Novembre : après une longue et pénible marche à pied, le 2e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger, aux ordres du colonel Louis Pein, monte en ligne à quelques kilomètres au sud-est de Reims dans le secteur de Prunay. La vie monotone des tranchées commence, coupée par une alerte ou une attaque.
Décembre : le premier engagement du bois des Zouaves permet au 2e R.M. du 1er R.E. d’avancer ses lignes et gagner du terrain.
Novembre : Le 3e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger, aux ordres du colonel Thiébault, gagne le front de la Somme, à pied, par étapes qui paraissent longues. Pendant deux mois, les légionnaires vont tenir le secteur de Frise où les volontaires étrangers vont montrer leurs vrais visages. Les citadins se muent, presque du jour au lendemain, en combattants familiers aux boues et aux tranchées déjà légendaires de la Somme.
Le 10 décembre, le 2e bataillon du 3e R.M. du 1er R.E. a l’occasion de combattre en première ligne entre Cappy et l’Eclusier. Eprouvés par les combats et des évacuations consécutives à la fatigue et au froid, les effectifs baissent sensiblement. Les partants sont remplacés par des légionnaires venus d’Afrique.
10 décembre : les trois Bataillons du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger aux ordres du colonel Giuseppe Garibaldi, ayant comme adjoint le commandant de Duplaa de Parot, se rejoignent au camp de Mailly : deux bataillons viennent de Montélimar, et un de Nîmes. Ils sont exclusivement composés d’Italiens. L’effectif du Régiment est de 57 officiers, 2194 sous-officiers et légionnaires, et 184 chevaux et mulets. A son arrivée au camp de Mailly, le Régiment a été placé sous l’autorité du Général De Torcy, commandant la 20e Région, et le Haut Commandement du généralissime Joseph Joffre.
Du 10 au 16 décembre, le Régiment séjourne au camp de Mailly.
Puis le Régiment cantonne à la Pierre Croisée, où il essuie un bombardement intermittent, mais il ne subit pas de pertes.
25 décembre : le Régiment est dans la région de Viennes le Château dans la Marne. Au soir, il reçoit l’ordre de se porter dans la nuit pour être prêt, à la pointe du jour, d’attaquer les tranchées allemandes du plateau de Bolante. Le Régiment va livrer son premier combat.
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A quatre heures du matin, conduit par des guides, le Régiment se porte jusqu’à l’abri dit ‘’de l’étoile’’ où il se forme en colonne de régiment, en ligne de section par 4, suivant les ordres reçus.
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Pendant ces opérations, deux salves de canon de 175 m/m, destinés à l’ennemi, tombent sur cette formation et tuent le lieutenant Gregorio Trombetta de la 1ère compagnie, ainsi que quatre hommes, et en blessent plusieurs.
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Des guides sont donnés aux colonnes dans l’obscurité. Aucun officier du régiment, pas même le Chef de Corps, n’ayant eu la possibilité de procéder à la moindre reconnaissance, la situation réelle ne leur est connue que d’une façon extrêmement vague, d’après des croquis approximatifs et des données verbales essentiellement imprécises. Par suite, le régiment est obligé de se laisser conduire les yeux fermés par les guides qu’on lui a donnés et qui sont de simples soldats. Au bout de 150 mètres, ces guides sont perdus.
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Le 1er bataillon, primitivement à droite, se porte à gauche, traversant le 2ème bataillon et se mélangeant à lui sur un espace de 120 mètres.
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Le 3ème bataillon, sans guides, destiné à former la réserve, se trouve à la pointe du jour, à quelques mètres derrière le 2ème bataillon.
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Les essais infructueux des officiers pour remettre de l’ordre par suite de l’obscurité, font perdre beaucoup de temps, et accentuent le désordre, occasionnant beaucoup de bruits.
26 décembre : le combat du Bois de Bollante à Varennes-sur-Argonne.
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Il est 06 heures 30 ; l’attaque est forcément attendue depuis longtemps par l’ennemi prévenu dans ses tranchées .Tandis que le Chef de Corps s’efforce de rétablir l’ordre avant d’exécuter l’attaque, qu’il a reçu en mission, l’ordre lui parvient par un officier d’ordonnance d’attaquer immédiatement.
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Vers 8 heures, le colonel Giuseppe Garibaldi fait sonner la charge par les tambours et les clairons placés avec la réserve à 70 mètres des tranchées allemandes.
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Les 1er et 2ème bataillons, conduits par leurs officiers avec une bravoure au- dessus de tout éloge, franchissent les tranchées françaises, s’élancent sur les positions allemandes et se jettent au cri « à la baïonnette » sur les tranchées allemandes.
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Malgré la vigueur et la soudaineté de cette attaque, les têtes de colonnes sont anéanties après quelques mètres de course. Celles du 1er bataillon se heurtent à des réseaux de fil barbelés, sous la mitraille à bout portant ; les vagues successives se heurtent également aux réseaux de barbelés qu’une préparation d’artillerie insuffisante a à peine entamés. Et c’est le massacre : 30 hommes gisent dans les barbelés dont trois officiers, le lieutenant Bruno Garibaldi, et les sous-lieutenants Pasquale Roberto et Paul Muracciole.
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Malgré la charge qui continue à sonner, les survivants des têtes de colonnes se rejettent en arrière dans la tranchée française. 112 blessés se traînent péniblement vers l’arrière.
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L’ennemi n’essaye pas de contre attaquer, et le régiment peut être rassemblé en arrière.
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Les pertes du régiment au cours de cette attaque qui dura en tout de 7 à 8 minutes furent considérables :4 officiers, 5 sous-officiers, 1 caporal et 20 légionnaires tués. De plus, 5 officiers, 15 sous-officiers, 11 caporaux et 82 légionnaires blessés. (17 sont décédés des suites de leurs blessures). Enfin, 1 sous-officier, 3 caporaux et 14 légionnaires disparus.
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Le total des pertes s’élève donc à 161 hommes hors de combat, dont 65 tués ou disparus.
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Les corps des officiers tués ne peuvent être enlevés que dans la nuit du 27 au 28 au moyen de boyaux souterrains. Tous les autres tués ou disparus sont restés près des tranchées allemandes.
Major Hubert Midy & Jean Balazuc P.P.P.
Garibaldi Bruno, né le 23.03.1889 en Italie,frère du colonel ; lieutenant au 4e Régiment de Marche du 1er Régiment étranger ; tué à l’assaut du bois de Ballante à Lachalade en Argonne dans la Meuse, le 26.12.1914.
Garibaldi Giuseppe dit Peppino, né le 29.07.1879 à Melbourne en Italie ;lieutenant-colonel, engagé E.V.D.G., chef de corps du 4e Régiment de marche du 1er Régiment étranger, formé au camp de Mailly avec des volontaires italiens de septembre au 9 novembre 1914 jusqu’à sa dissolution le 5 mars 1915.Il combat pendant la Première Guerre mondiale sous les couleurs de la France. Il rejoint ensuite l’armée italienne et se bat là encore avec courage et honneur, il revient combattre en France en 1918 dans le 2e corps de l'armée italienne du général Albricci qui se bat entre Soissons et Reims, ce qui lui vaut d’être promu général de brigade en juin 1918 avant de quitter l’armée en juin suivant. Décédé le 19.05.1950 à Rome en Italie.
Muracciole Paul Jacob, né le 05.03.1890 en Haute-Corse ; sous-lieutenant au 4e R.M. du 1er R.E. ; tué le 26.12.1914 lors de l’attaque du Bois de Bollante à Varennes sur Argonne dans la Meuse.
Pein Louis Auguste Théodore, né le 30.06.1867 ; saint-cyrien de la promotion Tombouctou 1887-1889 ;capitaine ; chef de l’escorte de la mission scientifique géologique du professeur Flamand de l’Ecole supérieure des Sciences d’Alger ; le 29.12.1899, il hisse les trois couleurs sur la Kasbah d’In-Salah, après avoir repoussé une attaque des Ksouriens ; chef de corps du 2e Régiment de Marche du 1er Etranger en 1914-1915 ; commandant la 1ère brigade de la division marocaine en 1915 ; il dirige l’assaut de son ancien régiment sur les ‘’Ouvrages Blancs’’ le 9 mai 1915 ; décédé des suites de sa blessure le 10 mai 1915 à Arcq dans le Pas de Calais.
Roberto Pasquale, né le 22.03.1888 en Italie ; sous-lieutenant au 4e R.M. du 1er R.E. ; tué le 26.12.1914 lors de l’attaque du Bois de Bollante à Varennes sur Argonne dans la Meuse.
Thiébault, colonel de gendarmerie, chef de corps du 3e Régiment de Marche du 1er Etranger du 7 septembre 1914 au 6 juillet 1915.
Trombetta Gregorio, né le 16.11.1887 en Italie ; lieutenant au 4e R .M. du 1er R.E. ;tué par un obus français le 26.12.1914 lors de l’attaque du Bois de Bollante à Varennes sur Argonne dans la Meuse.
Sources principales :
Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production – 1986
Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Editions du Fer à marquer - 1988
Campagne de France contre l’Allemane par les Légionnaires, du major Hubert Midy
J.M.O. du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger.
Histoire de la Légion Etrangère 1831-1981 de Georges Blond – Plon – 1981.
Site Mémoire des Hommes du S.G.A.
Site du Mémorial de Puyloubier.