Monument des Garibaldi à Lachalade dans la Meuse.
4 janvier : le 4e Régiment de Marche du 1er Etranger, aux ordres du colonel Giuseppe Garibaldi, reçoit l’ordre de se rendre à La Harazée dans la Marne pour faire dans la matinée une fausse attaque avec un bataillon, tandis que les deux autres bataillons, le 1er et le 3e, doivent opérer violemment sur Courtes-Chausses et Fille morte.
-
Le 2e bataillon, commandé par le capitaine Casabianca, quitte Le Claon dans la Meuse à 9 heures et se dirige sur Florent, Vienne-le-Château et Vienne-la-Ville, trois communes de la Marne, pour se rendre sur le point de concentration à La Harazée, où il arrive à 16 h 30, et y cantonne pour quelques heures de repos. Puis il se remet en marche à 2 h 30 pour se diriger vers les tranchées du Four de Paris qu’il occupe aussitôt.
5 janvier : l’ordre d’attaque prévu pour 6 h 30 n’est parvenu qu’à 7 h 20 au 2e bataillon. Néanmoins, l’Artillerie dés 5 h 30 a bombardé fortement cette partie du Front. Aussitôt l’ordre d’attaque parvenu, toutes les compagnies du 2e bataillon s’élancent hors des tranchées. Le front ennemi est dans une situation nettement supérieure : il possède des tranchées élevées et fortifiées et cinq mitrailleuses en assurent la défense par un tir en hémicycle. Au vu de cette situation, le chef de bataillon donne l’ordre de rentrer dans les tranchées, ce qui est très difficile, car le tir ennemi cloue les hommes au sol. Le bataillon se reforme dans les tranchées, prêt à l’attaque, lorsqu’il reçoit l’ordre de se retirer et de revenir à sa base, Le Claon.
-
Pendant cette fausse attaque, les deux autres bataillons, sous le commandement du colonel Giuseppe Garibaldi, quittent le bivouac à 2 heures pour se rendre à Lachalade dans la Meuse, d’où ils rejoignent les points d’attaque, et se placent dans les tranchées désignées.
-
Les combats de Courtes-Chausses.
-
A 6 h 40, le colonel Valdant, commandant la 20ème Brigade, donne le signal d’attaque qui a été précédé d’un violent tir d’Artillerie, battant les lignes allemandes. L’attaque est mieux préparée que celle du 26 décembre 1914. Au signal donné par une fusée, les compagnies s’élancèrent hors des tranchées avec une telle vigueur que dès le début de l’action, au cours de l’assaut, les légionnaires enlèvent trois lignes de tranchées ennemies et franchit le ravin des Courtes-Chausses d’un seul élan. C’est une victoire chèrement acquise car les pertes sont lourdes ; l’ennemi doit se replier. L’explosion des mines ennemies cause en effet beaucoup de pertes à nos troupes : des hommes sont projetés en l’air. Toutefois, le colonel Garibaldi, au vu des pertes, demande du renfort.
-
L’ennemi s’étant repris, il contre-attaque, et, devant les nombreuses pertes, dont le chef de bataillon Daniel Latapie, les bataillons du colonel Garibaldi doivent se replier. Le régiment a quand même fait 114 prisonniers et il a saisi une mitrailleuse.
-
Les corps des officiers tués ou blessés sont tous ramenés dans les tranchées. Quelques sous-officiers et légionnaires blessés, tombés dans les tranchées allemandes, ont probablement été faits prisonniers. Le régiment ensuite rejoint son cantonnement à sa base du Claon, où il est mis en réserve.
-
Au cours de ces combats du 5 janvier, les pertes du 4e Régiment de Marche du 1er Etranger sont de 48 morts, 80 disparus et 172 blessés.Parmi les morts, le lieutenant Lamberto Duranti, les sous-lieutenants Alessandro Lurgo et Fausto Zonaro, et le second frère du colonel Garibaldi, l’adjudant-chef Costante Garibaldi, qui donne sa vie pour la France.
7 janvier, les cérémonies funèbres qui ont lieu à Rome en l’honneur de Bruno Garibaldi, mort le 26.12.1914 sous le drapeau français en Argonne, provoquent des démonstrations de fraternité franco-italiennes très significatives.
8 janvier : le 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger participe à de violents combats dans le ravin des Meurissons, au nord-est de Soissons, qui marquent le début de la bataille de Crouy ; les Français lancent une attaque sur les positions allemandes dominant Crouy afin de les dégager du plateau et de prendre position sur la route menant à Laon. Le 1er bataillon combat dans le ravin des Meurissons et subit de lourdes pertes ; le 2e bataillon contre-attaque sur la cote 285 ; le 3e bataillon combat à la Pierre Croisée. Mais l'assaut échoue malgré l'utilisation d'armes nouvelles destinées à détruire les rangées de barbelés (chariots porteurs de bombes et tringles porteuses de pétards). Par une contre-attaque allemande lancée le 12, le peu de terrain gagné est perdu et les troupes françaises sont rejetées au sud de l'Aisne, devant Soissons. La bataille de Crouy se termine le 14 janvier.
A partir du 8 janvier, il n’existe de plus de récits de combats dans les archives du J.M.O. du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger.
13 janvier, les cérémonies funèbres qui ont lieu à Rome en l’honneur de Costante Garibaldi, mort le 05.01.1915 sous le drapeau français dans la Meuse, se déroulent parmi un grand concours de population.
Au cours des trois attaques auxquelles a participé le 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger, les pertes sont les suivantes :
-
Combats du bois de Bolante les 25 et 26.12.1914 : 30 morts, 17 disparus et 111 blessés.
-
Combats de Courtes-Chausses le 05.01.1915 : 48 morts, 80 disparus et 172 blessés.
-
Combats du ravin des Meurissons à Crouy les 08 et 09.01.1915 : 15 morts, 42 disparus et 54 blessés.
Soit au total : 93 morts, 136 disparus et 337 blessés.
Le 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger est envoyé au repos.
5 mars 1915 : le 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger est dissous. Avec l’entrée en guerre de l’Italie, les légionnaires italiens doivent rejoindre l’armée italienne.
Major Hubert Midy & Jean Balazuc P.P.P.
Duranti Lamberto, né le 21.01.1890 en Italie ; lieutenant au 4e Régiment de Marche du 1er Etranger ; tué le 05.01.1915 au Four de Paris en Argonne.
Garibaldi Bruno, né le 23.03.1889 en Italie,frère du colonel ; lieutenant à la 11e compagnie du 3e bataillon du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment étranger ; tué à l’assaut du bois de Bollante à Lachalade en Argonne dans la Meuse, le 26.12.1914.
Garibaldi Costante, né à Rome le 18.01.1892 ; adjudant-chef à la 10e compagnie du 3e bataillon du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; frère du colonel ; mort pour la France le 05.01.1915 à Courtes-Chausses dans la Meuse.
Garibaldi Ezio, né le 02.01.1894 à Riofredo en Italie, combattant avec ses frères en Argonne avec le 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger, puis dans les Alpes ; sous-lieutenant au 51e R.I. de l’armée italienne le 08.07.1915 ; grièvement blessé ; il est proche du fascisme jusqu’en 1940. Décédé à Rome le 16.09.1969.
Garibaldi Giuseppe dit Peppino, né le 29.07.1879 à Melbourne en Italie ;lieutenant-colonel, engagé E.V.D.G., chef de corps du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger, formé au camp de Mailly avec des volontaires italiens de septembre au 9 novembre 1914 jusqu’à sa dissolution le 5 mars 1915 ;chevalier de la Légion d’Honneur le 20.01.1915. Il combat pendant la Première Guerre mondiale sous les couleurs de la France. Il rejoint ensuite l’armée italienne et se bat là encore avec courage et honneur, il revient combattre en France en 1918 dans le 2e corps de l'armée italienne du général Albricci qui se bat entre Soissons et Reims, ce qui lui vaut d’être promu général de brigade en juin 1918 avant de quitter l’armée en juin suivant. Décédé le 19.05.1950 à Rome en Italie.
Garibaldi Ricciotti, né à Montevideo en Uruguay le 24.02.1847, de Giuseppe Garibaldi et Anita Garibaldi, il passe son enfance entre Nice, Caprera et l’Angleterre. Quatrième fils du « héros des deux mondes », il est appelé ainsi en mémoire de Nicola Ricciotti, patriote fusillé par les Bourbons au cours de l’expédition des frères Bandiera. Il participe à la bataille de Bezzecca en 1866 et à celle de Mentana auprès de son père en 1867. Lors de la guerre franco prussienne en 1870, il rejoint avec son père la France pour la défendre dans les Vosges. Le 19.11.1870, à la tête d’un corps de 800 francs-tireurs il attaque les Prussiens à Châtillon-sur-Seine, qu’il occupe ensuite. Il commande, en tant que Major, la 4e brigade des volontaires garibaldiens qui capturent à Dijon le drapeau du 61e régiment allemand de Poméranie, l’unique drapeau prussien perdu pendant cette guerre qui se termine par la défaite de la France. Il finit colonel et est licencié le 16 mars 1871. Il épouse une Anglaise, Constance Hopcraft, avec qui il réalise de mauvaises affaires commerciales en Amérique et en Australie. Il est député italien de 1887 à 1890. En 1897, il est à Domokos lors de la guerre gréco-ottomane où les Garibaldiens se sacrifient, laissant sur le champ de bataille le député républicain Antonio Fratti pour couvrir la retraite de l’armée grecque. En 1912, lors de la Première Guerre balkanique, il est à la bataille du mont Driskos où il commande un corps de chemises rouges qui combat pour enlever Ioannina à l’Empire ottoman. Son état de santé et son âge avancé ne lui permettent pas de participer à la Première Guerre mondiale mais six de ses fils s’engagent dans la Légion Etrangère. Il s’oppose à l’avènement du fascisme. Mort à Rome le 17.07.1924. Il a treize enfants de Constance Hopcraft :
-
Giuseppe (Australie 1875 – Australie 1875),
-
Costance Rosa (Australie 19.04.1876 – Rome 04.04.1958),
-
Annita Italia (Brighton Australie 20.07.1878 - Rome 07.03.1962),
-
Giuseppe dit Peppino (Melbourne 29.07.1879 – Rome 19.05.1950),
-
Irene Teresa (Australie 17.10.1880 – 13.12.1880),
-
Ricciotti Jr (Rome 24.11.1881 - Rome 14.09.1951),
-
Menotti (Rome 18.05.1884- Sri Lanka 16.04.1934),
-
Sante (Rome 16.10.1885 - Bordeaux 04.07.1946),
-
Arnaldo (Rome 13.07.1887 – Rome 01.07.1888),
-
Bruno (Rome 19.01.1889 – mort pour la France en Argonne le 26.12.1914),
-
Costante (Rome 19.08.1890 – mort pour la France en Argonne le 05.01.1915),
-
Ezio (Rome 02.01.1894 - Rome 16.09.1969),
-
Giuseppina Josepha (Rome 26.05.1895 – Oklahoma 19.07.1971).
Garibaldi Ricciotti Jr, né à Rome le 21.11.1881 ; capitaine à l’état-major du 4e Régiment de Marche du 1er Etranger ; il participe aux combats en Argonne ; chevalier de la Légion d’Honneur le 20.01.1915 ; lieutenant au 51e R.I. de l’armée italienne le 18.07.1915 ; il finit la guerre comme chef de bataillon ; il est parmi les partisans de la Vénétie julienne ; décédé à Rome le 14.09.1951.
Garibaldi Sante, né le 16.10.1885 à Rome ; E.V.D.G., lieutenant à la 6e compagnie du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; promu capitaine (T.E.) le 24.01.1915 ; lieutenant au 51e R.I. de l’armée italienne le 08.07.1915. Il finit la guerre comme chef de bataillon. Antifasciste. Il fait de la résistance en France et il meurt à Bordeaux à son retour de déportation le 04.07.1946.
Guillot, officier de la Légion Etrangère, tué au combat le 05.01.1915.
Latapie Daniel Maximilien, né le 21.10.1865 à Paris dans la Seine ; chef de bataillon au 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; tué le 05.01.2015 à Courtes-Chausses dans la Meuse.
Lurgo Alessandro, né le 24.03.1877 en Italie ; sous-lieutenant à la 12e compagnie du 3e bataillon du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; tué le 05.01.2015 à Courtes-Chausses dans la Meuse.
Muracciole Paul Jacob, né le 05.03.1890 en Haute-Corse ; sous-lieutenant au 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; tué le 26.12.1914 lors de l’attaque du Bois de Bollante à Varennes sur Argonne dans la Meuse.
Ponticelli Lazare, né le 24.12.1897 à Bettola en Italie ; dès le début de la Première Guerre mondiale, en trichant sur son âge, il s'engage dans le 4e régiment de marche du 1er Régiment Etranger. Avec l'un de ses frères, Céleste, il est envoyé sur le front à Soissons. Il participe aux combats dans l'Argonne. En mai 1915, il se trouve près de Verdun, lorsqu'il est démobilisé. En effet, avec l'entrée en guerre de l'Italie, il doit rejoindre l'armée italienne. Refusant de quitter l'uniforme français, c'est accompagné de deux gendarmes qu'il est amené à Turin. Il est enrôlé dans le 3e régiment de chasseurs alpins, les Alpini, et combat les Autrichiens dans les Dolomites. A Monte Cucco, chargé d'une mitrailleuse, il est blessé sérieusement à la joue par un éclat d'obus lors d'une sanglante offensive italienne contre les positions ennemies. Il retourne au front en 1918 à Monte Grappa, lors de la bataille décisive de Vittorio Veneto où il est confronté aux attaques au gaz. Démobilisé et de retour en France en 1920, il fonde avec ses deux frères, Céleste et Bonfils, Ponticelli Frères, une société de fumisterie. Cette entreprise devient une petite multinationale assez connue dans le domaine de la construction et de la maintenance industrielle, principalement dans le pétrole, le gaz et le nucléaire. Décédé le 12.03.2008 au Kremlin-Bicêtre, il est officiellement le dernier vétéran français de la Première Guerre mondiale ; Lazare Ponticelli reçoit des obsèques nationales aux Invalides le 17 mars 2008 ; les honneurs militaires lui sont rendus dans la cour d'honneur par la Légion étrangère et un détachement d'Alpini, les chasseurs alpins italiens.
de Raucourt, officier de la Légion Etrangère, tué au combat le 05.01.1915.
Roberto Pasquale, né le 22.03.1888 en Italie ; sous-lieutenant à la 4e compagnie du 1erbataillon du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger ; tué le 26.12.1914 lors de l’attaque du Bois de Bollante à Varennes sur Argonne dans la Meuse.
Valdant Henri Charles, né le 28 décembre 1860 ; colonel, chef de corps du 55e R.I. en août 1914 ; du 6 au 11 septembre 1914, le 55e R.I. se distingue lors du coup d’arrêt des troupes allemandes dans la Haute-Marne, dans la région de Saint-Dizier ; commandant la 20e brigade d’infanterie en janvier 1915 lors des combats dans l’Argonne ; général , commandant la 10e D.I. en juin 1916 ; héros de la Grande Guerre ; Commandeur de la Légion d’Honneur. Le général de division Valdant est une figure marquante du scoutisme provençal. Il fait partie de ces officiers supérieurs qui formèrent une large part des premiers cadres des Scouts de France. Le général de division Valdant est nommé avec l'abbé Joyeux à la tête de la troupe d'Aix dès avril 1921. Puis il est choisi comme premier Commissaire Scout de la Province de Provence à sa création en juillet 1922, poste qu'il occupera jusqu'à son décès. En 1928, il est nommé Commissaire Scout de la Province de Tunisie. Il est alors commissaire de deux provinces. Décédé en 1939.
Zonaro Fausto, né le 09.09.1891 en Turquie ; sous-lieutenant au 4e Régiment de Marche du 1er Etranger ; tué le 05.01.2015 à Courtes-Chausses dans la Meuse.
Quelques officiers du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger :
-
Chef de bataillon Du Plaat de Garat, commandant en second du Régiment.
-
Capitaine Casabianca, commandant le 2e bataillon.
-
Capitaine C. Marabini.
-
Lieutenant Ernesto Butta (1er bataillon).
-
Docteur Alessandro Mari (2e bataillon).
-
Sous-lieutenant Umberto Cristini, 1er bataillon, puis chef de la section de mitrailleuses du 2e bataillon.
-
Sous-lieutenant Fausto Zennaro, 2e compagnie du 1er bataillon).
-
Adjudant Pératti (6e compagnie du 2e bataillon).
Sources principales :
Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production – 1986
Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Editions du Fer à marquer - 1988
Campagne de France contre l’Allemane par les Légionnaires, du major Hubert Midy
J.M.O. du 4e Régiment de Marche du 1er Régiment Etranger.
Wikipédia.
Site Mémoire des Hommes du S.G.A.
Site du Mémorial de Puyloubier.