Nostalgies ! vous avez dit « nostalgie » ?

( article placé sous la responsabilité de ses auteurs).  

C’est le propre de toutes les générations : « avant c’était mieux »… bien sûr. Mais est-ce toujours vrai ? C’était mieux dès lors que les événements auxquels on pourrait penser, se terminaient heureusement. Mais pour  ce qui se terminait en tragédie, était-ce « mieux » pour ceux qui en étaient les victimes ? La relativité des choses fait que nous devons accepter, parfois à notre corps défendant,   les époques traversées qui nous font regretter les bienfaits de l’ « avant » et rarement les épreuves qui en étaient le corollaire. Quand un ancien me dit « ah de mon temps…», je lui rétorque : mais ton temps est aussi le temps présent puisque tu es vivant… Comme Christian, je regrette un certain abandon de ce mystère qui entourait notre belle institution… même Lebranchu y a fourré son nez ! Il te faut, il nous faut cher ami, consulter de moins en moins nos albums photos en noir et blanc aux bords crènelés. AM

Nostalgies   

La nostalgie caractérise le regret d’un temps, d’un événement, d’une situation particulière, toutes formes de regrets dès lors que dans la mémoire ils revêtent les habits du dimanche.

Pour bon nombre d’anciens, cette forme de tristesse se manifeste à l’évocation d’un “bon vieux temps”, qui rappelle toujours un sentiment qui prétend que le passé était bien mieux, bien plus agréable.

L’homme est un être bizarre. Je me remémore l’émotion de nos grands anciens contents d’avoir vécu des situations où la mort qui rodait semblait avoir été ressentie, puis évoquée, dans une sorte d’envoûtement, enveloppée d’une curieuse jouissance à l’évocation de souvenirs presque insupportables…

Aujourd’hui, même les plus jeunes osent dire : ”Ce n’est plus comme avant…”. Avant, le mot est lâché ! Que signifie donc cette expression trop souvent utilisée, quels messages, à travers elle, sont véhiculés ?

A la lumière d’occurrences récentes qui lestent de leur poids la balance du mérite, le langage “politiquement correct” s’exprime en formes simples : “Nos légionnaires aujourd’hui, sont dignes de leurs anciens” !

Comment     serait-il possible qu’il en soit autrement puisque : “légionnaire, tu es soldat pour mourir et on t’envoie là où l’on meurt !” Comme le dit Antoine: “des phrases célèbres et terribles qui scellaient sous leur grandiloquence marmoréenne le destin de ceux-là mêmes qu’elles glorifiaient”. Mais le légionnaire ne veut pas d’une autre réalité.

Pour lui, le métier s’incruste petit à petit et conduit à une vocation, à force de pratique, elle n’est pas innée mais, au contraire, acquise tant il est vrai que très peu d’engagements se font au   motif d’être, avant tout, un soldat de métier, mais bien de fermer la porte à un passé, en vivant autre chose. Tout le reste n’est que verbiage et langage religieux…

Le pire serait de dire aux légionnaires  en herbe : “Vous êtes venus pour casser des têtes! Lancez-vous dans des combats épiques, apprenez à manier de nouvelles armes et utiliser des capacités de combat  spéciales, tout en vous frayant un chemin à coups de poing vers la célébrité, la gloire.”

Heureusement, ce n’est pas ainsi que se présente le légionnaire.

J’ai en mémoire   le propos d’un jeune homme en discussion avec un ancien chamarré de médailles qui disait à ce dernier: « je n’ai aucune décoration, mais j’ai beaucoup de place pour en mettre, j’ai pour moi ma jeunesse et il suffit de m’envoyer là où on en gagne au mérite ou non, je suis aux ordres et disponible pour être envoyé en tous lieux et aussi que je suis que le bras armé d’une politique qui peut ne pas être mienne, je suis avant tout légionnaire et je fais tout simplement le sermon de suivre mon Chef dans toutes les circonstances qui se présentent ! »

Le légionnaire n’est pas naïf, il sait que son chef exerce une autorité absolue, mais il comprend que son pouvoir a des limites surtout que lui aussi est aux ordres. Pour celui qui est investi, l’autorité est une charge, au sens noble, dont l’exercice est un devoir. Cependant, si elle donne des pouvoirs, ceux-ci sont exercés dans les strictes limites de la mission.

Le soldat sait qu’au combat il peut donner la mort, mais il sait aussi qu’il peut la recevoir et accepte par avance ce sacrifice suprême.

Aujourd’hui, plus qu’hier et bien moins que demain hélas, les conflits sont marqués par des violations notoires de toutes les règles et une escalade infernale se poursuit dans une inhumanité indécente.

Retour au calme, repos soldat, arme aux pieds !  Comment le mieux, le trop ne serait-il pas l’ennemi du bien, puisqu'il enlève peu à peu ce magique mystère propre à la Légion et du légionnaire qui ne meurt jamais pour rien même lors des guerres que l’on pense inutiles. Comme son Ancien dont le sacrifice suprême est oublié des gens du temps présent, il a construit à jamais la légende et la gloire de la Légion. Le légionnaire est un soldat, pas un romancier, même si l’un n’empêche pas l’autre !

Le pire pour un légionnaire, seul devant la mort, est que celle-ci ne vienne le surprendre dans son lit, vieux, malade et…nostalgique… je garde le souvenir de ce grand Ancien qui me disait : « Petit, le légionnaire romain mort dans un des combats de Rome à 25 ans, aujourd’hui s’il était mort à 100 ans quelle importance ... ainsi va la vie ! ».

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CM