Aquarelle de Andreas Rosenberg pour le 4ème Etranger

Il est curieux que la France ait toléré l’existence d’un corps plaçant la fidélité au dessus de celle qu’il devait au pays et dont la devise : « Legio Patria Nostra » est une déclaration de demi-allégeance.

 

Cet état de chose a cependant permis d’attirer des officiers et des hommes plus ou moins hostiles à la France républicaine.

Le général Paul-Frédéric Rollet en développant et en créant les traditions a provoqué l’isolement, le sentiment d’autosuffisance de la Légion pour glorification de ses mythes.

Ainsi, trop attaché à sa géographie morale, la Légion s’est faite prisonnière de ses propres contradictions et ne peut garder en mémoire que son rôle principal est uniquement de mettre en œuvre la politique décidée par le gouvernement. Sa mission fût-elle déplaisante, elle reste toujours, comme le dit si bien le légionnaire Flutsch (dont le livre était  offert au jeune officier affecté à la Légion) : " le monastère des incroyants ".

L’imagerie populaire de la Légion repose sur l’esprit de Camerone qui précise, exemple à l’appui, que le légionnaire reste toujours fidèle à la parole donnée et que de ce fait, la mission il l’accomplira jusqu’au bout faut-il pour y parvenir, mourir.

C’est cette maxime qui donne à notre Institution légionnaire un panache exceptionnel et qui sauva, peut-être, son existence menacée.

Nul doute, si la Légion est parvenue à s’imposer française par le sang versé, sa force reste d’être attachée aux préjugés et à la vanité des Français par des liens très forts où se mélangent les sentiments les plus divers passant de la fierté à l’admiration, de l’inquiétude à la conviction d’exposer aux yeux du monde l’exemple indiscutable d’une intégration réussie de cet étranger volontaire au pays des droits de l’homme et du devoir du citoyen. 

Camerone, la main du capitaine Jean Danjou, représentation fétiche de la parole donnée, devant un tel symbole, la Légion ne peut que perdurer avec cet état d’esprit depuis longtemps disparus des armées des nations. La Légion est bien vivante et a de l’allure. Le musée des gloires passées où dans la crypte repose la main articulée du capitaine Jean Danjou incarne un besoin essentiel de l’âme légionnaire : "celui de pouvoir recommencer une vie où  est possible une forme de rédemption par le danger et la souffrance".

La Légion, n’en doutons surtout pas, aujourd'hui, aura un avenir aussi brillant que son passé. Mais elle ne sera jamais une arme incontrôlable.

Huile sur toile: crèche originale de Rudolf Burda

More Majorum.

CM