 ». Nous avons fait le choix, pour ces deux maisons, d’imposer un but associatif commun inscrit dans leurs statuts : « apporter un soutien moral et physique aux anciens légionnaires en difficulté » et les plaçer dans un environnement de confiance à l’abri d’une société où la parole donnée n’a plus de sens ni de valeur, puisqu’elle est reprise au gré des lubies d’hommes politiques changeants, faisant de ce qui est vrai aujourd’hui, un mensonge de demain... Nous avons souhaité, tout simplement que nos Anciens se sentent chez eux et non pas chez les autres…
Cependant un constat s'impose, même ensemble, nous ne serons jamais assez forts pour faire face aux changements qui se préparent aujourd’hui dans les domaines politiques, religieux, financiers, et celui primordial de la santé… Nous avons parfaitement compris, doux euphémisme de bienséance, que des changements importants sont clairement amorcés, visibles par tous, nous regardons avec beaucoup d’inquiétudes bouger notre société « malade de la peste » par virus interposé qui nous conduiront inéluctablement vers des destins pressentis, devinés, mais cependant inconnus, avenir incertain d'une société en pleine transformation.
Tout nous échappe, nous ne pouvons que constater les dégâts d’un naufrage annoncé et la panique affichée actuellement par nos politiques n’est pas à même de nous rassurer. Pour notre malheur, nos décideurs restent ces personnages que les Français ont mis en place conformément aux règles d’un suffrage universel intouchable. Les temps changent, nous savons bien que notre Armée doit rester en phase avec son temps, mais il est souhaitable qu’elle ne subisse plus de délocalisations et qu’elle maintienne allumée cette flamme entretenue par l’estime des Françaises et des Français pour leur grandeur et servitude militaire.
Tout ceci démontre bien la prescience légionnaire, que j’évoquais plus haut, avec cette intelligence et cet « A propos » de se doter de structures d’accueils pour les Anciens en difficulté. Nous n’échapperons pas à l’ogre mondialiste et à cette pandémie qui avancent en avalant tout sur leurs passages. Espérons que nous aurons encore l’opportunité d’avancer à notre cadence, à celle du pas Légion, à quatre-vingt-huit pas à la minute et pas un de plus, ni de moins.
Un jeune Ancien-retraité me disait récemment: « la Légion m’a fait homme libre, il est temps que j’en profite. Certes, je suis enchaîné d’honneur et de fidélité, mais je serais trahi si cette fidélité s’appliquerait sans honneur… si tel était le cas, le contrat moral, pour bon nombre d’entre nous, serait alors rompu… ».
Restons unis et gardons le cap.
"Haut les Coeurs !".
More Majorum !
CM