Quelles peuvent bien être les raisons fondamentales pour lesquelles nous sommes si souvent portés à nier d'être vieux. Quels sont les défis que l'âge nous apporte et comment est-il possible de vivre cette phase de vie d'une manière satisfaisante ?

C'est notre vie sociale et familiale qui nous force à en prendre conscience. En fait,  vieillir, c'est souvent vivre un mal être; le fait de vieillir nous confronte directement à nos limites et nous lèse quant à la qualité de notre vie.

L'âge nous invite à faire face à un vrai défi qui consiste à reconnaître que chacun d'entre-nous est seul responsable de son existence jusqu'à ce qu'arrive le moment où notre avenir immédiat est lié à la décision des autres, choix guidé par votre état de santé dépendant. Passage obligé, grande solitude, heureusement il  existe  des gens qui se dévouent à rendre les derniers temps sur terre des vieilles personnes et des malades autre chose qu'un cauchemar horriblement trop difficile à supporter.

Définir la vieillesse est un exercice complexe, tant il concerne beaucoup de domaines. C'est avant tout une expérience de vie personnelle à chacun. On devrait considérer le vieillissement social et psychique autant que le vieillissement biologique, sans forcément parler d'âge ou d'apparence. Cependant, étant donné que les organes s'usent avec le temps, le vieillissement est incontournable et parfaitement normal; il est inscrit dans le processus vital du corps qui se modifie et la perception de soi en est troublée.

Lorsque je passai le cap de mes soixante-dix ans, quand je disais être dans la septantaine, on me répondait aimablement que je ne faisais pas mon âge… aujourd’hui, pas d’étonnement, ni hypocrisie,  je dois bien afficher le poids des ans, je suis bien rattrapé par la vie, en quelque sorte,  et l’abandon, prochain,  de nombreuses  activités  qui alimentent mon sentiment d'utilité n'est pas pour arranger les choses...

L’égalité proclamée au fronton de nos mairies, est un mythe, en France comme ailleurs, et s’il est un domaine où les humains ne sont pas égaux, c’est bien celui de la santé. C’est, à mon avis, même précisément la seule injustice réelle  de la vie ; indéniable constat: fort de 34 ans de service Légion auxquelles s'ajoutent 13 ans et demi à "la Maison du légionnaire" à Auriol, soit 18 ans au service des Anciens légionnaires sanctionnés  par 133 éloges funèbres; une véritable vocation qui suscite en moi une très grande admiration pour les œuvres sociales de la Légion étrangère et, plus précisément, pour  « l’Institution des Invalides de la Légion étrangère » à Puyloubier et  « La maison du légionnaire » à Auriol.

les familles sont priées de se débrouiller avec leurs vieux, les maisons de retraite sont hors de prix, pourtant elles affichent  « complet » et les structures de maintien à domicile ont des aides "peau de chagrin". Certaines personnes parfaitement "normales"  abandonnent leurs vieux, sans autre forme de procès, au bord d’un hôpital, comme elles abandonnent leurs animaux familiers au bord d’une auto-route. On manque d’établissements d’accueil et la pension d'une retraite ne suffit plus à nos vieux pour  payer les séjours dans les maisons spécialisées.

Les personnes vieillissantes voient disparaître tout ce qui faisait leur joie de vivre. La perception de leur vieillissement se trouve en liaison directe avec des alliances inconscientes et l'idée de leur appartenance à la condition humaine: « Je serai ce qui me survivra ».

 

Simone de Beauvoir se rebellait en écrivant si justement:   « Cessons de tricher, nous ne savons pas qui nous sommes  si nous ignorons qui nous serons: ce vieil homme, cette vieille femme, reconnaissons-nous en eux. Il le faut, si nous voulons assumer dans sa totalité notre condition humaine ». (La vieillesse,   propos liminaire, 1970).

Vieillir…  un vrai problème de société ? surtout en ces temps difficiles où la fracture avec les jeunes est accentuée par cette pandémie envahissante qui place les vieux dans la catégorie des « personnes à risque » ! La nature est sans pitié, mais l'éternité, pour beaucoup d'entre nous ne serait pas supportable. Pauvre de nous, apprenons à vivre ce présent  écrasé par une pandémie insupportable, la leçon retenue est bien celle de notre fragilité qui nous fait penser à la disparition des dinosaures, la terre se défendrait-elle d'un microbe insupportable et violent ? Rendez-vous sur objectif... ou pas !

CM