Septembre 1914 : les volontaires étrangers sont rassemblés dans des camps d’instruction proches de Paris avant d’être pour une partie, amalgamés avec des légionnaires venus d’Algérie ou du Maroc. Tous répondent à la proclamation lancée par un groupe d’intellectuels étrangers, conduit par l’écrivain suisse Blaise Cendrar, le jour de la mobilisation générale : "L'heure est grave. Tout homme digne de ce nom doit aujourd'hui agir, doit se défendre de rester inactif au milieu de la plus formidable conflagration que l'histoire ait jamais pu enregistrer."

 

  • Quatre régiments de marche sont ainsi constitués. Deux, le 2e du 1er Etranger et le 2e du 2e Etranger sont encadrés par des officiers et sous-officiers en provenance de la Légion d’Afrique. Le 3e R.M. du 1er R.E., formé à Paris, est encadré par des sapeurs-pompiers de Paris et des gendarmes. Le 4e R.M., baptisé lui aussi légionnaire, est entièrement constitué d’Italiens ; il est commandé par le petit-fils de Garibaldi : c’est la fameuse ‘’Légion Garibaldienne’’.

     

    • Les recrues du 3e R.M. du 1er Etranger se livrent aux plaisirs du maniement d’armes à la caserne Reuilly. La plupart d’entre eux, commerçants, artisans, artistes, universitaires, vivent en France depuis des années, aiment la France et désirent la servir. L’annonce d’un régiment étranger les comble et l’uniforme leur est désormais une sauvegarde.

       

    • Le 7 septembre, le colonel Thiébault prend le commandement du 3e R.M. du 1er R.E.

       

    • Le 9 septembre, le général Gallieni vient en inspection à la caserne Reuilly. Il est frappé par la bonne tenue des volontaires. Cette troupe est animée des traditions très vives des unités de la Légion. Tel est le prestige d’un nom, seul lien de ce régiment de hasard avec la vraie Légion. Tous les volontaires sont fiers d’être légionnaires et sont prêts à combattre comme des légionnaires.

       

       

    • Deux photos montrent des engagés volontaires américains du 2e R.E. à Paris en août 1914 et sur le front en septembre 1915, avec le poète Alan Seeger qui sera tué en juillet 1916 à Belloy-en-Santerre.

       

    • Jusqu’à son intervention sur le front occidental en France, la Légion Etrangère est considérée par l’opinion française comme un corps de troupe exceptionnel, un peu mystérieux, refuge des aventuriers, des fils de famille perdus de dettes, …, troupe de choc vouée aux expéditions lointaines.

       

    • La vraie Légion de la Guerre 1914-1918 naît au camp de Mailly avec les éléments du 1er Etranger et du 2e Etranger (en principe pas d’Allemands, ni Autrichiens, ni Bulgares ; en fait, il y en avait quelques uns, volontaires) ; venus d’Afrique, ces éléments incorporent, encadrent et instruisent les volontaires arrivés de plusieurs centres de recrutement en Province. Rude besogne, qui faillit mettre sur les dents les sous-officiers de Sidi-Bel-Abbès et de Saïda, pourtant spécialistes du dressage et de la poigne de fer.

       

    • Le flot des volontaires submerge les officiers recruteurs qui laissent s’engouffrer le torrent de tous les volontaires à qui personne ne demande de papiers ; mais durant les jours suivants, le tri des volontaires est effectué avec la rigueur traditionnelle de la Légion. En quatre mois, la Légion Etrangère va accueillir 12 000 volontaires.

       

    • L’élément Vieille Légion venu d’Afrique lie cette mixture qui ne manque pas de saveur.

       

    • Les 1er, 2e et 6e bataillons du 1er R.E., rattachés aux troupes du Maroc depuis 1907, sont groupés en un 1er Régiment de Marche du 1er Régiment étranger qui reste à la disposition du général Lyautey, lui permettant de ne point céder un pouce de terrain. Le 2e Etranger fournit également le 1er Régiment de Marche au Maroc.

       

    • Le 4e bataillon du 1er R.E., bien qu’indispensable au Tonkin, est rapatrié pour renforcer les unités de la Légion Etrangère engagées sur le front français et d’Orient.

       

    • Le 5e bataillon du 1er R.E. stationné en Algérie, le plus disponible pour l’heure, doit disparaître pour former l’ossature de deux régiments de marche (2e et 3e R.M. du 1er R.E.) constitués en France pour accueillir les milliers d’étrangers, engagés volontaires pour la durée de la guerre.

       

    • Quatre régiments de marche sont donc constitués en Métropole en 1914 :

       

    • Le 2e Régiment de Marche du 1er Etranger, commandé par le colonel Louis Pein.

       

    • Le 2e Régiment de Marche du 2e Etranger, commandé par le colonel Flavien Passard.

       

    • Le 3e Régiment de Marche du 1er Etranger, commandé par le colonel Thiébault.

       

    • Le 4e Régiment de Marche du 1er Etranger, sous le commandement du lieutenant-colonel Peppino Garibaldi, petit-fils du grand Garibaldi, formé à compter du 04.09.1914 et créé le 04.11.1914.

 

 

Jean BALAZUC P.P.P.

Sources principales.

  • La Légion Etrangère – Grandeur et servitudes – Historama – HS de XI-1967.

  • La Légion Etrangère - Voyage à l'intérieur d'un corps d'élite de John Robert Young & Erwan Bergot – Editions Robert Laffont – 1984.

  • Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecsko - Branding Iron Production - 1986

  • Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecsko – Editions du Fer à marquer – 1988.

  • Histoire de la Légion Etrangère 1831-1981 de Georges Blond – Plon – 1981.

  • La Légion Etrangère de Douglas Porch – Fayard – 1994.

 

Garibaldi Giuseppe dit Peppino, né le 29.07.1879 à Melbourne en Italie ;lieutenant-colonel, engagé E.V.D.G., chef de corps du 4e Régiment de marche du 1er Régiment étranger, formé au camp de Mailly avec des volontaires italiens de septembre au 9 novembre 1914 jusqu’à sa dissolution le 5 mars 1915. Il combat pendant la Première Guerre mondiale sous les couleurs de la France. Il rejoint ensuite l’armée italienne et se bat là encore avec courage et honneur, il revient combattre en France en 1918 dans le 2e corps de l'armée italienne du général Albricci qui se bat entre Soissons et Reims, ce qui lui vaut d’être promu général de brigade en juin 1918 avant de quitter l’armée en juin suivant. Décédé le 19.05.1950 à Rome en Italie.

 

Passard Flavien, né le 10.06.1857 à Membrey en Haute-Saône ; saint-cyrien de la promotion 1876-1878 ; sous-lieutenant au 21e R.I. au 12.10.1878 puis au 121e R.I. au 12.10.1883 ; lieutenant au 2e B.I.L.E. le 05.12.1886, puis au 123e R.I. le 28.01.1890 ; capitane au 33e R.I. le 12.07.1890 ; affecté au Dahomey du 26.11.1892 à février 1894 ; chef de bataillon au 1er R.T.A. le 12.10.1901 ; lieutenant-colonel au 2e Zouaves le 21.12.1907 puis au 2e R.T.A. le 25.11.1908 : colonel, chef de corps du 80e R.I. en mars 1911 puis chef de corps du 2e Étranger à Saïda le 29.07.1911 ; chef de corps du 2e Régiment de Marche du 2e Régiment étranger en Métropole du 21.08.1914 au 04.12.1904 ; commandant la 90e Brigade d’infanterie du 04 au 15.12.1914. Grand-officier de la Légion d’Honneur ; titulaire de cinq citations ; décédé le 24.01.1921 à Membrey.

 

Pein Louis Auguste Théodore, né le 30.06.1867 ; saint-cyrien de la promotion Tombouctou 1887-1889 ;capitaine ; chef de l’escorte de la mission scientifique géologique du professeur Flamand de l’Ecole supérieure des Sciences d’Alger ; le 29.12.1899, il hisse les trois couleurs sur la Kasbah d’In-Salah, après avoir repoussé une attaque des Ksouriens ; chef de corps du 2e Régiment de Marche du 1er Etranger en 1914-1915 ; commandant la 1ère brigade de la division marocaine en 1915 ; il dirige l’assaut de son ancien régiment sur les ‘’Ouvrages Blancs’’ le 9 mai 1915 ; décédé des suites de sa blessure le 10 mai 1915 à Arcq dans le Pas de Calais.

 

Thiébault, colonel de gendarmerie, chef de corps du 3e Régiment de Marche du 1er Etranger du 7 septembre 1914 au 6 juillet 1915.