Film français de Rachel Lang (1h47) avec Louis Garrel, Camille Cottin, Ina Marija Bartaité, Aleksandr Kurnetsov: voir bande d'annonce du film ci-contre sur You Tube.
Critique du film
Avis à ceux que la Légion étrangère, ou du moins l’armée, ne séduit pas comme sujet : il va falloir accepter de s’affranchir de ses à priori ou rebrousser chemin. Mon Légionnaire est avant tout le récit d’hommes et de femmes qui s’attendent ou ne se retiennent pas, des familles qui se créent ou se décomposent, de la naissance et de la mort. Réserviste lorsqu’elle n’est pas cinéaste, Rachel Lang livre ici un film particulièrement réussi et émouvant, bercé par une photographie maîtrisée et un casting sincèrement étonnant : qui aurait cru que Louis Garrel camperait si bien un rôle de militaire ?
Mon Légionnaire s’articule d’abord autour de la famille nucléaire, qu’elle soit en devenir ou qu’elle se fissure. Le film questionne le rapport aux autres quand on évolue dans la nébuleuse de la Légion Etrangère : comment concilier vie de famille et devoir du drapeau ? Dès lors, l’œuvre suit, en parallèle des soldats, la vie de ces femmes et enfants qui, comme leur mari et père, acceptent (trop ?) les sacrifices pour les accueillir à leur retour. Un récit organique et plutôt neutre, sans artifices, de ce qu’est la vie des familles de soldats de la Légion étrangère, dont on regrettera cependant qu’il soit parfois un peu trop lisse et prévisible.
Mon Légionnaire explore aussi nécessairement la secondaire (ou parfois principale) famille des soldats : la Légion étrangère. Au gré des missions, des questionnements de carrière, mais aussi de la mort qui frappe, les soldats vont se forger des liens du sang avec leurs frères, parfois à en rogner sur la vie qui les attend à leur retour, rendant certains incapables d’apprécier le quotidien hors armée. Sans jamais accentuer un quelconque voyeurisme dans l’exercice des soldats, Rachel Lang a su très bien filmer ses scènes et sa distribution.
Mon Légionnaire n’en demeure pas moins une œuvre d’autant plus intéressante profitant d’un point de vue de réalisatrice filmant l’armée, univers quasi-exclusivement masculin. Et pourtant, c’est avant tout Rachel Lang la réserviste qui semble s’exprimer, livrant un très beau film, ne faisant que confirmer le cru intéressant de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes de cette année.