29 juillet : ‘’l’appel à tous les étrangers amis de la France’’, rédigé par Riccioto Canudo et Blaise Cendars, relayé par l’article de Georges Casmèze, reporter américain du New-York Herald, consacre l’idée de l’engagement volontaire des étrangers sous le drapeau français.

1er août : l'Allemagne déclare la guerre à la Russie.La mobilisation générale est décrétée en Allemagne.

2 août : la mobilisation générale est déclarée en France métropolitaine et dans les départements français d’Algérie.

  • Aussitôt, comme leurs aînés de 1870, de nombreux étrangers résidant en France décident de s’engager pour défendre la Patrie qu’ils se sont choisies.

  • Le Luxembourg est envahi par les troupes allemandes.

    • L’Allemagne adresse un ultimatum à la Belgique, en vue d'utiliser le territoire belge pour attaquer la France. Refus belge.

  • Le Gouvernement de la France réclame une quarantaine de bataillons et d’escadrons au général Louis Lyautey, Résident Général au Maroc.

    • Le général Louis Lyautey envoie les Zouaves, les Tirailleurs et les Spahis algériens vers la France. Ils vont constituer la célèbre Division Marocaine.

    • Ils sont remplacés par des Goums, quelques bataillons de la Légion Etrangère et d’Infanterie légère d’Afrique, des Tirailleurs sénégalais. Quelques bataillons territoriaux et de nouvelles unités coloniales permettent au général Lyautey de mettre sur pied des groupes mobiles. Ceux-ci vont sillonner le Rif, le Moyen-Atlas et, au Sud, le Tafilalet. Ils vont rétablir ainsi des situations compromises par les agissements de quelques trublions. Le général dispose d’une trentaine de bataillons.

    • Les troupes chérifiennes sont alors organisées. Elles sont constituées en bataillons et escadrons dont cinq d’entre eux forment la Brigade marocaine ; parmi leurs officiers, le lieutenant Alphonse Juin.

    • Parmi les troupes sous les ordres du général Louis Lyautey, figureront deux Régiments de Marche de la Légion Etrangère, essentiellement composés d’Allemands, d’Autrichiens, de Bulgares, de Turcs, inemployables en France. Fidèles à leur devise ‘’Honneur et Fidélité’’, ceux-ci auront à cœur de remettre à leurs camarades, retour de l’holocauste, l’héritage qui leur a été confié.

    • Dans le Maroc oriental, les 1er, 3e et 6e bataillons du 1er Etranger, sont réunis sous le commandement du colonel Jean Boyer, chef de corps, pour former le 1er Régiment de Marche du 1er Etranger. Ce Régiment de Marche est donc constitué de trois bataillons et de deux compagnies montées. Appartenant aux troupes de Taza, ces unités assurent la défense proche et éloignée de cette ville cernée par les dissidents. Puis, tout danger étant écarté, elles rayonnent au nord et au sud de Taza, prenant part successivement aux colonnes de Guercif, de Kasbah Tadla et de Khénifra.

2 août : Incident de Joncherey, et premiers morts d'une guerre non encore déclarée.

Commandant une escouade de la 6e compagnie du 2e bataillon de 44e régiment d'infanterie de Lons-le-Saunier, le caporal André Peugeot fait barrage à un détachement de reconnaissance allemand de huit hommes du 5e régiment de chasseurs à cheval de Mulhouse, qui progresse vers Joncherey en venant de Faverois après avoir violé la frontière française. Le sous-lieutenant Albert Mayer commande ce détachement. Après avoir sabré sans la tuer la sentinelle française postée en avant de l'escouade, Albert Mayer tire trois fois en direction d’André Peugeot. Ce dernier riposte et atteint le cavalier d’une balle dans le ventre. Mais la deuxième balle allemande a mortellement blessé le caporal André Peugeot. Il est le premier mort militaire français d'une guerre qui ne commença officiellement que le lendemain 3 août, avec la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, et qui devait coûter la vie à dix millions d'Européens. Atteint d'une seconde balle française après celle du caporal André Peugeot, le sous-lieutenant Albert Mayer est quant à lui, le premier tué allemand. Les deux jeunes hommes avaient presque le même âge, 21 et 22 ans.

3 août : l'Allemagne déclare la guerre à la France et à la Belgique

  • Les Allemands effectuent le premier bombardement aérien sur Lunéville.

    • Les troupes allemandes pénètrent en Belgique par la région d'Aix-la-Chapelle. Le roi des Belges lance un appel à la France et à la Grande-Bretagne, invoquant le traité de 1831 qui garantit la Belgique contre toute invasion et/ou annexion.

4 août : le Royaume-Uni répond favorablement à l'appel du roi Albert 1er de Belgique et déclare la guerre à l'Allemagne. Après un discours enflammé du président du Conseil, René Viviani, Français d’Algérie, devant l’Assemblée Nationale, la France déclare la guerre à l’Allemagne.

9 août : le camp de Taza, où se trouvent réunis tous les éléments du 1er Etranger, est violemment attaqué par des Marocains. Ils sont repoussés au cours de combats meurtriers.

  • Le lendemain,une colonne importante part à la poursuite. Le combat s’engage à nouveau et la colonne ne peut être dégagée qu’après plusieurs charges à la baïonnette par le 2e bataillon qui compte 20 morts et 42 blessés.

  • La lutte continue sans trêve jusqu’à la fin de l’année, et même après, contre les rudes guerriers des tribus Béni-Guitoun et Branès, au nord de Taza.

  • Au sud, les bataillons du Régiment de Marche du 1er Etranger participent aux périlleuses opérations qui permettent le ravitaillement de Khénifra.

25 août : le 2e Régiment de Marche du 2e Etranger est constitué à Saïda.

29 août : le 3e Régiment de Marche du 1er R.E. est constitué à la caserne de Reuilly. Le renfort de vieux légionnaires et de cadres du 1er Régiment étranger, bien que peu nombreux, lui apporte l’expérience et les traditions de la Légion.

 

Jean Balazuc P.P.P.

 

Sources principales.

L’Algérie, œuvre française du professeur Pierre Goinard – Editions Robert Laffont 1984.

Histoire de la France en Algérie – Pierre Laffont – Editions Plon – 1980.

Pieds Noirs d’Hier et Aujourd’hui.

Site Mémoire des hommes du S.G.A.

La Légion Etrangère - Voyage à l'intérieur d'un corps d'élite - John Robert Young / Erwan Bergot – Editions Robert Laffont – 1984.

Le 1er Etranger - Philippe Cart-Tanneur Tibor Szecsko - Branding Iron Production 1986

Le 4e Etranger - Philippe Cart-Tanneur Tibor Szecsko - Branding Iron Production 1987

Répertoire des corps de troupe de l’Armée Française pendant la Grande Guerre – Tome 3 : La Légion Etrangère par le C.B. Phil. Guyot et Eric Labayle – Editions Claude Bonnaud – 2002.

 

Boyer Jean, né le 17.10.1859 à Laon dans l’Aisne. Saint-cyrien de la promotion 1979-1981 ; affecté successivement au 56e R.I., au 7e R.T.A., au 148e R.I., au 7e Zouaves ; lieutenant-colonel au 6e  R.T.A. ; colonel le 23.08.2013, chef de corps du 1er Régiment étranger en 1913 et 1914. Affecté au 149e R.I. en Belgique le 18.11.1914 ; général, commandant la 73e brigade d’infanterie puis la 52e division d’infanterie en 1915 ; général de division le 07.01.1918 ; en 1919, il commande la 4e D.I. puis la 38e D.I., le 15e C.A. puis le 8e C.A. et la 8e R.M. jusqu’en 1921. Décédé en février 1933.

 

Juin Alphonse, né à Bône le 16.12.1888 ; Pied-Noir ; fils de gendarme ; saint-cyrien ; il sort major de la promotion Meknès en 1912 ; il combat dans la division marocaine en 1914-1918 ; chef de corps du 3e Zouaves à Constantine ; général de division, il bloque les Allemands, à la tête de la 15e Division motorisée à Gembloux en Belgique ;fait prisonnier en 1940, libéré de la forteresse de Königstein le 15.10.1941 ; commandant supérieur au Maroc le 01.08.1941 ; commandant en chef en Algérie le 18.12.1941 ; il intervient le 9 novembre 1942 pour mettre fin à un conflit stérile et il range l’Algérie aux côtés des Alliés ; il se distingue en Algérie et en Tunisie de novembre 1942 à mai 1943 ; il est nommé Commandeur de la Légion du Mérite des U.S.A. ; commandant le Corps Expéditionnaire Français en Italie de novembre 1943 à juillet 1944 ; vainqueur des Allemands au Garigliano en mai 1944 ; chef d’état-major général de la Défense Nationale du 31.08.1944 au 07.11.1945 ; Grand Croix de la Légion d’Honneur ; la Médaille Militaire lui est décernée le 07.11.1945 ; Commissaire Résident Général au Maroc du 10.05.1947 au 20.09.1951 ; élevé à la dignité de Maréchal de France le 07.05.1952 ; commandant les forces atlantiques du secteur Centre-Europe de 1953 à 1956 ; décédé à Paris le 27.01.1967, il repose dans la crypte des Invalides.

 

Lyautey Louis Hubert, né à Nancy le 17.11.1854 ; major de sa promotion de Saint-Cyr Archiduc Albert 1873-1875 ; en Indochine en1894 ; collaborateur du Maréchal Joseph Galliéni au Tonkin et à Madagascar en 1894-1897 ; nommé en 1903 commandant de la subdivision d’Aïn-Sefra ;commandant de la division d’Oran en 1908 ; il crée le protectorat français au Maroc dont il est le premier Résident Général du 23.04.1912 à 1916 ; par son ascendant et ses relations personnelles, il obtient des forces militaires et pacifie le pays sans même s’en servir ; il respecte les coutumes et la religion du Maroc ; ce royaliste sans roi se crée un royaume au Maroc et l’offre à la République ; ministre de la Guerre en 1916-1917 ; élevé à la dignité de Maréchal de France en 1921 ; il intervient de nouveau au Maroc pour la guerre du Rif de 1921 à 1925 ; il entre à l’Académie Française (livres : ‘’Le rôle social de l’officier’’ et ‘’Lettres du Tonkin et de Madagascar’’) ; président d’honneur de l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes ; mort le 27.07.1934 à Thorey.

 

Mayer Albert, sous-lieutenant allemand, chef d’un détachement de huit hommes du 5e Régiment de chasseurs à cheval de Mulhouse ; le 02.08.2014, il pénètre en territoire français ; bloqué par l’escouade du caporal Jules Peugeot, il est tué lors de l’escarmouche de Joncherey, dans le Territoire de Belfort. C’est le premier soldant allemand tué lors de la Première Guerre Mondiale.

 

Peugeot Jules André, né le 11.06/1893 à Etupes dans le Doubs ; instituteur ; caporal, chef d’une escouade de la 6e compagnie du III/44e R.I. de Lons-le-Saunier ; le 02 08.1914, il s’oppose à l’intrusion en territoire français du détachement allemand du sous-lieutenant Albert Mayer. Il est tué lors de l’escarmouche de Joncherey, dans le Territoire de Belfort. C’est le premier soldant français tué lors de la Première Guerre Mondiale.