Comme si la pluralité était un leurre.
Comme si l’humanité, ce n’était pas deux hommes: le dominant et le dominé.
Comme si l’un était simultanément capitaliste, raciste, sexiste, xénophobe et l’autre, la vivante antithèse de toutes ces vilaines choses…
Comme si l’action politique ne connaissait jamais d’obstacles, de problèmes ou de limites, mais seulement des adversaires ou des traitres.
Comme si la totalité du phénomène humain se réduisait au problème de l’oppression.
Comme si l’on pouvait fédérer en un seul mouvement les revendications de toutes les victimes de l’injustice.
Comme si le XXème siècle, le plus horrible de tous les temps, n’avait pas eu lieu.
On croyait que le mot “Révolution” avait emporté dans sa création le “eux et nous”, le tout ou rien, la plénitude ou la barbarie.
On prend certaines habitudes ou adoptions de réunir, pour traiter des problèmes planétaires, les responsables d’Etat les plus influents, crédités d’être le directoire ou le gouvernement mondial.
Seattle, Davos, Québec, Nice, Göteborg, Gênes, etc… autant de lieux où les maîtres de l’univers renforcent leur contrôle, autant de cibles, pour les porte-parole de la communauté humaine.
L’être divisé en deux camps redevient malléable à volonté.
Je lisais dans la presse, au lendemain du sommet de Gênes que la mondialisation de l’économie a fait naître la mondialisation d’une génération qui a soif d’égalité, de justice et qui refuse la fatalité du « chacun pour soi ». Une jeune militante ajoutait: “notre légitimité est dans notre jeunesse, avec la puissance de rêver, de souhaiter un monde meilleur.”
Je n’ai aucune envie de dire à cette jeune fille et à tous ces jeunes ivres de générosité “printanière” que, par le biais des fonds de pensions, c’est l’actionnariat “populaire” qui met les entreprises en demeure de procéder à des dégraissages où des délocalisations.
Je ne leur parlerai pas des dissensions qui mettent à mal l’unité des puissants. Non plus de relever la difficulté où sont les démocraties, de concilier le long terme avec la fièvre de consommation qui les anime. Je ne tenterai pas non plus d’attirer l’attention de cette génération “justice sociale”, sur les sujets traités lors des forums qu’elle attaque, ou sur les différences entre les organismes de la mondialisation.
Je ne leur demanderai pas pourquoi la solidarité sans frontière néglige le Tibet, la Tchétchénie, la Corée du Nord, la Chine, les Kurdes, les victimes de l’islamisme au Moyen Orient et en particulier en Lybie, en Tunisie, en Egypte, en Algérie, en Afghanistan, au Soudan, toutes ces souffrances non imputables au gouvernement américain, au vampirisme des marchés financiers.
Pas la peine d’expliquer qu’en Afrique du Sud le successeur de Mandela refuse la distribution gratuite des antirétroviraux aux malades du Sida.
Je perdrais assurément mon temps d’autant qu’aujourd’hui le Covid à placé tous ces soucis au second plan…
La jeunesse est dans son rôle d’autant qu’il faut bien reconnaître que la maturité n’est plus, pour les sociétés d’aujourd’hui, une valeur. Les jeunes n’ont vis-à-vis d’eux que des vieux. Comment trouveraient-ils la ressource de changer les choses ? L’âge des possibles n’a pas de choix. Les jeunes ne peuvent échapper à leur jeunesse, sauf à vieillir. Ils mettent, malgré tout, une prodigieuse énergie à démentir le verdict de la fin de toute histoire, mais ils n’ont pas, aussi, les moyens de permettre à l’histoire d’innover.
L’avenir leur échappe englué dans un système incontournable qui s’appelle mondialisation.
Chercher la vérité dans ce qui apparaît et non dernière les apparences.
Confronter sans relâche la fatalité. Bon courage aux jeunes et à leur désir de surplomber, une fois pour toutes, l’histoire de ce troisième millénaire… Mais bon sang, comme ne le dit pas Stéphane Hessel : s’indigner ou résister ?
Les deux mon général !
CM